L’obtention de l’appellation "musée de France" est une juste reconnaissance de la place de Vasarely dans l’histoire de l’art et de l’engagement de ses héritiers pour défendre le projet de l’artiste. Elle permet symboliquement de montrer que les années 2019-2020 constituent un tournant dans l’histoire de la Fondation. Elle confirme le retour sur la scène culturelle de la Fondation et lui ouvre de nouvelles perspectives de partenariats en France et à l’étranger.
Une demande d'appellation
L'évolution de la Fondation vers le statut de « musée de France » est une étape envisagée par la DRAC PACA, depuis le début du redressement de la Fondation en 2009. C’est dans cette ligne que le service des musées, avec les conseillers qui se sont succédé depuis, soutient et accompagne les activités de la Fondation (inventaire, récolement, numérisation des fonds, médiation) parallèlement au processus conduit par la Conservation régionale des monuments historiques.
Comme l’exprime le projet scientifique et culturel, la demande d’appellation musée de France en 2020 pour le Centre architectonique d’Aix-en-Provence s’inscrit dans une dynamique (celle de la restauration du bâtiment-œuvre, de la reconstitution des collections, du redressement de la Fondation Vasarely) et répond à une double volonté : respecter le projet des fondateurs en disposant des moyens pour le mettre en œuvre et protéger la collection en la rendant inaliénable, imprescriptible et incessible.
La collection demandant l’appellation musée de France ne concerne que les œuvres inaliénables (tronquées d’une partie) données initialement au Centre architectonique et qui représentent l’aboutissement de la démarche artistique de Victor Vasarely soit 385 entrées décomposés ainsi :
- 315 études présentoirs,
- 28 études diverses,
- 6 œuvres grand format 2m x 2m,
- 36 éléments divers (maquettes, multiples, objets, affiches, etc.).
Présentation de la Fondation Vasarely
Győző Vásárhelyi, dit Victor Vasarely (Pécs, Hongrie, 9 avril 1906 - Paris 15 mars 1997), élève au Mühely de Budapest dans les années 1920, installé à Paris dans les années 1930, crée l’essentiel de son œuvre en France. Naturalisé français en 1961, il est reconnu comme étant le père de l'art optique (Op art). Après avoir inventé un langage plastique singulier qui devient la base de ses œuvres, il veut donner « à voir » au plus grand nombre sa théorie de l’alphabet plastique sur divers supports et prouver l’utilité de l’art pour tous dans la continuité des idées du Bauhaus.
Il décide en 1966 de créer, avec son épouse Claire Vasarely, une fondation privée à but non lucratif qui porte son nom, sur ses propres deniers : la Fondation Vasarely.
Cette première fondation monographique est un exemple unique où un artiste est son propre mécène. A l’origine, elle est composée de deux volets complémentaires et distincts : le musée didactique installé dans le château de Gordes-Vaucluse (qu’il restaure) et le Centre architectonique d’Aix-en-Provence (qu’il conçoit et fait construire). Le premier, inauguré le 5 juin 1970, présente le parcours artistique du plasticien et son œuvre peint, le second inauguré, le 14 février 1976, est destiné à promouvoir son œuvre architecturé et à réaliser la « Cité polychrome du bonheur » ; le premier est la démonstration, le second la conclusion. Cette fondation a été reconnue d’utilité publique par décret en Conseil d’Etat le 27 septembre 1971.
Après avoir suscité un fort intérêt, lié à la place des travaux de Victor Vasarely dans la production artistique des années 1970, la Fondation connaît une période de tourmente dans les années 1990-2000, émaillée par des conflits familiaux et des problèmes au sein même de ses instances.
Cependant, depuis 2009, ces difficultés qui ont pu faire craindre pour l’avenir et la survie de la Fondation ont été surmontées, tant du fait de jugements successifs rendus en faveur de la Fondation que grâce aux efforts des administrateurs, de l’ensemble des collectivités territoriales (Région, Département, Ville d’Aix-en-Provence), de l’Etat et à la ténacité et l’engagement de son président, Pierre Vasarely, unique petit-fils et légataire universel de Victor Vasarely .
Aujourd’hui, grâce à une gestion vertueuse lui assurant l’équilibre financier et à de nombreux efforts pour reconstituer une collection mise à mal, la Fondation Vasarely a réussi à surmonter ces incertitudes et à bâtir un projet d’envergure.
Le Centre architectonique d’Aix-en-Provence : un bâtiment-œuvre, premier élément de la collection
Le Centre architectonique d’Aix-en-Provence est installé dans un bâtiment-œuvre caractéristique du travail de Victor Vasarely qui en est le concepteur. Point d’aboutissement de près de soixante ans de recherches plastiques, il porte aussi la marque de l’innovation et de l’architecture des années 1970.
Victor Vasarely a écrit que, pour installer un lieu de diffusion de son art, il cherchait un endroit où il serait possible d’avoir à proximité des références au passé. Après avoir longuement hésité entre Gordes (où il avait déjà installé son musée didactique), Cabrières d’Avignon, les pinèdes du pôle universitaire de Marseille-Luminy et d’autres lieux, son choix se fixe sur Aix-en-Provence, alors en pleine expansion et dont le maire, Félix Ciccolini, propose de lui céder les terrains nécessaires à la réalisation de son projet.
Victor Vasarely accepte la proposition de la municipalité d’Aix-en-Provence qui, après délibération des 30 mars 1973 et 9 juillet 1974, cède à la Fondation les terrains sur lesquels elle édifie ses bâtiments (près de 5 000 m² de surface) entouré d’un parc de trois hectares. La zone retenue est celle du Jas de Bouffan où Cezanne a vécu et peint et où se développe une Zone d’Aménagement Concerté. L’emplacement fait sens : référence au passé, terrain d’expérimentation pour réaliser une utopie sociale, accessibilité.
L’ensemble composé d’une série de sept hexagones inscrits dans un rectangle de 87 mètres de long sur 40 mètres de large a été voulu par Victor Vasarely comme un manifeste de l’intégration de l’œuvre d’art dans l’architecture, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Le parcours intérieur propose, à l’origine en 1976, un résumé de l’œuvre de Victor Vasarely dans le domaine de l’art optique, à travers 44 œuvres monumentales, les Intégrations monumentales, qui sont autant d’expérimentations dans les domaines des matières et des techniques. Le reste est constitué, d’une salle de conférence–auditorium, d’une bibliothèque, de réserves. A l’étage, Vasarely avait installé des bureaux et des ateliers pour qu’y soient réalisées de nouvelles recherches ou conçues de nouvelles intégrations. Les travaux de construction de la Fondation ont lieu en 1974 pour le bâtiment et en 1975 pour les Intégrations monumentales. Ce sont les architectes des monuments historiques Jean Sonnier et Dominique Ronsseray qui sont chargés par Victor Vasarely de réaliser le projet.
Le rôle des services de l’Etat : l’importance de la protection du patrimoine
Le service des Monuments Historiques
En 2003, l’inscription de l’édifice à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques et le lancement de travaux de restauration, financés par l’État (ministère de la Culture) la Ville d’Aix-en-Provence et la Région ont permis de sauver in extremis l’œuvre bâtie ainsi que les Intégrations monumentales. En 2009, la volonté de Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture et de la Communication, et l’implication des services de la Direction régionale des affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur (Conservation régionale des monuments historiques dans un premier temps, service des musées ensuite) sont à noter. Intégré au Plan musées en régions 2011-2013, le bâtiment-œuvre et le parc sont classés à l’unanimité au titre des monuments historiques le 25 novembre 2013, confirmant l’intérêt exceptionnel, tant historique qu’artistique de l’ensemble architectural de la Fondation Vasarely.
Dès 2011 le programme de restauration du clos et couvert se met en place avec notamment la restauration des verrières zénithales et panneaux œuvres de façade en aluminium anodisé. Les œuvres de l’Alvéoles 4 étroitement liées aux panneaux de façades sont également restaurées en 2017. En 2019, les travaux de restauration du bâtiment et du parc sont achevés ce qui permet de poursuivre un programme de restauration des œuvres dont les Intégrations monumentales, la sculpture Zolnay, ainsi que l’ensemble des présentoirs mécanisés.
Les aides destinées à la restauration de la Fondation Vasarely versées par la conservation régionale des monuments historiques de la DRAC PACA de 2011 à 2020 s’élèvent à 2 141 480 €.
Le service des Musées
En 2020, la transmission d’un projet scientifique et culturel (PSC) finalisé de la Fondation à la DRAC PACA lance la dynamique pour la demande d’appellation. Ecrit à plusieurs mains, son élaboration a été accompagnée durant plusieurs années par les conseillers pour les musées de la DRAC PACA. Le PSC de la fondation est un document de 105 pages organisé classiquement en deux parties : état des lieux et projet. Il est accompagné de 352 pages d’annexes. Toutes les rubriques attendues par un PSC sont abordées.
Depuis des années, le service des musées soutient les activités de la Fondation dans la perspective de ce passage vers le statut de musée de France (inventaire, récolement, numérisation des fonds, aménagement des réserves, médiation). Les aides destinées au fonctionnement de la Fondation versées par le service des Musées de la DRAC PACA de 2012 à 2020 s’élèvent à 337 500 €.
Subventions au titre des musées | 2012 à 2020 |
Programme Patrimoines | 213 000 € |
Programme transmission des savoirs et démocratisation de la culture | 121 500 € |
PNV Programme national de Numérisation et de Valorisation des contenus culturels (en 2020 uniquement) | 3 000 € |
TOTAL | 337 500 € |
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