Seul le prononcé fait foi
Madame la Préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, chère Fabienne BUCCIO,
Monsieur le Directeur régional des Affaires culturelles par intérim, cher Simon QUETEL,
Madame la Vice-Présidente à la Métropole de Lyon en charge de l'éducation et des collèges, chère Véronique MOREIRA,
Monsieur le Maire de Villeurbanne, cher Cédric VAN STYVENDAEL,
Madame la Directrice du Pôle Pixel, chère Géraldine FARAGE,
Madame la Directrice adjointe du Théâtre national Populaire, chère Florence GUINARD,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse d’être aujourd’hui parmi vous, dans ce lieu si emblématique qu’est le Théâtre national populaire de Villeurbanne.
Le TNP, ce n’est pas un théâtre comme les autres. Il fait partie de ces lieux qui ont changé durablement la manière dont on conçoit la culture dans notre pays.
Depuis son implantation à Villeurbanne en 1972, il incarne l’esprit même de la décentralisation culturelle : cette idée simple mais essentielle que la culture n’appartient pas à quelques-uns, mais qu’elle doit être partagée par tous.
Le TNP, c’est une aventure, nourrie par des figures qui ont marqué l’histoire du théâtre français. Je pense à Jean Vilar, bien sûr, mais aussi Patrice Chéreau, Georges Lavaudant et Roger Planchon, qui l’a dirigé pendant plus de quarante ans.
Avec lui, Villeurbanne est devenue la capitale du théâtre populaire, un lieu proche des habitants sans jamais renier l’exigence artistique.
Roger Planchon a aussi été un pionnier, en fondant le Studio 24, ancêtre du Pôle Pixel, préfigurant déjà le dialogue entre spectacle vivant et image que nous évoquerons tout à l’heure.
Oui, ici, à Villeurbanne, la culture est un bien commun.
Elle irrigue la ville, elle s’invite dans les quartiers, elle parle à toutes les générations. C’est ce qui en fait un territoire à part, où la création, l’éducation artistique et la participation citoyenne se conjuguent chaque jour.
C’est dans cet esprit que nous signons aujourd’hui le contrat de territoire pour la culture entre la Ville de Villeurbanne, la Métropole de Lyon et le Ministère de la Culture.
Cet engagement s’inscrit dans une dynamique nationale que j’ai impulsée pour redire que la culture est un choix. J’ai ainsi signé des contrats de territoire pour la culture avec des collectivités qui font ce choix que ce soit l’Assemblée des Départements de France, des régions ou des villes. Pour moi la culture, c’est vital et ce ministère de la culture est un ministère régalien. C’est pourquoi, face à la fragilité du secteur et aux efforts budgétaires, il nous faut toujours réaffirmer ce choix, ce droit à la culture.
Je veux d’ailleurs saluer ici le rôle essentiel des communes, ces acteurs de terrain qui portent, souvent depuis des décennies, une politique culturelle exigeante et généreuse.
Concrètement, le contrat que nous signons ce jour marque une nouvelle étape dans notre coopération. Il va permettre de renforcer l’écosystème culturel villeurbannais et d’encourager la collaboration entre institutions, artistes et habitants.
Il repose sur plusieurs priorités dont le soutien à la création artistique afin de garantir la diversité et la vitalité des projets. Vous connaissez mon engagement en la matière : j’ai fait en sorte en 2024 et en 2025 qu’aucun euro ne manque pour la création artistique sur les territoires.
Cela passe notamment, et concrètement, par davantage de coopérations entre les institutions culturelles, dans l’esprit du plan national « Mieux Produire Mieux Diffuser ». C’est par ces collaborations que nous pouvons répondre à l’impératif de transformer les modèles de la création artistique et que des œuvres soient partagées avec le plus grand nombre.
Cela passe aussi par des résidences de création et de médiation dans les écoles, les centres sociaux, les lieux de proximité, pour que la culture aille à la rencontre de tous. Et je pense notamment aux habitants des quartiers politique de la ville.
La médiation est clé pour renforcer l’éducation artistique et culturelle, qui est une autre de nos priorités communes. Tout l’enjeu est d’articuler les temps scolaires, périscolaires et familiaux, et accompagner les enfants dès le plus jeune âge, dans la continuité du label 100 % EAC.
Enfin, une dernière priorité que je voudrais souligner : défendre la liberté de création. Les artistes sont de plus en plus attaqués : concerts boycottés, expositions vandalisées, harcèlement sur les réseaux sociaux. Il nous faut réagir collectivement et je sais qu’en Rhône-Alpes Auvergne, la DRAC s’est fortement mobilisée avec l’ensemble des collectivités siégeant au Conseil local des territoires pour la culture sur un projet de pacte pour éviter que les élus ne se retrouvent seuls face à la gestion des cas d’atteintes auxquels ils font face.
Tout cela, c’est une même ambition : faire de la culture un levier de cohésion, d’attractivité et d’émancipation.
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Et quand on parle d’unir nos forces au service de la Culture, il convient d’évoquer une idée de collaboration plus fortes entre le Théâtre national populaire et le Pôle Pixel.
C’est là aussi une idée ambitieuse, qui s’inscrit dans cette volonté de Roger Planchon de réunir les arts vivants et le cinéma.
À l’heure où les écrans structurent nos pratiques culturelles, cette réflexion est essentielle et elle ouvre plusieurs questions. Comment le numérique peut-il devenir une chance, et non une menace, pour le spectacle vivant ? Comment l’utiliser pour attirer de nouveaux publics, notamment les plus jeunes ? Comment encourager les artistes à inventer de nouvelles façons de créer ?
Il n’existe pas encore de lieu de référence national pour croiser scène et image, plateau et écran. Villeurbanne pourrait devenir une référence au niveau national pour des créations innovantes de spectacle vivant.
Dans cet esprit, une étude visant à identifier les hypothèses de collaborations entre le Théâtre National Populaire et le Pôle Pixel, a permis de faire émerger l’hypothèse d’une expérimentation par la création d’un fond de production porté par ces deux structures et d’éventuels partenaires culturels nationaux et internationaux afin de coproduire des œuvres hybrides et composites dans le cadre de sociétés en participation (SEP).
Il ne s’agit pas de réunir des structures mais de veiller à créer davantage de ponts sur des projets innovants, entre deux établissements qui ont chacun leur propre mission et identité.
Mais, comme toujours, le succès dépendra d’abord des femmes et des hommes qui porteront ce projet.
Je veux donc saluer la directrice du Pôle Pixel, Géraldine Farage, et toute son équipe, pour leur dynamisme et leur vision. Je salue également l’action de Jean Bellorini et les équipes au TNP. Et je le sais à l’autre bout du monde pour porter haut la création française.
Mesdames et Messieurs, au fond, cette belle idée de collaborations renforcées, ce contrat de territoire pour la culture tout cela répond à une même ambition : faire de la culture une aventure collective. Et j’en suis convaincue, il n’y avait pas de meilleur endroit, qu’ici à Villeurbanne, pour affirmer cette ambition.
Je vous remercie.