Seul le prononcé fait foi
Madame la Maire du XIIᵉ arrondissement,
Madame la Directrice générale des médias et des industries culturelles, chère Florence PHILBERT,
Madame la Directrice de la Bibliothèque publique d’information, chère Christine CARRIER,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Je suis très heureuse d’inaugurer avec vous aujourd’hui le site Lumières qui va accueillir pendant les 5 prochaines années la Bibliothèque publique d’information. Car oui, et c’est important de le rappeler : « Pendant les travaux du Centre Pompidou, la Bpi reste ouverte ! »
Ce relogement incarne notre conviction qu’il fallait continuer à accueillir les 4 000 usagers quotidiens de ce qui est un peu plus qu’une bibliothèque, un lieu de vie à part entière.
C’est vrai, la Bpi n’est pas une bibliothèque comme les autres : c’est la bibliothèque la plus ouverte de Paris, avec une amplitude horaire exceptionnelle qui, depuis 1977, fait son succès : six jours par semaine, le soir jusqu’à 22 h, tous les week-ends et les jours fériés.
Ce n’est pas non plus une bibliothèque parisienne, puisque près de 90 % des personnes qui la fréquentent viennent d’Île-de-France.
En 2024, 1,3 million de personnes y ont été accueillies ; c’est 10 % de plus qu’en 2023. C’est la preuve que le lieu est indispensable, que le besoin est réel et que la Bpi sait y répondre.
Cette bibliothèque est un lieu de mixité : étudiants, actifs, retraités, demandeurs d’emploi, scolaires ou personnes sans activité, chacun y a sa place, peu importe d’où il vient.
Et parce que c’est un lieu profondément ouvert, la Bpi a su développer des actions de médiation sociale qui touchent plus de 9 000 personnes par an. Ces actions s’adressent à des mineurs isolés, des personnes en insertion, des personnes éloignées du numérique. La Bpi joue ainsi pleinement son rôle de lieu d’accueil et de point d’insertion. Elle nous rappelle aussi que la demande de culture n’est pas l’apanage des plus aisés, que l’accès à la culture et à l’information est un moyen de réduire la fracture sociale.
En effet, le rôle de la Bpi ne se limite pas à la mise à disposition de ressources documentaires et culturelles. Il s’agit de donner à chacun la possibilité d’élargir son horizon dans ce qui est également un espace de rencontres et d’apprentissage.
Tous les publics peuvent y trouver un soutien, des outils pour leur autonomie et, finalement, une reconnaissance de leur place dans la société.
La bibliothèque devient ainsi un lieu refuge, un levier de dignité et d’intégration sociale.
Afin de répondre aux ambitions de cet établissement tout à fait singulier, des moyens importants ont été mobilisés pour trouver dans Paris intra-muros un site facilement accessible. Il fallait aussi pouvoir aménager des espaces qui permettent à la Bpi de déployer sa riche offre de collections et de services et de proposer plus de 1 500 places assises. En mobilisant plus de 33 millions d’euros, sur 5 ans, en plus des 4 millions d’euros de travaux, le ministère de la Culture a donné à l’établissement les moyens de cette ambition.
Ce défi a été relevé, et je tiens à féliciter et à remercier les équipes, les partenaires et les entreprises qui ont œuvré activement à ce chantier. Grâce à eux, la Bpi a rouvert dans les temps, le 25 août dernier, seulement six mois après sa fermeture en mars. Je veux remercier Christine CARRIER, la directrice de la Bpi. Après une décennie à la tête de cette bibliothèque qui ne ressemble à aucune autre, vous quitterez bientôt vos fonctions, et je voulais saluer votre engagement.
Ce déménagement a été l’occasion d’innover et a permis de travailler sur l’accès à distance aux ressources numériques, sur l’application Bpi Lumière, qui permet notamment de proposer une cartographie en 3D des espaces, avec le soutien financier du ministère de la Culture, de nouveaux équipements, des médiations repensées et des coopérations inédites avec les associations du secteur…
Au fond, tout ce qui fait de la Bpi un lieu en phase avec son temps !
La Bpi peut aussi se vanter d’une programmation culturelle exceptionnelle. Avec ce relogement temporaire, la Bpi a développé son action culturelle « hors les murs », en intensifiant ses partenariats : avec la Gaîté Lyrique, les cinémas MK2, le Forum des images, le Centre Wallonie-Bruxelles, les bibliothèques parisiennes…
Gageons que ces collaborations continueront de se tisser, notamment avec l’autre établissement documentaire sous tutelle du ministère, la Bibliothèque nationale de France, désormais encore plus proche, juste de l’autre côté de la Seine.
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À l’occasion de ce relogement, la Bpi, vaisseau amiral de la lecture publique, donne ainsi à voir son rôle d’expérimentation, non seulement au service des Franciliens, mais également au bénéfice des bibliothèques territoriales, à travers les missions que lui a confiées le ministère de la Culture dans tout le territoire.
Je rappelle ces missions d’accompagnement auprès d’autres établissements : accueil des publics en situation de handicap, pilotage d’études nationales sur les bibliothèques et la lecture, négociations mutualisées des ressources numériques, éducation aux médias et à l’information, développement du cinéma documentaire dans les collectivités.
Dans vos missions figure aussi le pilotage d’études nationales sur les bibliothèques et la lecture. En retenant pour l’année à venir le thème « Bibliothèques en tension », la Bpi pourra éclairer les conflits et les violences auxquels sont exposées nos bibliothèques, qu’il s’agisse d’actes de provocation, de menaces, ou malheureusement parfois même d’incendies. Il s’agit aussi de mettre en lumière les actes de protection dont elles ont pu bénéficier, c’est-à-dire les violences évitées comme les réouvertures sereines. Dans l’exposition à la violence comme dans la protection par les habitants ou les élus, nous voyons sur l’ensemble du territoire que la bibliothèque est un lieu tout à fait à part.
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Mesdames, Messieurs, avec ce relogement, c’est la première page d’un nouveau chapitre de la Bpi qui s’écrit.
Pendant ces cinq prochaines années, la Bpi et vous-mêmes allez avoir la double mission de faire fonctionner le site Lumière mais également de préparer le retour sur son site historique, en synergie avec le projet culturel du nouveau Centre Pompidou.
Cinq années pour se réinventer et tester de nouvelles propositions : c’est un moment rare dans la vie d’un établissement !
Je sais pouvoir compter sur la mobilisation de chacun d’entre vous pour porter chaque jour, 62 heures par semaine, exactement, les missions de la Bpi.
Des missions cruciales, porteuses de sens, au service d’une culture vraiment accessible. Je vous remercie.