Seul le prononcé fait foi
Cher Yves de Gaulle,
Chère Laurence de Gaulle,
Mesdames et Messieurs les mécènes,
Monsieur le directeur des Archives nationales, cher Bruno Ricard,
Monsieur le Président de la Bibliothèque nationale de France, cher Gilles Pécout,
Mesdames et Messieurs les Directeurs généraux,
Mesdames, Messieurs,
À la suite de la disparition de l’Amiral Philippe de Gaulle le 13 mars dernier, une page s’est tournée pour la transmission de la mémoire du général de Gaulle.
Je veux que nous ayons ce matin une pensée pour l’Amiral, pour ce travail inlassable qu’il mena tant d’années durant, afin de transmettre aux nouvelles générations la mémoire de celui qui était à la fois son père et le plus illustre Français de notre histoire.
En proposant à la vente un nombre important d’écrits et d’objets personnels, les descendants du Général ont décidé d’entrouvrir un peu plus la porte qui sépare la mémoire intime de la mémoire collective. Je veux les saluer ce matin.
Ces documents exceptionnels nous disent aussi l’importance des archives pour la construction de notre mémoire. Dans notre vieux pays aux racines si profondes, les archives sont un véritable trésor collectif.
Et pour un homme de l’écrit comme l’était le Général de Gaulle, c’était je crois une vraie conviction.
À Londres, pendant la guerre, il s’était même confié sur une autre vie qui aurait pu être la sienne. Je ne résiste pas à le citer : « Le plus beau métier du monde, voyez-vous, c’est d’être bibliothécaire ! Un poste de petit bibliothécaire, dans une petite ville de province, en Bretagne, une bibliothèque municipale. Quel calme ! Quelle belle vie ! » Et il ajoutait avec humour : « Et puis brusquement, quand arrive la soixantaine, on se met à écrire une monographie de 80 pages : Madame de Sévigné est-elle passé par Pontivy ? » On peine peut-être à imaginer le général en archiviste ou en bibliothécaire, mais cela dit assez l’amour qui était le sien pour ces traces de papier qui constituent notre mémoire.
Parmi les 372 lots de la vente figuraient des documents absolument exceptionnels, notamment des manuscrits des œuvres du Général et de très nombreuses lettres adressées à ses parents, à son épouse Yvonne, à sa famille. Il s’agit de documents privés, mais ce sont aussi des témoignages exceptionnels des moments les plus tragiques comme les plus grandioses de notre histoire.
Une dispersion totale de ces documents historiques a paru absolument inconcevable au président de la République et à la ministre de la Culture que je suis.
Nous avons donc sonné la mobilisation générale auprès de nos établissements culturels et auprès de mécènes, afin que certaines des plus belles pièces demeurent dans les collections nationales.
Ce sont donc 140 lots qui ont ainsi pu être préemptés par l’État, dont 96 pour les Archives nationales et la Bibliothèque nationale de France, pour un montant d’1,5 million d’euros. Nous avons le plaisir de pouvoir admirer certaines de ces pièces ce matin.
Les autres lots ont été acquis par le Service historique de la Défense, le musée de l’Armée, la maison natale de Charles de Gaulle à Lille, les Archives diplomatiques et le musée de l’Ordre de la Libération.
Ces acquisitions n’ont été possibles que grâce à l’engagement exceptionnel des mécènes, qui ont su se mobiliser dans un délai extrêmement court.
Je veux les remercier ici, du fond du cœur, pour leur engagement et pour leur générosité.
Un grand merci au groupe AXA et aux mutuelles d’assurance AXA, dont la réactivité a été décisive ; qui sont par ailleurs un soutien fidèle pour de très nombreux autres projets, de la restauration de l’hôtel de Rohan à la création du département des Arts de Byzance et des chrétientés en Orient au musée du Louvre, en passant par la reconstruction de Notre-Dame.
Merci à la famille Decaux, à travers JCDecaux Holding, qui a été l’un des grands mécènes de cette opération, avec une générosité particulière que je veux saluer ; qui est aussi mécène pour les métiers d’art, pour l’école des Arts et Métiers et le musée des Beaux-Arts de Tours.
Merci au groupe Dassault, là aussi mécène d’une très grande fidélité pour le patrimoine français, pour Oradour-sur-Glane, pour le musée d’Orsay, pour la fondation Notre-Dame et le Centre des monuments nationaux. Le groupe Dassault était d’ailleurs déjà intervenu en faveur de la rénovation de la maison natale du Général à Lille.
Merci à Chanel, qui est par ailleurs Grand Mécène de la Réunion des musées de France-Grand Palais et mécène du Centre Pompidou.
Merci à Artemis et à la famille Pinault, qui a aussi joué un rôle immense dans le cadre de la reconstruction de Notre-Dame.
Merci à CMA-CGM, qui soutient également nos musées, le Centre des monuments nationaux, le château de Versailles et le musée du Louvre et qui sera un partenaire pour le week-end culturel organisé durant le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle les 8 et 9 février prochain.
Merci à Total Énergies, qui fait aussi partie du Cercle Richelieu de la Bibliothèque nationale de France, qui a soutenu la restauration du site historique que la BnF, et qui a beaucoup contribué à la reconstruction de Notre-Dame.
Merci à BnP-Paribas, qui a accompagné les commémorations du 80e anniversaire de la Libération et a soutenu la reconstruction de Notre-Dame et qui intervient à travers sa fondation en faveur des arts du cirque, de la danse et du jazz. La fondation a également soutenu les Archives nationales dans le cadre de l’exposition du discours de Simone Veil de 1974 sur l’IVG.
Mesdames et Messieurs, au nom des Français, je vous adresse de nouveau et du plus profond du cœur un immense merci.
Ces écrits sont désormais des trésors nationaux, précieusement conservés pour les citoyens d’aujourd’hui et les générations futures et c’est en grande partie grâce à vous que nous le devons.