Seul le prononcé fait foi
Monsieur le Député, cher Michel BARNIER,
Madame la Présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, chère Valérie PECRESSE,
Madame la Maire du Vème, chère Florence BERTHOUT,
Monsieur le Maire du VIème, cher Jean-Pierre LECOQ,
Monsieur le Président de l’Association culturelle des Bouquinistes, cher Jérôme CALLAIS,
Cher Antoine de GALBERT,
Cher Emmanuel GUIBERT,
Mesdames et Messieurs, chers bouquinistes,
Il y a des professions qui sont indissociables d’une ville. C’est le cas des bouquinistes qui, depuis 475 ans, sont l’âme de Paris.
Oui, depuis 475 ans, la Culture se déploie sur ces quais qui sont devenus au fil des siècles, rien de moins que la plus grande librairie à ciel ouvert du monde. La plus grande, et la plus belle aussi, car chaque étal, chaque boîte, chaque livre raconte une histoire.
Aujourd’hui, vous êtes plus de 200 à ouvrir presque chaque jour ces 900 boîtes, ces fameuses boîtes vertes.
Ce que nous célébrons ensemble, c’est un métier, et c’est aussi un patrimoine.
Un métier car vous êtes les descendants des colporteurs du XVIᵉ siècle, installés d’abord près de la Sainte-Chapelle, puis ici-même autour du Pont-Neuf.
Depuis 1891, un arrêté vous autorise à laisser vos marchandises sur place la nuit : c’est la naissance de ces belles caisses de bois vert, désormais solidement arrimées aux quais de la Seine.
Votre présence inspire même les artistes. Des photographes, je pense à Robert Doisneau, ont capté ces instants de vie qui se déploient autour de vos étals. Des écrivains, comme Henri Calet, font le portrait de ce Paris du quotidien, en ébullition permanente, où tout va si vite… sauf vous, qui demeurez imperturbables.
Vous avez d’ailleurs résisté à tout. Résister pour s’affirmer, faire reconnaître votre statut et votre singularité.
Résister aux éléments : la crue de la Seine en 1910.
Résister aujourd’hui encore, face au développement d’un marché du livre d’occasion standardisé.
Ici, le livre d’occasion n’est pas un substitut : c’est un trésor à lui tout seul. C’est ce livre inattendu que l’on déniche et pour qui une deuxième vie commence.
Étudiants du Quartier Latin, bibliophiles, collectionneurs, badauds, visiteurs du monde entier : chacun peut tomber sur un poème oublié, une gravure rare, une édition d’enfance.
Enfin, bouquiniste, c’est un patrimoine. C’est ce qu’a consacré le classement de votre profession au patrimoine culturel immatériel français, en 2019. Par votre présence le long des berges de la Seine, vous êtes la mémoire de cette ville. « Faire les bouquinistes », c’est faire la rencontre de la culture le long d’un quai, au milieu des monuments et de nos institutions. Je crois que la vue qui se déploie autour de nous en est le meilleur témoignage. C’est aussi pour cela que j’ai tenu à ce que votre activité emblématique soit préservée, y compris pendant les Jeux olympiques de 2024.
Au fil de vos 475 années d’existence, la profession n’a rien perdu de son charme et de son authenticité. Cela on le doit aussi au travail de l’Association culturelle des bouquinistes et à son président, cher Jérôme Callais, merci pour votre engagement. Car derrière le décor inégalable de la Seine, votre profession nous dit aussi quelque chose d’important sur les métiers du livre et du patrimoine : ce ne sont pas un décor figé, mais bien un espace de travail, de passion. Pour les préserver, il faut les accompagner, les faire évoluer sans les dénaturer. Pour cela vous savez pouvoir compter sur le soutien du ministère de la Culture et sur mon engagement personnel indéfectible.
Mesdames et messieurs, je sais que vous en êtes profondément convaincus et je tiens à le redire : les bouquinistes ne sont pas une curiosité touristique mais le symbole d’un patrimoine en partage, d’une culture vivante et populaire. C’est cela aussi que votre rayonnement à l’international dit de notre pays et particulièrement de notre capitale.
J’ai dit que nous étions dans la plus grande et la plus belle librairie à ciel ouvert du monde. C’est vrai. Autour de nous, plus de 300 000 livres, estampes et objets de collection attendent la rencontre avec un passant, avec une passante. Mesdames et messieurs, chers amis, j’espère que vous ne manquerez pas, au détour d’une prochaine promenade, de vous laisser surprendre par l’un d’eux. Je vous remercie.