Icône du cinéma mondial, figure de l’âge d’or européen et actrice irrésistible dont la liberté a ébloui tant de générations, Claudia CARDINALE s’est éteinte à l’âge de 87 ans.
Née à Tunis en 1938 dans une famille sicilienne, son enfance, ses origines et son destin avaient fini par faire d’elle un trait d’union parfait entre la Tunisie, l’Italie et la France. Fille d’un père ingénieur technique à la compagnie des trains à Tunis et d’une mère qui élevait ses enfants, elle était entrée presque par hasard dans le monde du cinéma avant d’y tracer une trajectoire unique. Avec ce mélange rare de force et de sensibilité, de mystère et de lumière, elle avait fasciné les plus grands cinéastes. Muse de Luchino Visconti, apparition chez Federico Fellini, héroïne de Sergio Leone, elle avait aussi tourné avec Abel Gance, Mauro Bolognini, Blake Edwards, Werner Herzog, Manoel de Oliveira ou encore Pasquale Squitieri, qu’elle considéra comme le seul homme de sa vie.
Il ne lui avait fallu qu’une seule vie pour être tout à la fois Angelica dans Le Guépard et incarner la vitalité et l’ambiguïté de son époque, pour révéler sa justesse et la profondeur de son jeu derrière les traits d’Aïda dans La Fille à la valise ou pour lutter férocement en faveur de son indépendance à travers Jill McBain dans Il était une fois dans l’Ouest. Au total, plus de 150 films ont jalonné une carrière exceptionnelle où chaque rôle a semblé inventer et réinventer une nouvelle Claudia.
Femme libre autant qu’elle était engagée, elle avait su s’affranchir des contraintes d’un système qui trop souvent avait cherché à la réduire à son image. Actrice des « grands maîtres », comme elle aimait se définir, elle avait toujours refusé de se laisser enfermer dans un rôle ou un statut. Installée en France et naturalisée, elle s’était aussi engagée en faveur des droits des femmes et était devenue Ambassadrice de bonne volonté de l'Unesco pour la défense des droits des femmes en 2000.
Chacun gardera en mémoire une beauté singulière, un timbre inimitable, un rire qui servait autant à charmer qu’à se protéger. Tour à tour apparition ou incarnation, Claudia CARDINALE n’aura jamais été une apparence figée. Elle restera pour toujours un visage et une voix qui ont marqué l’imaginaire collectif, de l’Italie, de la France et du monde entier.
À sa famille, à ses proches et à tous ceux qui ont admiré et aimé cette immense actrice qui a fait du cinéma un art de la présence et de l’intensité, j’adresse mes plus sincères condoléances.
Rachida DATI
Ministre de la Culture