Témoin éclairé des soubresauts du monde, aventurier de l’extrême et intervieweur hors pair, Christian BRINCOURT s’est éteint à l’âge de 90 ans.
Né en 1935, il avait vu son enfance heurtée de plein fouet par l’Histoire. Fils d’une mère résistante arrêtée par la Gestapo en 1943 puis miraculeusement libérée, sa vocation du témoignage était née lorsque son instituteur lui avait demandé de raconter cet épisode devant ses camarades de classe.
Orphelin de père à 18 ans, il avait quitté l’école et s’était engagé dans l’armée de l’air, où son goût de l’aventure et du dépassement s’était affirmé. En 1960, c’est à Radio Luxembourg qu’avait débuté sa carrière de photographe et de journaliste.
De l’Algérie au Moyen-Orient, du Vietnam aux États-Unis, jusqu’aux rues de Paris en Mai 68, Christian BRINCOURT avait ensuite couvert les plus grands événements mondiaux. Après la radio, c’était à la télévision qu’il avait offert son talent et son courage en rejoignant TF1. Pendant vingt ans, il avait rendu compte en images de la guerre du Kippour, de celle du Golfe, avait mené l’enquête sur les cartels de cocaïne à Bogotá et avait donné à voir les entrailles de notre défense nationale en embarquant à bord du sous-marin Le Redoutable.
Christian BRINCOURT avait fait de sa vie une aventure et, parce que les théâtres d’opérations ne lui suffisaient pas, il avait participé à deux expéditions dans l’Himalaya, dont celle de Pierre MAZEAUD en 1978.
À Paris Match, il avait aussi su devenir le confident de nombreuses célébrités, comme Jacques BREL, Lino VENTURA et bien sûr Brigitte BARDOT, dont il était devenu l’un des plus proches amis.
Il laisse derrière lui le témoignage précieux d’une part de l’histoire de la seconde moitié du XXᵉ siècle. De cette période, il avait été l’un des yeux les plus aiguisés, les plus attentifs, persuadé de la nécessité que certains racontent pour que d’autres comprennent.
J’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
Rachida DATI
Ministre de la Culture