La ministre de la Culture remet le grand prix « SGDL / Ministère de la Culture pour l’œuvre de traduction 2023 » à Andree Lück-Gaye
Le grand prix Société des gens de lettres (SGDL) / ministère de la Culture pour l’œuvre de traduction 2023 a été décerné par la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, à Andrée Lück-Gaye, traductrice émérite du slovène vers le français.
Le jury était composé d’Evelyne Chatelain, présidente du jury, de Sophie Aslanides, d’Elena Balzamo, de Jacqueline Carnaud, d’Anne Colin du Terrail, de Joëlle Dufeuilly, de Barbara Fontaine, de Christine Jordis, de Dominique Le Brun, de Margot Nguyen Beraud et de Jérôme Orsoni.
Andrée Lück-Gaye succède à Robert Amutio, lauréat en 2022 et à Sophie Benech, lauréate en 2021, à Jean-Pierre Richard, lauréat en 2020 et à Anne Colin du Terrail, lauréate de la première édition de ce prix en 2019.
Diplômée de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales où elle a appris le slovène pour communiquer avec sa famille originaire de Prekmurje, et l’art de traduire grâce aux conseils avisés du professeur Claude Vincenot, Andrée Lück Gaye est l’auteure de nombreuses traductions de la littérature slovène.
Andrée Lück-Gaye nous a permis de découvrir de grands écrivains slovènes contemporains, souvent marqués par la seconde guerre mondiale. Ils disent dans des romans qui résonnent fortement en nous, toute la violence et l’horreur du conflit, de la déportation, des menaces totalitaires qui écrasent l’homme, impuissant face à l’absurdité du monde, mais aussi les difficiles questionnements des survivants.
Elle a notamment traduit Les immigrés de Lojze Kovacic (Le Seuil, 2008, 2009 et 2011), mais aussi deux œuvres essentielles, Pèlerin parmi les ombres (La Table ronde, 1996) et Printemps difficile (Phébus, 2013) de Boris Pahor, « l’écrivain slovène de Trieste » qui refusa toute sa vie d’abandonner la langue slovène, malgré l’interdiction du pouvoir fasciste en place en Italie. Ces dernières années, les lecteurs français ont également pu découvrir grâce à elle de nombreux romans de Drago Jančar dont Cette nuit, je l'ai vue (Phébus, 2014), qui a reçu le prix du meilleur Livre étranger Sofitel en 2014.
Rima Abdul Malak, ministre de la Culture a salué le travail et le talent d’Andrée Lück-Gaye qui « nous a donné la chance de mieux connaître et découvrir des chefs d’œuvre de la littérature slovène » Elle a également rappelé l’importance de prix qui est « une volonté du président de la République Emmanuel Macron, et répond à une ambition forte : celle de remettre au centre de l’attention le traducteur et de lui accorder les honneurs qu’il mérite ».
Christophe Hardy, président de la SGDL, a quant à lui salué en ces termes le travail d’Andrée Lück-Gaye et de tous les traducteurs littéraires : « L’une vise la quantité à produire dans le minimum de temps. L’autre prend tout le temps nécessaire pour faire surgir et exister quelque chose d’inouï, d’inédit et d’inconnu […] L’ultra-rapidité des processus de traduction mécanique permettrait d’atteindre cette utopie orwellienne, donc effrayante, consistant à nous faire entrer dans un monde où la communication ne serait pratiquement plus entravée par la barrière des langues… Mais la pluralité des langues n’est pas une malédiction. Se confronter à des obstacles, à des difficultés, inventer des solutions pour les franchir, rendre visibles les écarts et les différences entre les langues et les cultures plutôt que de les effacer, n’est-ce pas là quelques-unes des beautés du travail du traducteur ? »
Evelyne Chatelain, présidente du jury, a pour sa part déclaré : « Je suis ravie qu’il soit attribué cette année à Andrée Luck-Gaye, qui en plus d’être une traductrice est une découvreuse. Si elle s’est attaquée aux grands classique de la littérature slovène, une langue, dite rare, elle a également œuvré pour dénicher des textes qui sans elle seraient restés inconnus du lectorat français. »
Le grand prix SGDL/ministère de la Culture pour l’œuvre de traduction a été créé en 2019 pour récompenser chaque année un traducteur ou une traductrice émérite.
Doté de 15.000€, il incarne la volonté commune du ministère de la Culture et de la SGDL de valoriser le métier de traducteur littéraire, qui contribue à favoriser la circulation des œuvres et des idées de par le monde, à renforcer les liens et le dialogue entre les peuples et les cultures, à enrichir la diversité de l'offre éditoriale disponible en langue française.
Il est décerné chaque année par un jury indépendant, placé auprès de la SGDL, composé de traducteurs, d'écrivains, de journalistes et de critiques littéraires et remis par le ministre chargé de la culture et le président de la SGDL.