Avec Michel Denieul disparaît un acteur majeur de certains moments-clés de la politique culturelle de notre pays.
Chartiste et membre du corps préfectoral, nommé directeur de l'architecture par André Malraux en octobre 1968, il mit sa double compétence au service d'une politique nouvelle du patrimoine historique, qu'il souhaitait voir fondée sur un sentiment d'appropriation par l'ensemble de la collectivité et pleinement insérée dans la vie économique et sociale de la nation. Il n'hésita jamais à remettre en cause des procédures et des habitudes longtemps acquises, par exemple en confiant la maîtrise d'ouvrage des travaux aux propriétaires eux-mêmes, ce qui est aujourd'hui la règle dans le Code du patrimoine. Ces orientations formeront le socle de la politique conduite par Jacques Duhamel, le successeur de Malraux.
Préfet du Lot en octobre 1971, Michel Denieul chercha à faire de ce département un modèle pour les politiques qui lui étaient chères. Il retrouvera brièvement la rue de Valois comme directeur du Cabinet d'Alain Peyrefitte, ministre de la Culture et de l'Environnement au printemps 1974. Directeur du Cabinet du ministre de l'Éducation René Haby pendant trois ans, il posa les premiers jalons d'une politique d'éducation artistique, notamment dans le cadre du Fonds d'intervention culturelle.
Préfet de la région Franche-Comté, puis directeur des services du département de Seine-et-Marne au moment de la décentralisation, il créa l'un des tout premiers services départementaux du patrimoine et défendit le principe d'une plus grande intervention des collectivités territoriales dans le domaine de la culture. Après sa retraite il conseilla le département de l'Essonne pour la restructuration du domaine de Chamarande, dont il assurera la conservation pendant plusieurs années.
Je tiens à rendre hommage à un grand serviteur de l'Etat et de la Culture, qui sur bien des points aura su jouer un rôle de précurseur.