Accueillis à Rennes au Centre Chorégraphique National Rennes-Bretagne (CCNRB) par le Collectif FAIR-E, les auditrices et auditeurs ont abordé pendant cette première journée les différentes dimensions de la politique de soutien à l’Education Artistique et Culturelle. Emmanuel Ethis, recteur de l’Académie de Rennes et vice-président du Haut Conseil de l’Éducation Artistique et Culturelle, a ouvert cette journée en rappelant l’ambition de l’Education nationale de permettre à tous les élèves d’être, au cours de leur scolarité, en contact avec des dispositifs d’éducation artistique et culturelle. Il a présenté le futur Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle qui ouvrira en septembre 2021 à Guingamp. Ce lieu de formation constituera également un laboratoire d’expériences et d’évaluation de cette politique ambitieuse.
Suite à l’énonciation de ces grands enjeux au niveau national, un échange s’est engagé, en présence d’Emmanuel Ethis, sur l’articulation des rôles des différents acteurs publics qu’une telle politique implique. Le débat s’est incarné au cœur du territoire rennais, avec Isabelle Chardonnier, Directrice Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne, Rachel Fourmentin, directrice de la culture de la Ville de Rennes, et Corinne Poulain, directrice des Champs Libres de Rennes. Ont ainsi pu être présentées des initiatives réussies grâce à une mobilisation partenariale forte.
Céline Gallet et Marion Poupinet, co-directrices, ont ensuite présenté la démarche singulière et novatrice du collectif de 9 membres à la tête du CCNRB. Comment faire histoire à partir d’une pratique longtemps marginalisée dans les représentations institutionnelles comme le hip hop, et travailler à sa vitalité pour inspirer les artistes de demain ? Comment penser à partir de cette culture un renouveau possible des pratiques professionnelles et managériales au sein des établissements culturels. Autant d’échanges intenses et nourris, résonnant particulièrement avec la thématique de cette session.
L’après-midi a été l’occasion de découvrir des initiatives artistiques en milieu rural où l’éducation artistique et culturelle est au centre de la démarche. Sous un format de table-ronde, trois projets singuliers, celle d’un centre de création musicale, d’une école et d’un lieu pluridisciplinaire, ont été présentés. Perrine Lagrue, directrice de la Grande Boutique de Langonnet a évoqué de nombreuses initiatives, notamment un projet journalistique d’ampleur lancé en partenariat avec des collèges. C’est ensuite par l’entrée patrimoniale que l’EAC a été abordée. Thierry Seguin a présenté l’histoire du SEW, nouveau lieu culturel à Morlaix, regroupant un théâtre, un cinéma art et essai et un espace de musique, né du regroupement de trois associations. Le chantier de réhabilitation de l’ancienne Manufacture des Tabacs, lieu emblématique au centre de la ville qui va revivre grâce à son investissement par le SEW, a constitué un moment phare pour lancer ce projet, avec une volonté d’associer les habitants, et particulièrement les scolaires. Enfin, c’est l’Ecole du Blé en herbe qui a été mise en lumière, grâce à l’intervention de sa directrice Nolwenn Guillou, qui a su fédérer les énergies autour d’un projet artistique et culturel commun à l’école et aux habitants du village de Trébédan. Grâce au programme des Nouveaux Commanditaires, l’intervention de l’artiste Matali Crasset a permis de concevoir et construire une nouvelle école élémentaire pensée au plus près des besoins et des usages de la communauté.
Le lendemain, c’est le Lieu Unique à Nantes qui a reçu la Session pour une journée consacrée à la création artistique. Eli Commins, nouveau directeur du lieu a introduit cette matinée, en compagnie de Nicolas Cardou, directeur général adjoint de la ville de Nantes.
Un premier tour d’horizon des politiques de soutien à la création a été présenté par René Phalippou, responsable du pôle création, industries culturelles et action culturelle et territoriale à la DRAC Pays de la Loire. Les auditeurs ont ainsi pu cerner les spécificités du territoire nantais.
La table ronde suivante été consacrée à la manière dont les lieux culturels repensent aujourd’hui leurs missions vis-à-vis de leur public : quels lieux concevoir pour l’art et la relation aujourd’hui ? Catherine Blondeau, directrice du Grand T et Eli Commins, directeur du Lieu Unique, inspirés par leur propre expérience, ont présenté leurs projets pour ces deux lieux complémentaires pour impulser une nouvelle dynamique à l’échelle du territoire.
Pour clore cette matinée, Eric Pessan, écrivain, et Pascal Bois, député de l’Oise et auditeur de cette session ont échangé sur le statut des artistes-auteurs. Après la présentation par Pascal Bois de la mission flash qu’il a conduite sur cette question suite aux préconisations du rapport Racine et au confinement de mars à mai 2020 qui a aggravé la situation de nombreux artistes, Eric Pessan a exposé concrètement les conditions d’exercice de sa profession et les difficultés auxquelles il est confronté, amenant à un riche débat.
Pour poursuivre les réflexions sur la thématique environnementale de cette session, l’après-midi a été consacré à la présentation de plusieurs initiatives éco-responsables dans le secteur culturel. Animé par Hervé Fournier, cofondateur du Réseau Eco Evènement des Pays de la Loire, Romuald Rochelle du Festival Dub Camp et Julia Passot, fondatrice de la Turbine ont présenté leurs festivals.
La fin de l’après-midi a été l’occasion de découvrir le Lieu Unique au travers des expositions Demi-Vie et Universités des Futurs Africains. Demi-vie réinterroge notre rapport à l’énergie nucléaire, avec une installation en réalité virtuelle Zone Bleue, qui a particulièrement résonné avec la thématique annuelle du CHEC. UFA, organisé dans le cadre de la saison Africa 2020, déconstruit quant à elle les clichés sur l’Afrique, sur son histoire et son devenir.
La promotion s’est ensuite retrouvée en groupe de travail, dans le but d’affiner leurs propositions et les axes à développer pour le rendu d’un document préparatoire avant l’été.
Le dernier moment de cette session s’est déroulé sur le site de Transfert and Co à Rezé. Situé sur le terrain des anciens abattoirs de la ville, Transfert and Co est un projet artistique, expérimental et transitoire. Depuis 2018 et au minimum jusqu’en 2022, l’association Pick Up Production propose un espace libre d’art et de culture autour d’une narration forte et d’une réflexion sur ce qui fait l’espace urbain. C’est le fondateur Nicolas Reverdito, accompagné d’Antoine Grippay, designer, ainsi que de Fanny Broyelle, sociologue et secrétaire générale de l’association qui ont donné toutes les clés de cette initiative. Entre concerts, manifestations festives, spectacles, bibliothèque mobile, résidence d’artistes, imprimerie locale, c’est l’hospitalité et l’inventivité qui font vivre cette friche en devenir, où s’inventent de nouveaux usages.
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