Canicules prolongées, précipitations extrêmes, tensions sur les infrastructures… Le climat change, et les lieux culturels y sont confrontés, qu’ils soient permanents ou festivaliers, urbains ou ruraux… Souvent hébergés dans des bâtiments anciens, et/ou peu adaptés aux conditions extrêmes, ils se trouvent exposés à des risques multiples.
Face à ces bouleversements, l’Odéon se collette à cet environnement de plus en plus instable pour remplir sa mission, demain autant qu’aujourd’hui.
«Le Théâtre a toujours été un art de l’adaptation – adaptation des textes, des espaces, des publics. Nous devons aujourd’hui apprendre une nouvelle forme d’adaptation : celle qui nous permettra de continuer à créer, à accueillir et à transmettre malgré les bouleversements climatiques à venir.
»
Une méthodologie rigoureuse pour un diagnostic complet
Afin d’objectiver les risques, l’Odéon s’appuie sur la méthode OCARA (Operational Climate Adaptation & Resilience Assessment), développée par le cabinet Carbone 4.
Cette approche a permis d’évaluer la sensibilité de ses deux sites – Odéon (Paris 6e) et Ateliers Berthier (Paris 17e) – face aux aléas climatiques. Elle a également identifié les processus critiques du fonctionnement quotidien, de l’accueil du public à la gestion technique.
Des vulnérabilités multiples et interdépendantes
L’étude révèle une série de fragilités qui, en se combinant, mettent à mal l’équilibre du théâtre. Certaines touchent directement les personnes : les spectateurs les plus vulnérables – notamment les publics âgés – sont en première ligne face aux vagues de chaleur. Les équipes, qu’elles soient techniques ou artistiques, voient leurs conditions de travail se dégrader à mesure que les températures grimpent.
D’autres concernent les bâtiments eux-mêmes, dont l’architecture ancienne résiste mal aux températures extrêmes et aux infiltrations. Les infrastructures sur lesquelles repose le bon fonctionnement du théâtre – transport, énergie, télécommunications – deviennent également plus incertaines en période de tension ou de sursollicitation. Enfin, les surcoûts d’exploitation, les risques d’annulation ou de baisse de fréquentation présentent un risque économique à anticiper.
Au-delà de ces impacts opérationnels, l’étude alerte aussi sur un point plus structurel : la fragilité potentielle d’un modèle artistique reposant notamment sur la circulation internationale des œuvres et des artistes, aujourd’hui confrontée aux impératifs de décarbonation et à des tensions logistiques croissantes.
Un plan d’adaptation structuré, concret et exemplaire
Pour répondre à ces enjeux, l’Odéon propose un plan d’adaptation ambitieux et réaliste, organisé autour de six axes stratégiques :
- gouvernance : intégrer les enjeux climatiques dans les plans de continuité d’activité, les marchés publics, les documents RH ;
- conditions de travail : adapter les horaires et les équipements des salariés, renforcer la prévention, mobiliser le télétravail lorsque c’est possible ;
- accueil du public : aménager les horaires, les jauges et adapter les équipements pour faire face aux vagues de chaleur ;
- production et diffusion : repenser les tournées, mutualiser les ressources, planifier des spectacles de substitution ;
- transformation du bâti : végétaliser les espaces, améliorer le confort d’été, rénover thermiquement ;
- nouveaux usages : faire de l’Odéon un lieu de fraîcheur et d’accueil en journée, combinant création artistique et lien social.
Un rapport à visée collective
En partageant ce rapport, l’Odéon souhaite contribuer au développement d’une culture commune de l’adaptation dans le secteur culturel. Il s’agit d’encourager d’autres structures à se saisir du sujet, à leur échelle, et à considérer la transition écologique non plus comme une contrainte, mais comme un levier de transformation positive des pratiques culturelles. Cette démarche s’inscrit pleinement dans les priorités ministérielles, telles qu’énoncées dans le Guide d’orientation et d’inspiration pour la transition écologique de la culture, notamment à travers ses axes 3 et 4.
Cette dynamique se prolongera le vendredi 19 septembre 2025 à 9h, lors de l’événement :
« Quelle culture à +4 °C ? Spectacle vivant et musées : s’adapter aux risques climatiques »
Un temps fort pour dresser un état des lieux des risques pesant sur les organisations culturelles, et explorer collectivement les leviers d’action face aux impacts du changement climatique.
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