Un secteur au potentiel archéologique exceptionnel
Ce n'est pas la première fois que la place Renaudel et ses environs, proches de l'église Sainte-Croix, révèlent leurs secrets. Dès la fin des années 1970, des investigations sporadiques ont confirmé le potentiel archéologique de ce quartier. On sait aujourd'hui que le site, occupé dès l'époque romaine, a accueilli dès le VIe siècle une vaste nécropole mérovingienne. Cette dernière a perduré, avec des évolutions, jusqu'au XIXe siècle, avant que la création du cimetière de la Chartreuse en 1804 n'entraîne son abandon progressif. Les fouilles les plus récentes ont démontré que des vestiges de cette nécropole subsistent parfois à moins de 30 cm sous le sol actuel, témoignant de la densité et de la persistance de cette occupation funéraire.
La « sauvegarde par l'étude » : un équilibre entre patrimoine et aménagement du territoire
Consciente de la sensibilité du secteur, la Direction du développement et de l’aménagement de Bordeaux Métropole a sollicité très en amont l'avis de l'État, représenté par le Service régional de l'archéologie (SRA) de la DRAC Nouvelle-Aquitaine. Le projet d'aménagement, déclencheur de la fouille, prévoit des travaux de végétalisation et d'installation de réseaux enterrés sur une emprise d'environ 2 666 m². Les terrassements, dont la profondeur varie de 50 cm à plus de 2 mètres, risquaient de ce fait de détruire des vestiges archéologiques inestimables.
La prescription de fouille archéologique préventive met ici en œuvre le principe de la « sauvegarde par l'étude ». Loin de s'opposer aux projets d'aménagement, l’État vise à trouver un équilibre entre la sauvegarde du patrimoine et les enjeux économiques et écologiques. L'objectif n'est pas de conserver les vestiges en place, mais d'en « sauver la connaissance » en réalisant une étude minutieuse. Cela implique une combinaison de fouilles manuelles et mécaniques, ainsi qu'une documentation graphique exhaustive, permettant de recueillir un maximum d'informations sur l'histoire du site.
Cette fouille devrait ainsi apporter des éclaircissements importants sur les différentes phases d'utilisation de cet espace funéraire, ses évolutions, et potentiellement mettre au jour des structures d'habitat, d'artisanat ou de voirie antérieures.
La coopération au service d’une archéologie de qualité
Le succès de cette opération repose sur une collaboration étroite entre les services de l’État, qui exercent une mission de contrôle et de conseil scientifique, garantissant la qualité de la démarche archéologique, et l'équipe de fouille du service Archéologie de Bordeaux Métropole. Un dialogue constant est également entretenu entre Bordeaux Métropole et l'aménageur, afin d'anticiper les contraintes techniques et adapter le projet si nécessaire.
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