Né de la réflexion entourant la création de son œuvre Le veilleur d’au jour nuit, l’artiste Estelle Deschamp a travaillé la technique de la cire filée, une pratique ancestrale délaissée au profit de techniques plus modernes. Le projet « À cire perdue » a aussi rassemblé d’autres artistes tels que Lauriane Tresserre et Bétaranger Laymond autour de l’œuvre Shedevil’s, et Aglaë Miguel avec l’association Haran Urbel.
Tisser des liens entre passé et présent
La tradition de la cire du deuil remonte à l’époque du Moyen-Âge. Les bougies funéraires servaient d’offrandes éphémères aux défunts, incarnant alors leur présence dans le monde des vivants. L’univers d’Estelle Deschamps s’inspire de ces matériaux simples et de la force symbolique qu’ils représentent. L’artiste réinterroge ces savoir-faire et savoir-être anciens par la création et le lien qu’elle fait entre le passé et le présent. En renouvelant le dialogue entre la cire de deuil et le monde contemporain, son œuvre se veut comme un trait d’union, au cœur de la transmission des rites de passage entre la vie et la mort.
Artiste installée en Nouvelle-Aquitaine, Estelle Deschamp s’est vue confier une résidence de recherche artistique par l’association Coop. Travaillant avec une multitude de matériaux qu’elle assemble, accumule ou empile, le mélange des textures, des couleurs et des techniques offre une œuvre originale. L’artiste rappelle très justement que le développement des sciences et des techniques est moins dû à une élite savante qu’à d’anonymes issus de milieux populaires, tels que les artisans et les ouvriers. C’est cette dernière dimension qu’elle explore par le travail de la cire filée. À partir d’images de la collection du Musée Pyrénéen de Lourdes et d’échanges avec l’équipe de la ciergerie des bénédictines d’Urt, à Belloc (64), elle a recréé et fait fonctionner pour la première fois depuis longtemps la machine à filer.
« À cire perdue a représenté une étape importante dans mon processus de création à travers la pratique collective, qui rejoint mon intérêt pour les savoirs vernaculaire et artisanaux. » Estelle Deschamp
Regards croisés, partage et médiation
Aux côtés d’Estelle Deschamp, l’artiste et designer graphique creusoise, Aglaë Miguel s’intéresse aux cultures artisanales et se passionne, depuis 2020, pour les cires de deuil. Actuellement en résidence avec l’association Haran Ubel, qui œuvre pour promouvoir la culture basque, elle a été invitée par l’association Coop, dont l’objectif était de croiser les regards et techniques des artistes.
Les interventions de Lynda Legendre, médium, praticienne éducative en Intégration des réflexes archaïques, ainsi que celles de Xavier Kerexeta, ethnographe au Centre de conservation Gordailua, à Irun, ont complété cette expérience par une approche spirituelle et patrimoniale de l’artisanat de la cire de deuil et des pratiques funéraires.
À propos de l’association Coop
L’association Coop naît en 2013 au Pays Basque et devient une résidence d’art contemporain hors les murs sous l’impulsion de sa directrice, Julie Laymond. Ce qu’elle appelle sa « base arrière » est située à la maison d’hôtes Joangi à Uhart-Cize. L‘objectif de l’association est de soutenir la création contemporaine émergente sur le territoire et de la faire rayonner sur le plan national voire international. Véritable laboratoire à ciel ouvert, il s’agit avant tout d’accompagner une approche expérimentale de la jeune création artistique, en produisant des œuvres in situ, inédites, qui dialoguent avec l’histoire du territoire, ses traditions, ses croyances.
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