Pourquoi une telle mobilisation ?
La Tapisserie de Bayeux, chef-d’œuvre du XIe siècle, mesure près de 70 mètres. Inscrite au registre Mémoire du Monde de l’UNESCO, elle constitue un objet patrimonial d’une valeur historique et symbolique inestimable. Elle doit faire l'objet d'une très prochaine extraction de sa réserve afin de permettre la rénovation complète du musée et lancer un ambitieux programme de restauration de la tapisserie elle-même, prévu pour débuter en 2026. En amont de cette délicate opération, une simulation de déplacement était menée début avril 2025.
Un test logistique sous haute surveillance
L’objectif de cette simulation : anticiper chaque geste du futur déplacement réel. À cette fin, les équipes n’ont pas manipulé l’œuvre originale, mais un fac-similé fidèle, permettant de tester les protocoles sans mettre en danger la tapisserie.
Décrochage sécurisé, installation sur un paravent de transport, acheminement vers une réserve temporaire… Tous les scénarios ont été joués dans des conditions réelles. Pour la DRAC Normandie et la direction du musée, il s’agissait de valider les procédures de sécurité et de repérer les points sensibles, comme les virages étroits, les changements de température ou les vibrations liées au transport.
«“C’est une répétition générale ”, explique Caroline Eudes-Devaux, conservatrice des monuments historiques. “La moindre erreur pourrait compromettre l’intégrité de la tapisserie. C’est pourquoi chaque étape a été documentée, chronométrée, et améliorée en temps réel.”
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- DRAC
Caroline Eude-Devaux, conservatrice des monuments historiques à la DRAC de Normandie, supervise les opérations ©EJ
Des experts mobilisés autour d’un trésor national
Cette opération a rassemblé une équipe pluridisciplinaire : conservateurs du patrimoine, restaurateurs textiles, ingénieurs en conservation préventive, régisseurs d’œuvres, logisticiens spécialisés dans le transport muséal…
Chaque profession a joué un rôle clé. Les restaurateurs ont validé les matériaux et la résistance des supports. Les régisseurs ont supervisé les manipulations. Les ingénieurs ont évalué les contraintes environnementales.
«“Transporter une œuvre comme la Tapisserie de Bayeux, ce n’est pas juste la déplacer : c’est lui garantir les mêmes conditions de conservation que dans sa vitrine actuelle, pendant tout son parcours”, précise Thalia Bajon-Bouzid, restauratrice et spécialiste des textiles anciens. “La moindre variation d’humidité ou de lumière peut avoir un impact sur les fibres de lin et les fils de laine teinte.
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Les techniciens manipulent le fac-similé de la tapisserie dans le musée vide ©EJ
La restauration à venir
La fermeture du musée de Bayeux, programmée en septembre 2025, s’inscrit dans un vaste chantier de modernisation. Outre la refonte du parcours muséographique, une campagne de restauration de la Tapisserie est également prévue. Pour plus de détails, retrouvez notre article complet : Tapisserie de Bayeux, une année historique pour sa conservation
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