La danse dépasse le simple cadre du spectacle pour Frédérique Latu, directrice des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, elle est en effet un langage universel, une invitation à "Penser, à ressentir et à faire des pas de côté. Un outil puissant pour questionner nos sociétés, raconter d’autres histoires et provoquer des dialogues essentiels". Cette philosophie s’incarne pleinement dans une programmation qui investit des lieux variés : théâtres, établissements scolaires, espaces publics… La danse s’immisce partout, portée par cette volonté de décloisonner l’art et de le rapprocher des citoyens.
La danse, un langage universel au cœur des enjeux contemporains
Avec près de cinquante représentations dans une trentaine de lieux partenaires, cette édition 2025 illustre parfaitement cette ouverture chère à la directrice, qui rappelle combien il est "essentiel de regarder le monde à travers différents prismes". La diversité des formes et des écritures chorégraphiques est à l’honneur : du solo intime à la pièce collective, chaque création devient un espace d’exploration où l'on peut "questionner les histoires individuelles et collectives", "sublimer les disparitions", "donner de la voix" ou encore "interroger les discriminations".
Frédérique Latu met également en avant la richesse des univers artistiques proposés, qu'ils soient portés par de jeunes créateurs émergents ou des figures reconnues sur la scène internationale. Pour elle, l’enjeu est clair : "L’invitation est à la découverte pour plonger dans les univers singuliers d’artistes aux multiples cultures".
Un festival vivant entre créations, rencontres et engagement collectif
Mais les Rencontres chorégraphiques ne se limitent pas à la scène. Fidèle à son ambition de créer du lien, le festival multiplie les moments de partage : débats, ateliers, projections, présentations de créations à venir, sans oublier les bals festifs. "Tous ces moments à venir sont l’une des plus belles façons de continuer à faire société ensemble", affirme Frédérique Latu, insistant sur l'importance de ces espaces de convivialité où l’échange et l’émotion prennent tout leur sens "au détour d’un mot, d’un son, d’un geste".
Enfin, la directrice des Rencontres chorégraphique tient à rappeler que cette aventure ne pourrait exister sans une dynamique collective forte. Le festival est, selon ses mots, "une aventure partagée avec les équipes des lieux culturels, des structures de toutes natures et des partenaires financiers". Frédérique Latu réaffirme avec conviction "la nécessité d’un service public fort pour l’art et la culture au plus près des lieux de vie", soulignant la force de cette coopération et de cette solidarité autour de la danse.
Ainsi, portée par cette énergie commune et cet engagement sans faille, l’édition 2025 des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis s’annonce "engagée, surprenante et festive, à vivre intensément". Une invitation à célébrer la danse comme un art vivant, capable de questionner, de rassembler et de faire vibrer toutes les générations.
Focus sur 9 créations
Anna Chirescu "Kata", création 2025 (Roumanie - France)
Dans ce solo inspiré des arts martiaux, Anna Chirescu transforme le kata - enchaînement codifié du karaté - en une chorégraphie poétique. Elle explore la quête du geste parfait, entre imaginaire personnel et rigueur formelle. "Kata" devient une méditation en mouvement sur la transmission, le combat intérieur et les histoires que l’on écrit avec son propre corps.
Avec le soutien de La Fabrique de la Danse. Aide à la résidence DRAC Ile-de-France
Le Pavillon - Romainville, lundi 2 et mardi 3 juin
Magda Kachouche "Balata", création 2025 (Algérie - France)
Avec "Balata", Magda Kachouche réinvente un rituel festif d'origine uruguayenne en une œuvre vivante et évolutive. Chaque représentation devient un terrain d'échange où danseurs et spectateurs cocréent une séquence unique, nourrie des savoirs et des talents de chacun. Chant, danse, cabaret : toutes les expressions sont les bienvenues pour enrichir cette célébration collective. Une expérience sur-mesure, ancrée dans les territoires et portée par l'esprit du partage.
La Communale, Saint-Ouen, vendredi 16 mai
Ladji Koné "Page Blanche" - Chapitre 2", première mondiale (Burkina Faso)
"Page Blanche" est une lettre dansée à un frère disparu, une exploration intime du manque et de la mémoire. Ladji Koné mêle narration, danse, arts visuels et paysages sonores captés en Afrique de l’Ouest. Une pièce bouleversante, habitée par les présences invisibles du passé et tournée vers la reconstruction des liens familiaux perdus.
Théâtre municipal Les Malassis, Bagnolet, mardi 27 mai
ANA PI "Raw On", création 2025 (Brésil / France)
Ana Pi livre un manifeste chorégraphique vibrant, où les danses afro-diasporiques deviennent un bouclier contre les violences du monde. Avec "Raw On", elle puise dans la Capoeira Angola, les rythmes sacrés et populaires, pour faire dialoguer le corps et le tambour sous l’impulsion des platines. Un solo court mais puissant, où chaque pas devient un acte de mémoire et de résistance.
Nicolas Barry (France) "La Demande d’Asile", création 2025 (France)
Avec une approche chorégraphique du théâtre documentaire, Nicolas Barry met en lumière l’épreuve de l'entretien à l’OFPRA. "La Demande d'Asile" traduit en gestes la violence sourde des protocoles administratifs, notamment pour les personnes LGBTQIA+. Entre tension psychologique et effort physique, cette pièce propose une lecture inédite du parcours de celles et ceux qui doivent raconter l'indicible pour espérer être accueillis.
Maison du Parc Jean-Moulin – Les Guilands, Bagnolet/ Montreuil, samedi 31 mai et Le Point Fort Aubervilliers et Aubervilliers, dimanche 1 juin
Claudio Stellato (Italie) "People", création en cours (Italie)
"People" est une étape de création où Claudio Stellato esquisse une réflexion sur les dynamiques humaines. En 15 minutes d’expérimentation scénique, il interroge la place de l’individu au sein du groupe, dans une approche brute et sensorielle du corps en mouvement. Dans cette quête artistique en perpétuelle évolution, Claudio Stellato explore les intersections entre arts plastiques, performance physique et expérimentation scénique. Les corps dessinent des trajectoires, les objets s’animent, la matière déborde, échappe aux cadres. À l’origine du projet, un besoin fondamental : créer ensemble, ne pas s’enfermer dans la solitude, accueillir l’instabilité comme force motrice. Travailler sans schéma prédéfini, ou plutôt en concevoir un nouveau à chaque expérience. Faire surgir l’inattendu, sans souci de maîtrise, sans récit imposé. Laisser le corps, l’objet et l’émotion parler d’eux-mêmes.
Le Pavillon Romainville, lundi 2 et mardi 3 juin
Yaël Réunif et Jordan Beal "Untold", création 2025 (Italie - France)
Qu’est-ce qui unit un son et un mouvement ? Que se joue-t-il dans l’espace ténu entre deux langages ? Entre une onde et un geste, une pulsation et un élan ? Avec Untold, Yaël Réunif et Jordan Beal explorent cette frontière incertaine où la danse devient vibration et la musique prend corps. Untold naît d’un désir de sonder les liens entre deux formes, deux écritures, deux présences sur scène. Comment coexister dans un espace sans hiérarchie, sans fusion, mais dans une écoute fluide, mouvante, organique ? Pour cela, la chorégraphe Yaël Réunif et le compositeur Jordan Beal reviennent à l’essentiel : le rythme comme ancrage, la percussion comme langage premier, le chaos comme point de départ. À la lisière de leurs disciplines, iels cherchent un point de contact, un équilibre fragile où la danse et la musique ne dialoguent pas mais s’entendent.
Théâtre L'Échangeur - Cie Public Chéri, Bagnolet, jeudi 12 juin
Filipe Lourenço "Amazigh in situ", création 2025, Première mondiale (Portugal - France)
Avec "Amazigh", Filipe Lourenço revisite les danses traditionnelles du Maghreb, et notamment l'Ahidous, en les réinscrivant dans une dynamique contemporaine et inclusive. Les cinq interprètes, également musiciens, déconstruisent les codes genrés et célèbrent la fraternité au rythme des percussions. Une pièce vibrante, entre héritage et modernité, pensée pour des espaces scéniques et non conventionnels.
Théâtre L'Échangeur Bagnolet et Le Point Fort Aubervilliers, dimanche 15 juin
Nosfell "Frères de Lait", création : 2024 (Maroc - France)
Dans "Frères de Lait", Nosfell tisse un rite polyphonique mêlant souvenirs d’enfance, racines amazigh et réinvention identitaire. Avec deux danseurs-chanteurs, il façonne un univers où les corps et les voix s'entrelacent, évoquant créatures et fantômes. Un voyage entre poésie et grotesque, où la danse transcende l’histoire personnelle pour devenir une fable universelle sur l’appartenance et la fraternité.
Création soutenue par la DRAC Île-de- France
Samedi 24 mai La Chaufferie Saint-Denis
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