Durant trois jours, tous les acteurs de l’archéologie vont partager avec le public la passion de leur métier et parler des découvertes. Les Journées européennes de l’archéologie prennent ici une dimension singulière, portée par l’engagement de nombreux sites culturels, musées, laboratoires et collectivités qui s’unissent pour rendre l’archéologie vivante, accessible et passionnante. Le vendredi 13 juin est dédié aux publics scolaires. Ces journées, soutenues par le Conseil de l’Europe et l’Association des maires de France, qui célèbrent cette année leur 16e édition, sont bien plus qu’un simple événement. Elles incarnent une démarche citoyenne de partage, d’inclusion et de transmission, avec un objectif concret : faire découvrir au grand public les richesses et les enjeux de l'archéologie à travers des visites de sites, des conférences, des ateliers et des expositions.
En Île-de-France, l’édition 2025 s’annonce comme un moment de rencontre privilégié entre science et société, où chacun est invité à s’approprier une part de l’histoire collective. Qu’il s’agisse de fouiller, d’écouter, de manipuler, d’apprendre ou simplement de s’émerveiller, ces Journées proposent à tous les publics une porte d’entrée vers un passé qui éclaire notre présent. Sensibiliser les citoyens à la richesse du patrimoine archéologique et à la nécessité de sa préservation, intéresser de nouveaux publics, valoriser l’ensemble de la chaîne opératoire de l’archéologie "de la fouille au musée" et partager les savoirs entre les acteurs de l’archéologie et les citoyens sont les principaux objectifs de la manifestation. Faire découvrir au grand public les richesses et les enjeux de l'archéologie à travers des visites de sites, des conférences, des ateliers, et des expositions.
Les Villages de l’archéologie : vivre l’Histoire à ciel ouvert
Véritables carrefours de transmission et d’expérimentation, les Villages de l’archéologie se tiennent notamment à Paris, Saint-Germain-en-Laye et Guiry-en-Vexin, avec chacun une programmation riche et adaptée à tous les publics.
À Paris, dans le jardin du Palais Royal, les visiteurs pourront participer à des ateliers de simulation de fouille, remonter des poteries médiévales, découvrir la bioarchéologie, fabriquer des bracelets de l’âge du Fer ou encore explorer les techniques de modélisation 3D.
Des expositions sur les artefacts archéologiques, les fouilles d’Étiolles, les panoplies gallo-romaines ou encore la bande dessinée archéologique viendront compléter ce parcours immersif. Des rencontres avec des chercheurs de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et du Pôle archéologique de la Ville de Paris ponctueront cette plongée dans le passé, à laquelle s’ajoutera le spectacle "Gladius Scumtuque".
L’âge du Bronze mis à l’honneur
Cette année, l’Inrap met un coup de projecteur sur l’âge du Bronze, période de profondes transformations techniques, sociales et économiques en Europe. En Île-de-France, ce thème sera décliné dans les villages, les expositions, les ateliers et les animations, donnant à voir les pratiques artisanales de l’époque : métallurgie, navigation, tissage, alimentation, outils… Une manière de comprendre combien cette période a marqué un tournant dans l’histoire de l’humanité.
À Saint-Germain-en-Laye, le Musée d’Archéologie nationale, installé dans le cadre prestigieux du château, proposera une programmation tournée vers l’expérimentation de l’âge du Bronze : travail du métal, tissage, mosaïque, vannerie, carpologie et archéozoologie, sans oublier des ateliers pour enfants et des visites guidées du domaine. L’exposition phare de cette édition, "Les Maîtres du feu. L’âge du Bronze en France (2300–800 av. J.-C.)", y sera également présentée.
À Nemours, dans le cadre des célébrations nationales marquant les 150 ans de la reconnaissance de l’âge du Bronze en France, le musée de Préhistoire d’Île-de-France, à Nemours, propose une exposition temporaire inédite "Pouvoir et métal : l’âge du Bronze en Île-de-France", réalisée en partenariat avec l’Inrap. Cette exposition a reçu le prestigieux label "Exposition d’intérêt national", décerné par le ministère de la Culture, en reconnaissance de la qualité scientifique de son propos et de son ambition culturelle. L’exposition met en lumière cette période méconnue à travers des objets archéologiques remarquables, la reconstitution d’un atelier de bronzier grandeur nature, et une présentation des savoir-faire des artisans de l’époque. Les découvertes archéologiques récentes révèlent une société dynamique et prospère : agriculture performante, habitats aristocratiques, objets de prestige, organisation des échanges et importance des fêtes collectives.
À Guiry-en-Vexin, le Musée du Val-d’Oise met en scène une exposition originale sur Agatha Christie et ses liens avec l’archéologie, accompagnée d’un spectacle familial "Les Explorateurs". D’autres communes franciliennes comme Meaux, Louvres, Nanterre, Melun, Coulommiers ou Carrières-sous-Poissy accueilleront aussi des activités variées autour de la découverte archéologique, rendant cette édition 2025 plus accessible et participative que jamais.
Chantiers de fouilles : l’archéologie en action
L’un des attraits majeurs des JEA réside dans l’ouverture exceptionnelle de chantiers de fouilles en cours, normalement interdits au public. En Île-de-France, plusieurs sites dévoilent les coulisses de la recherche archéologique de terrain. Parmi eux, la Butte Saint-Louis, en forêt de Fontainebleau, permet de découvrir les vestiges d’un prieuré médiéval (XIe–XVIIe siècle). À Genainville, les visiteurs explorent les structures gallo-romaines d’un site monumental. À Tremblay-sur-Mauldre, l’agglomération antique de Diodurum se révèle dans ses moindres détails. Noisy-le-Grand ouvre l’accès à une importante nécropole mérovingiennes, tandis que Louvres livre les secrets de son ancien château médiéval. Ces visites sont l’occasion de comprendre les gestes et méthodes de l’archéologue, depuis l’extraction jusqu’à l’interprétation des objets.
Melun accueille les visiteurs sur un site gallo-romain en plein cœur de la ville
Un chantier archéologique avant la construction d’un collège. À Melun, l’Inrapmène une fouille archéologique au 3-5 rue de Belle Ombre, dans la cour de l’ancienne "École Normale d’Institutrices" (1878-1880), avant la création d’un nouveau collège prévu pour la rentrée 2027. Cette opération, prescrite par la DRAC Île-de-France (service régional de l’archéologie) qui en assure le contrôle scientifique et technique, fait suite à un diagnostic du Service départemental d’archéologie de Seine-et-Marne (SDASM) ayant révélé des vestiges antiques du Ier au IVe siècle avant J.-C.
Melun, ancienne Metlosedum. Située dans un méandre de la Seine, Melun s’appelait Metlosedum durant l’Antiquité et appartenait à la cité des Sénons, au sein de la province de Gaule lyonnaise. Sa localisation en bordure des territoires des Meldes, Parisii et Carnutes en faisait un carrefour stratégique.
Un quartier gallo-romain mis au jour. La fouille révèle un quartier gallo-romain organisé autour de rues antiques : le decumanus 2, et les cardo VI et cardo VII. Deux grands secteurs bâtis y ont été identifiés. À l’ouest, un vaste bâtiment de 700 m², probablement une domus, présente une cour centrale, des fondations en mortier de chaux, et une cave soignée avec soupirail, niches quadrangulaires et escalier en double quart tournant. À l’est, un second ensemble de 600 m², bien que perturbé, montre une possible cuisine avec foyer en tegulae et canalisation en terre cuite. Entre les deux, des zones ouvertes accueillent puits cuvelés, fosses de stockage et caves non maçonnées. Aucun atelier artisanal n’a été identifié. L’ensemble pourrait constituer un seul complexe résidentiel de plus de 2 000 m².
Traces de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs, un réseau de tranchées disposées en lignes brisées se rapportent à un ouvrage défensif mis en place dans la cour de l’école au cours de la Seconde Guerre mondiale. Ces tranchées abris étaient destinées à protéger les populations civiles contre les attaques aériennes. Un premier tronçon de tranchée a fait l’objet d’un sondage dans lequel a été retrouvé un exemplaire de casque Adrian, probablement un modèle 1926.
Une ouverture exceptionnelle au public. Dans le cadre des "Journées européennes de l’archéologie" (JEA), le chantier sera accessible au public le samedi 14 juin de 10h à 17h. Les visiteurs pourront y rencontrer les équipes de l’Inrap, du SDASM et du Service municipal de l’archéologie, découvrir les vestiges, comprendre les méthodes de fouille et enrichir leur connaissance du patrimoine antique de Melun.
Découvrir en images le chantier de fouilles du site gallo-romain à Melun
Découvrez la programmations en Île-de-France des Journées européennes de l'archéologie
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