L’appartement-atelier de Le Corbusier, un lieu de vie devenu patrimoine
L’appartement occupé par Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, jusqu’à sa mort, en 1965, se situe aux deux derniers niveaux de l’immeuble. Construit au début des années 1930 avec son cousin et associé Pierre Jeanneret, il est situé porte Molitor à la limite entre Paris (75) et Boulogne-Billancourt (92). La Fondation Le Corbusier, légataire universel de l’architecte, en charge de sa conservation, son entretien, et son ouverture au public initiée en 1991, en est propriétaire. Elle gère depuis la mort de l’architecte cet espace de vie et de travail, devenu lieu de mémoire.
Entre 1965 et 1991, André Wogensky, chef d’agence de l’atelier de Le Corbusier rue de Sèvres, le loue à la Fondation pour y installer son agence et l’ouvre aux amateurs. L’appartement-atelier dans son ensemble a été restauré par l’agence Châtillon entre 2014 et 2018 ainsi que la toiture-terrasse de l’immeuble. Après une étude patrimoniale menée sur l’évolution de l’appartement par Giulia Marino et Franz Graf, l’état de référence pris en compte dans le cadre de la restauration demeure celui de 1965, date de la mort de l’architecte, sa femme Yvonne Gallis étant décédée avant lui en 1957.
Des premières protections de l’édifice depuis 1972
Les protections juridiques de l’immeuble sont multiples. Le 31 janvier 1972, l’appartement de Le Corbusier est classé au titre des monuments historiques, protection suivie le 27 décembre 1972 par l’inscription de la façade sur rue et la toiture du 24 rue Nungesser-et-Coli, puis en le 31 octobre 1990 de l’inscription des façades et couvertures sur rues et sur courettes, du sol des courettes et du hall d’entrée. Le 9 juin 2017 est prononcé le classement de l’immeuble en totalité, sauf l’intérieur des appartements privés. Entretemps, il reçoit en 2011 le label maison des illustres et, le 17 juillet 2016, l’immeuble est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, dans la série transnationale qui comprend seize autres œuvres.
Un classement comme ensemble historique mobilier...
Jusqu’ici, le mobilier de l’appartement n’était pas protégé, alors même qu’il participe pleinement de l’œuvre comme en témoignent les nombreux écrits de l’architecte et que des éléments ont disparu (les tapis, des lampes, les fauteuils en rotin, les chaises de jardin, les étagères Strafor…) depuis le décès de Le Corbusier.
...avec du mobilier intégré
L’aménagement intérieur de l’appartement et ses changements reflètent l’évolution de l’architecte au fil de sa carrière. On note la présence, comme dans ses réalisations précédentes, de mobilier intégré, dont les meubles de cuisine, les placards, les étagères et le bureau ajouté en 1939. Le Corbusier va cependant ici plus loin en rendant ce mobilier, dans certains cas, libre de l’espace architectural et se démarque par l’utilisation de matériaux innovants (béton, contreplaqué, métal). Au sein de son appartement, il intègre du mobilier fixe vissé au mur comme le lit. Sur la terrasse les bancs en béton sont alternativement fixe et mobile, ils constituent un prolongement de l’architecture.
...avec du mobilier meublant
Le mobilier de l’appartement de Le Corbusier se compose de pièces anciennes, de mobilier industriel et de créations personnelles.
Initialement adepte des objets-types, il utilise des fauteuils Thonet avant de concevoir, avec Pierre Jeanneret en 1925, un "équipement de la maison" incluant des casiers standards. En 1927, influencé par Stuttgart, il développe du mobilier en métal. Avec Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, il crée en 1928 des meubles en tube d’acier, dont la chaise longue et le fauteuil grand confort, produits ensuite par Thonet.
L’atelier comprend fauteuils en rotin, chaises métalliques, table ovale et meubles d’horloger. Le salon abrite un canapé de 1934 et une table en marbre, sur pieds corolles, masqués par un tapis conçu en Algérie. Dans la chambre, un lit mural métallique, inspiré des couchettes antiques, est restauré en 2008.
Côté éclairage, seuls subsistent une lampe-projecteur industrielle, une tige métallique avec globe en verre et des néons ajoutés après 1950.
- Meuble d’horloger en bois naturel, composé de huit rangées de deux tiroirs, sous lesquelles se trouve un grand tiroir en partie basse ; soubassement peint en noir - anonyme, XIXe ;
- Meuble d’horloger peint en blanc, composé de onze rangées de deux tiroirs de taille différente surmontant un grand tiroir en partie basse, les boutons sont en laiton, soubassement peint en noir - anonyme, XIXe ;
- Table ovale reposant sur quatre pieds en gaine, plateau en deux parties, un tiroir en ceinture avec bouton en laiton - anonyme, XIXe ;
- Chevalet de peintre réglable ; piétement en H reposant sur des roulettes - anonyme, XIXe ;
- Bibliothèque double-face composée d’un côté de sept tablettes fixes et de l’autre côté d’un système de crémaillères et d’équerres pour étagères mobiles conçue par Le Corbusier, XXe ;
- Fauteuil grand confort, grand modèle conçu par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, 1928 ;
- Canapé, structure en acier avec système entrecroisé de ressorts, grand coussin pour l’assise et trois coussins pour le dossier, conçu par Le Corbusier, 1934 ;
- Chaise longue basculante avec système de ressorts, d’après un modèle conçu par Le Corbusier et Charlotte Perriand, 1954 ;
- Table basse « Tronc d’arbre » conçue par Le Corbusier, avant 1944 ;
- Étagère murale conçue par Le Corbusier, 1935 ;
- Table de salle à manger, plateau d’un seul tenant reposant sur deux pieds en corolle, conçue par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand , 1934 ;
- Deux fauteuils de bureau modèle B-9 - anonyme, avant 1937 ;
- Fauteuil de bureau, modèle 1224 ;
- Lit deux places conçu par Le Corbusier ; tubes et cadre métalliques peints, sommier Marine à lattes de métal et de ressorts, tête de lit - anonyme, 1934 ;
- Lampe projecteur d’applique - anonyme, XXe ;
- Rampe lumineuse, possiblement conçue par Le Corbusier, XXe ;
- Ensemble de 11 accessoires de salle de bains composé des éléments suivants :
- rois porte-gobelets, provenant du Bon Marché ;
- Deux porte-éponges, provenant du Bon Marché ;
- Un crochet pour serviette et gant, provenant du Bon Marché ;
- Un porte-savon, provenant du Bon Marché ;
- Un porte-serviette, provenant du Bon Marché ;
- Un porte-serviette, provenant du Bazar de l’Hôtel-de-Ville ;
- Un porte-savon, provenant du Bazar de l’Hôtel de Ville ;
- Un porte-serviette de provenance inconnue.
- Ensemble de trois miroirs rectangulaires avec cadre peint en terre d’ombre brulée conçu par Le Corbusier, XXe ;
- Miroir de rasage s’attachant au robinet - anonyme, XXe ;
- Deux bancs rectangulaires de terrasse en béton conçus par Le Corbusier, XXe.
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