Fondé par le violoniste Julien Chauvin, Le Concert de la Loge s’est imposé en une décennie comme un ensemble de référence dans l’interprétation du répertoire baroque classique ou d’œuvres parfois méconnues sur instruments anciens. En recréant le son et l’esprit des orchestres du XVIIIe siècle, il s’inscrit dans une démarche authentique et novatrice. Mais l’orchestre ne se contente pas de revisiter les chefs-d'œuvre du passé. Il les réinvente, notamment à travers des collaborations interdisciplinaires, comme celle avec le chorégraphe Mourad Merzouki, qui allie musique et danse pour offrir une approche inédite des grandes œuvres.
Au-delà de l’exigence musicale, bâtir un tel projet a nécessité persévérance et adaptabilité : structurer l’orchestre, obtenir des financements, se faire une place dans le milieu musical. À travers ce témoignage, Julien Chauvin retrace les étapes clés de cette aventure, des premiers défis à l’essor de projets ambitieux comme l’opéra mis en scène. Il évoque aussi l’impact du numérique sur la diffusion de la musique classique, l’importance de l’engagement écologique et social, les actions en faveur des territoires éloignés. Julien Chauvin souligne la nécessité de faire vivre cette tradition musicale tout en la réinventant pour le public d’aujourd’hui.
"Notre plus grand défi : faire vivre le projet"
Quelle était votre ambition initiale lors de la création du Concert de la Loge et les difficultés rencontrées avant de concrétiser ce projet ?
Lorsque j'ai créé Le Concert de la Loge, mon ambition était claire : servir un répertoire précis, principalement classique, en collaboration avec des amis musiciens. Mon objectif était de redonner vie aux œuvres commandées à la fin du XVIIIe siècle. En recherchant un nom d'orchestre, j'ai découvert celui du "Concert de la Loge", un ensemble très réputé à l'époque mais peu étudié par les musicologues en raison du manque de sources disponibles. Faire revivre ce nom et cet orchestre m'ont semblé essentiel, car il était un acteur majeur de la vie musicale avant la Révolution française. Mon ambition était donc de faire renaître cette formation, un projet qui répondait pleinement à mon désir.
L'un des plus grands défis lorsqu'on fonde un orchestre est de faire vivre le projet. Nous avions de nombreuses idées musicales et des envies de répertoires, mais les concrétiser était un autre enjeu. Dès le départ, en 2015, il était nécessaire de mettre en place une structure administrative, de trouver des financements, d'être reconnu par les programmateurs, d’être joué et enregistré. Le principal défi était donc de parvenir à se faire une place dans le milieu musical.
"Aujourd’hui, nous sommes à l'adolescence de notre parcours"
Ayant déjà une grande expérience de l'orchestre grâce à une formation que j'avais fondée auparavant, la mise en place du Concert de la Loge s'est avérée fluide. Des programmateurs nous ont rapidement fait confiance, ce qui nous a permis d'être joués, enregistrés et soutenus financièrement, d'abord par diverses fondations, puis plus tard par la DRAC Île-de-France.
Quelle évolution au cours de ces dix années d’existence ?
Dix ans représentent une étape importante pour un ensemble. L'évolution a été progressive, avec des projets de plus en plus ambitieux : exploration de la forme, la mise en scène, des collaborations avec d'autres disciplines comme la danse. Le nombre de concerts n'a cessé d'augmenter, tout comme le développement de notre administration. Aujourd’hui, nous sommes à l'adolescence de notre parcours.
" "Osez Haydn", un hommage à ce compositeur qui fait partie de notre ADN"
Quelle est votre approche personnelle de la direction ?
Diriger un orchestre tout en jouant est un principe que nous avons souhaité perpétuer. Au XVIIIe siècle, les chefs d'orchestre également violonistes, dirigeaient avec leur archet. Nous avons cherché à retrouver cette dynamique naturelle, en instaurant un climat de confiance avec les musiciens pour assurer une direction fluide. Quant à moi, je suis très critique envers mon travail, ce qui est indispensable pour avancer et améliorer constamment nos performances.
Quelles sont les principales célébrations prévues pour le dixième anniversaire du Concert de la Loge ?
Pour marquer nos dix ans d'existence, notre saison anniversaire qui a commencé en septembre et s’achève en juin, a été ponctuée d'événements marquants. Parmi eux, une mise en scène de "Don Giovanni" au Théâtre de l'Athénée en novembre, le "Gala des 10 ans" au Théâtre des Champs-Élysées le 15 janvier, et la reprise d'un programme en collaboration avec Mourad Merzouki sur Les "Quatre Saisons dansées" de Vivaldi.
Nous avons également créé un festival itinérant, "Osez Haydn", en hommage à ce compositeur qui fait partie de notre ADN. La saison s’achèvera avec "L'Italienne à Alger" de Rossini, interprétée par Marie-Nicole Lemieux au Théâtre des Champs-Élysées en juin prochain.
"La sonorité unique des instruments anciens leur confère une place essentielle, tant pour les musiciens que pour le public"
Pourquoi est-il important aujourd'hui de redécouvrir et de revisiter le répertoire baroque et classique ?
Il reste encore beaucoup d'œuvres à explorer, notamment en musique baroque, qui regorge de centaines d'opéras méconnus. En période classique, certains répertoires sont déjà bien explorés, mais nous avons la possibilité de proposer des relectures. Cela consiste à analyser la genèse des œuvres, à questionner le poids de la tradition et à les revisiter sous un nouvel angle : mise en scène, mise en espace, version concert... Il s'agit de déconstruire le mythe autour de ces œuvres pour les interpréter avec une perspective inédite.
Quel est, selon vous, l'avenir des instruments anciens face aux évolutions des pratiques musicales actuelles ?
Nous jouons sur des instruments anciens ou des copies fidèles du XVIIIe siècle, ce qui nous permet d'explorer des sonorités particulières, d'articuler différemment et d'offrir une palette de nuances variées. Cette approche enrichit notre interprétation et nous ancre dans une authenticité sonore.
Face à l'évolution des pratiques musicales, la question se pose : les instruments anciens risquent-ils d'être oubliés ? La réponse est non. Leur sonorité unique leur confère une place essentielle, tant pour les musiciens que pour le public. Jouer sur instruments anciens exige une maîtrise spécifique, plus exigeante que sur des instruments modernes, mais cette difficulté renforce la richesse de l’interprétation.
"Réaliser des projets est une source de bonheur"
Quel regard portez-vous sur le parcours des Arts Florissants et l'influence de William Christie dans le paysage musical baroque ?
Les Arts Florissants célèbrent leurs 40 ans cette année. Cette formation extraordinaire, dirigée par William Christie, a vu le jour dans les années 80. Parti de rien, il a dû surmonter de nombreuses difficultés pour imposer son orchestre dans le paysage musical français. Aujourd'hui, ils portent des projets magnifiques et sont en résidence à la Philharmonie. Bien que nous ne nous soyons jamais rencontrés, nous nous connaissons à distance. Nos parcours sont différents.
Comment l'interprétation de la musique baroque a-t-elle évolué au cours des dix dernières années, et en quoi cela a-t-il influencé votre propre démarche artistique ?
La production du répertoire baroque a connu de nombreuses évolutions au cours des dix dernières années. L'interprétation s'est enrichie, les artistes ont exploré de nouvelles manières de jouer et de transmettre ces œuvres, et la scène a su s'adapter aux attentes d'un public en constante mutation. La musique fait partie de notre quotidien, elle nous porte, moi comme les musiciens et l'équipe qui m'accompagne. Réaliser des projets est une source de bonheur, et nous sommes très conscients de la chance que nous avons. Cette passion nous permet de vivre des expériences exceptionnelles, de jouer dans des lieux prestigieux et de rencontrer des personnalités du monde de la musique.
La passion pour la musique remonte souvent à l'enfance. Dans ce cas précis, la transmission musicale a commencé avant même la naissance, avec une mère apprenant le piano pendant sa grossesse. Mais, le véritable déclic s'est produit lors de la rencontre avec un violoniste inspirant, qui a donné l'envie d'apprendre cet instrument exigeant.
"Toucher aussi bien les amateurs éclairés que les néophytes"
Comment percevez-vous les réactions du public lors des concerts et comment travaillez-vous pour renforcer cette interaction ?
L'interaction avec le public est une préoccupation majeure. Les spectateurs sont variés : certains connaissent déjà l'orchestre et viennent avec une oreille avertie, d'autres le découvrent pour la première fois. Attirer un public plus jeune, renouveler l'audience, ce sont des défis auxquels les musiciens sont confrontés depuis des décennies. Le but est de toucher aussi bien les amateurs éclairés que les néophytes, en veillant à ce que chacun trouve sa place et ressente l'émotion musicale. Il faut donc jongler entre des spectateurs qui connaissent parfaitement une œuvre et d'autres qui assistent à leur premier concert. Cette mission impose une réflexion permanente sur la manière de présenter la musique et d'en transmettre les subtilités.
De quelle manière le changement des conventions et des codes traditionnels influence-t-il l'expérience des concerts classiques aujourd'hui ?
Sur scène, les musiciens perçoivent immédiatement l'énergie d'une salle. Il s'agit de vibrations, des ondes qui circulent entre l'orchestre et le public. Le silence et la concentration du public sont des éléments cruciaux, mais ce climat solennel n'a pas toujours été la norme. Autrefois, les concerts étaient bien plus animés, avec des interactions plus spontanées. Aujourd'hui, il est intéressant de susciter des réactions, d'encourager les applaudissements entre les mouvements, de recréer une dynamique plus proche de celle du XVIIIe siècle.
Quel est le profil du public des concerts du Concert de la Loge, et comment élargissez-vous cette audience ?
La composition du public varie selon les programmes. Par exemple, un spectacle mêlant musique et danse attire aussi bien des amateurs de musique classique que des passionnés de danse contemporaine. Ce type de croisement d’audiences est très enrichissant et permet de toucher des personnes qui n’auraient pas forcément fait la démarche d’assister à un concert classique.
Pourquoi avoir choisi de poursuivre vos études musicales aux Pays-Bas et quel regard portez-vous sur l'évolution de l'enseignement musical en France ?
L’occasion était de pouvoir sortir du système d’enseignement français et d’aller dans un pays qui était très ouvert aux instruments anciens. Choisir d'étudier aux Pays-Bas plutôt qu'en France a été une décision motivée par le désir de découvrir une approche pédagogique plus souple et plus réceptive aux différentes esthétiques musicales. Le système néerlandais encourage la diversité et la créativité, en particulier dans le domaine de la musique ancienne.
La France à présent progresse dans son approche de l'enseignement musical et de la diffusion de la musique classique. L'ouverture vers de nouvelles formes de présentation et une plus grande souplesse permettent aujourd’hui d’attirer un public plus large et de préserver la richesse du répertoire baroque et classique pour les générations futures
"La musique baroque et classique bénéficie d'une visibilité inégalée"
Comment les jeunes publics réagissent-ils face à la découverte de la musique classique et quels dispositifs mettez-vous en place pour encourager cette rencontre ?
Si les jeunes sont souvent surpris au premier contact avec le son d’un instrument acoustique ou l’esthétique de l’opéra classique, il suffit de quelques minutes pour que leur perception évolue. Lorsqu’ils prennent un tout petit peu de temps, (pas en cinq minutes), ils peuvent l’entendre, la ressentir et essayer de la comprendre. Ils développent un véritable engouement. Loin d'être une musique rébarbative, elle souffre surtout de préjugés. D'où l'importance de prendre le temps d’accompagner les jeunes dans cette découverte, pour qu'ils puissent pleinement apprécier cette richesse musicale.
En quoi le numérique a-t-il facilité l'accès et la découverte de la musique classique auprès des jeunes générations ?
L’ère du numérique est une porte d’entrée. Avec l'évolution des technologies et l'essor du streaming, la musique baroque et classique bénéficie d'une visibilité inégalée. Aujourd'hui, un simple clic suffit pour que des millions de jeunes accèdent à ces musiques sur leur téléphone, alors qu'auparavant, il fallait acheter un tourne-disque ou un CD. Le numérique leur offre un accès extraordinaire à la culture musicale classique. Ainsi, les jeunes disposent des mêmes ressources d'écoute que les musiciens eux-mêmes, ce qui démocratise l'apprentissage et la découverte de ce répertoire.
Selon vous, comment pourrait-on redéfinir le terme "musique classique" pour mieux refléter sa diversité et sa richesse ?
La musique classique est un terme qui ne fait pas l'unanimité. Le terme a été galvaudé car trop souvent associé à l’ennui ou une musique pour s’endormir, calmer ou à une simple musique d’ambiance. Elle est enfermée dans des cases réductrices. Le grand public tend à se limiter parfois aux mêmes compositeurs et notre mission est aussi de proposer des œuvres moins connues, plus rares.
Comment gérez-vous les "imprécisions" lors des répétitions ou en concert, et quelle importance accordez-vous à ces détails ?
Diriger un orchestre ne se limite pas à donner le tempo. Un chef d’orchestre perçoit immédiatement la moindre imprécision, comme un danseur ressentirait une anomalie dans un mouvement. Pourtant, ces subtilités ne sont pas toujours perceptibles par le public. Le rôle du chef est de faire la part des choses : certains "couacs" sont imperceptibles pour l’auditoire et n’auront aucune incidence. Ce qui compte, c'est l’ensemble et la cohésion musicale.
"Les jeunes qui viennent me voir, c’est formidable parce qu’ils font preuve déjà de curiosité"
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes musiciens souhaitant apprendre sur les instruments anciens ?
La différence est à la fois pour le public et l’instrumentiste. C’est différent et difficile parce qu’il s’agit de techniques anciennes parfois un peu archaïques. On est davantage sur un fil qu’avec des instruments plus "sûrs". Les jeunes qui viennent me voir, c’est formidable parce qu’ils font preuve déjà de curiosité. Tout le monde ne l’a pas. Ils sont attirés par l’interprétation sur instruments d’époque mais doivent avant tout faire preuve de persévérance pour comprendre l'évolution des instruments. Maîtriser les cordes en boyaux et les archets d’antan demandent du temps. Mais cette quête est essentielle pour enrichir son jeu et apprivoiser ces sonorités si particulières. La persévérance est un mot-clé. Beaucoup abandonnent en raison des difficultés initiales. Il est crucial de ne pas se décourager durant tout l’apprentissage, malgré les doutes, les moments de fatigue et les douleurs parce que le corps est très sollicité et mis parfois à rude épreuve. Il faut être persévérant.
Comment la musique et le sport ont-ils dialogué dans le cadre des événements comme les Jeux Olympiques ?
Dès l’annonce des Jeux Olympiques à Paris, on a commencé à raccrocher des choses car on aime bien rassembler des disciplines. L’idée de fusionner art et sport a émergé. L’objectif était de décloisonner les disciplines et d’instaurer un dialogue entre elles.
Les initiatives de la DRAC Île-de-France ont été très fécondes. Cela a fait marcher notre imaginaire et favorisé la rencontre entre des artistes et des sportifs. Pongistes, basketteurs, musiciens, peintres, streamers… Tous se sont retrouvés autour de projets communs durant trois ans, enrichissant mutuellement leurs disciplines et élargissant leurs horizons.
"Voir des disciplines fusionner inspire de jeunes talents à se lancer dans la danse ou la musique"
Comment la rencontre entre musique ancienne et hip-hop enrichit-elle l'expérience artistique et élargit-elle le dialogue entre les disciplines ?
Le public est généralement surpris par cette fusion audacieuse. Si les danseurs hip-hop sont souvent jeunes, les spectateurs, eux, couvrent toutes les générations. Ces rencontres artistiques favorisent la création de vocations. Voir des disciplines fusionner inspire de jeunes talents à se lancer dans la danse ou la musique.
De plus, l’esprit du hip-hop étant fondé sur la spontanéité et la rue, il n’est pas rare que des spectateurs deviennent eux-mêmes acteurs du spectacle, créant ainsi des moments de partage authentiques et imprévus.
"La musique véhicule des valeurs de fraternité et d’égalité"
Comment la culture peut-elle aujourd'hui jouer un rôle essentiel dans le bien-être des individus ?
Une initiative étonnante venue de Suisse illustre l’importance de la culture pour le bien-être. À Neuchâtel, des médecins peuvent désormais prescrire des visites au musée à leurs patients afin de favoriser leur santé mentale. Cette idée, qui peut sembler audacieuse, s’inscrit dans une réflexion plus large sur les bienfaits de l’art et de la musique sur le cerveau. Des études en neurosciences montrent que la musique stimule la libération de dopamine, renforçant ainsi le bien-être émotionnel. Cette reconnaissance institutionnelle du pouvoir de la culture pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont elle est perçue dans nos sociétés.
"L’apport de Mourad Merzouki a donné une toute nouvelle dimension à la musique"
Comment avez-vous réinterprété les "Quatre Saisons" de Vivaldi pour en proposer une lecture contemporaine et originale ?
À l’occasion du 300e anniversaire de la création des "Quatre Saisons" de Vivaldi, une relecture contemporaine de l’œuvre a été entreprise pour en offrir une nouvelle vision. C’est une œuvre extraordinaire pour son époque, mais elle est tellement connue qu’il devient difficile d’y apporter un regard neuf. Nous avons voulu la présenter de manière originale, en sortant du cadre traditionnel du concert. L’apport de Mourad Merzouki, avec une approche corporelle, artistique et chorégraphique, a donné une toute nouvelle dimension à la musique. Il a su magnifier cette œuvre et lui offrir une mise en scène captivante.
"De quelle manière surprendre le public et répondre à son besoin de renouvellement artistique ?"
L’intégration de la danse et d’une mise en scène innovante permet d’élargir les horizons et d’amener la musique classique là où on ne l’attend pas forcément. Nous jouons sur des terrains où les musiciens d’instruments anciens ne sont pas toujours attendus. Il y a cette volonté de surprendre le public, de le confronter à des expériences nouvelles. Certains suivent, d’autres moins, mais il est essentiel d’inviter à la découverte. Face à l’évolution des attentes du public, la nécessité de proposer des approches innovantes devient primordiale. Le public a un besoin de nouveauté, de sortir des sentiers battus. Nous avons un rôle à jouer pour l’accompagner dans cette exploration. Il ne s’agit pas uniquement de secouer les habitudes, mais d’offrir une expérience immersive et vivante.
De quelle manière les musiciens peuvent-ils s'investir activement dans les territoires ruraux pour favoriser l'accès à la culture ?
On pourrait penser qu’un musicien vit dans sa bulle, un monde à part, loin des préoccupations du quotidien et des enjeux sociétaux. Pourtant, nous nous investissons pleinement dans son environnement, notamment en milieu rural, où l’accès à la culture est parfois limité et souhaitons toucher les territoires plus éloignés que jamais. Contrairement à certaines idées reçues, l’accès à la musique en dehors des grands centres urbains ne représente pas une difficulté majeure. Ce n’est pas du tout compliqué et notre plaisir de jouer dans une salle des fêtes ou au fin fond d’un village ou dans une grande salle de concert est le même.
Comment les publics, parfois éloignés de la musique classique, réagissent-ils à vos concerts ?
Ça dépend des situations. L’été, par exemple, les festivals permettent d’organiser plus facilement des concerts et de toucher un public plus large. En dehors de la saison estivale, d’autres opportunités se présentent. Il arrive que nous allions dans des endroits où la musique n’est pas forcément présente, notamment avec des productions d’opéra que nous avons portées jusque dans des salles nationales où il n’y avait jamais eu d’opéra. Cela fait partie de notre mission. Les publics, parfois éloignés de l’univers de la musique classique réagissent toujours bien ! Ils sont toujours très à l’écoute et heureux.
"Faire de la musique est une chance inouïe"
Comment créez-vous des moments de bonheur partagé avec des publics aux sensibilités variées, même éloignés de l'univers de la musique classique ?
La musique parvient toujours à créer des moments de bonheur partagé, quel que soit le public. Même les spectateurs éloignés de l’univers de la musique classique se montrent très réceptifs, attentifs et heureux d’assister à ces concerts. Bien sûr, il existe des différences entre les publics initiés et novices, notamment parmi les plus jeunes. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de connaisseurs en milieu rural, mais les réactions peuvent varier. L’essentiel est de leur donner la parole et de les encourager à s’exprimer, c’est fondamental pour nourrir l'échange.
En quoi la musique représente-t-elle une source constante de bonheur et de réconfort dans votre vie ?
Tous les jours, je me dis que j’ai de la chance. C’est un bonheur. Faire de la musique est une chance inouïe. J’en suis totalement conscient. Pouvoir vivre de sa passion, voyager, jouer, rencontrer d’autres artistes est un privilège immense. La musique est un voyage permanent, une source de joie inestimable. Elle constitue également un refuge. Dans les moments de doute ou de tristesse, elle est toujours présente, contrairement aux êtres humains. A tout moment, on peut écouter du Schubert, du Mendelssohn ou du Beethoven et cela procure une véritable consolation, une émotion qui transcende les épreuves de la vie.
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