Le mahJ célèbre son vingtième anniversaire en 2018. Pour l’occasion, le musée présente tout au long de l’année une riche programmation scientifique et culturelle. En 1998, le mahJ ouvrait ses portes dans le prestigieux cadre de l’hôtel de Saint-Aignan, au cœur du Marais à Paris, et dotait la France d’un musée unique au monde par sa vocation : retracer l’histoire des communautés juives de France, d’Europe et de Méditerranée à travers la diversité de leurs formes d’expression artistique, de leur patrimoine et de leurs traditions, de l’Antiquité à nos jours.
le mahJ illustre 2000 ans de "cultures en partage
Vingt ans après sa création, le mahJ s’impose comme l’un des musées les plus vivants de Paris, ainsi que comme un acteur essentiel de la préservation du vivre-ensemble. En proposant au plus large public de découvrir l’ancrage très ancien des juifs dans la nation, et l’universalité de leurs productions artistiques et culturelles, le mahJ illustre 2000 ans de "cultures en partage". En vingt ans, le mahJ a présente une centaine d’expositions, parmi lesquelles "René Goscinny. Au-delà du rire", "Golem ! Avatars d’une légende d’argile", "Les mondes de Gotlib", "La Valise mexicaine", "Chagall et la Bible", "Felix Nussbaum", "La Splendeur des Camondo", "De Superman au Chat du rabbin", "Charlotte Salomon : Vie ? ou théâtre ?", "Rembrandt et la nouvelle Jérusalem" ou "Alfred Dreyfus. Le combat pour la justice", ainsi que des installations d’art contemporain marquantes comme "Miqlat" de Sigalit Landau, "Lapse" de Moshe Ninio ou "Big Bang" de Kader Attia. |
© mahJ - Doc Levin |
2 millions de visiteurs, plus de 12 000 œuvres, plus de 3 500 acquises par dons et legs
Depuis son ouverture en 1998, le mahJ a accueilli près de deux millions de visiteurs. Sa collection s’est considérablement enrichie, notamment dans le champ de l’art contemporain et de la photographie, et compte plus de 12 000 œuvres, dont plus de 3 500 acquises par dons et legs. Le musée a publié cinquante-six ouvrages, dont 31 catalogues d’exposition. L’auditorium a proposé plus de 1 500 séances pour appréhender les dimensions multiples des cultures du judaïsme à travers la musique, la littérature, le théâtre ou le cinéma, auxquelles ont participé près de 3 000 artistes, écrivains, musiciens, chercheurs… Le musée a pris une place remarquée dans les manifestations telles que le mois de la Photo, la Nuit blanche ou la Fête de la Musique.
De nombreuses activités pédagogiques – visites guidées et conférences, ateliers pour enfants, familles et groupes scolaires – ont notamment permis d’accueillir près de 120 000 élèves, étudiants et enseignants.
La médiathèque propose un fonds unique de 25 000 volumes sur l’art et l’archéologie du judaïsme, et sur l’histoire des juifs de France, ainsi qu’une vidéothèque de plus de 3000 œuvres audiovisuelles. Et avec plus de 5 000 titres, la librairie du mahJ est devenue un lieu de référence pour l’art, l’histoire et les littératures du judaïsme.
au cours de l’année 2018 deux expositions exceptionnelles
A l’occasion de son vingtième anniversaire, le mahJ propose au cours de l’année 2018 deux expositions exceptionnelles – "Helmar Lerski. Pionnier de la lumière" d’avril à juillet 2018 et "Sigmund Freud" d’octobre 2018 a février 2019 – un hommage aux donateurs de mars 2018 à janvier 2019, et de nombreuses manifestations, parmi lesquelles un week-end portes ouvertes les 10 et 11 mars.
Le musée travaille actuellement sur un projet d’extension et de refonte du parcours permanent, pour mieux présenter ses collections, mieux inscrire l’histoire des juifs de France dans le récit national et donner aux expositions temporaires un espace adapte à leur ambition.
Programmation culturelle
Les expositions
du 7 mars 2018 au 13 janvier 2019 / Hommage aux donateurs
L'inventaire des dons reçus par le mahJ depuis 1998 est a la mesure du champ immense que recouvrent ses missions. Il est aussi le reflet de la générosité de près de six cents donateurs. A l’occasion de son vingtième anniversaire, le musée met a l’honneur une centaine d’entre eux dans le parcours permanent et le foyer de l’auditorium, auprès des œuvres qu’ils ont données. Une occasion de revoir les collections, de redécouvrir leur richesse et de célébrer la générosité de ces personnalités qui ont, toutes, fait le choix de transformer en un bien public inaliénable une partie de leur patrimoine.
à partir du 7 mars 2018 Christian Boltanski / Les Habitants de l’hôtel de Saint-Aignan en 1939
Spécialement restaure pour les 20 ans du musée, le chef-d’œuvre de Christian Boltanski offert par l'artiste au musée en 1998, sera désormais accessible au public dans la courette. Au mahJ, la Shoah est principalement évoquée par cette œuvre majeure, qui reflète une rigoureuse recherche dans les archives pour documenter l’ensemble des habitants de l’hôtel avant la guerre. Selon le vœu de l'artiste, elle est constituée d’affichettes que le temps dégrade progressivement.
du 11 avril au 26 aout 2018 Helmar Lerski. Pionnier de la lumière
Première rétrospective en France consacrée au photographe et cinéaste Helmar Lerski (1871-1956), cette exposition rassemble près de 200 œuvres du Folkwang Museum d’Essen et du mahJ. Elle dévoile une partie importante du fonds exceptionnel de 435 épreuves anciennes acquises par le musée en 2015 grâce a une souscription publique. On y découvre un travail photographique ou la lumière occupe une place centrale. Principalement auteur de portraits, Lerski use d'une chambre exigeant des négatifs de grande taille (jusqu’a 24 x 30 cm), de miroirs et d’accessoires sophistiques, pour explorer les visages comme autant de paysages, modelant brillances et contrastes afin de faire surgir l’âme de ses sujets. L’exposition éclaire également le parcours de Lerski, emblématique de celui de nombre d’intellectuels et d’artistes allemands et autrichiens qui émigrèrent en Palestine dans les années 1930. Ils y introduisirent des courants intellectuels et artistiques d’avant-garde, dont la psychanalyse et le Bauhaus sont parmi les exemples les plus remarquables. L’exposition fait aussi découvrir l’œuvre cinématographique de l’un des précurseurs du futur cinéma israélien, qui constitua la première école de cinéma en Palestine a l’instigation de Golda Meir, sous l’égide de la Histadrout (syndicat des travailleurs juifs).
du 10 octobre 2018 au 10 février 2019 Sigmund Freud
Cette exposition, dont le commissariat est assuré par Jean Clair, s’attache a montrer, par un ensemble important de peintures, de dessins et de gravures, un Freud peu connu en France. Riche de 200 œuvres, le parcours insiste sur les années viennoises puis parisiennes de Freud qui commence sa carrière en tant que neurologue et dont l’intérêt pour la biologie ne va cesser de croitre. L’univers visuel dans lequel baigne Freud, qui passe par une observation minutieuse des symptômes des patients, notamment avec Jean-Martin Charcot, est particulièrement mis à l’honneur. L'exposition fait redécouvrir l’invention de la Psychanalyse, démarche qui trouve sa spécificité dans le refus de l’image et qui s’épanouit dans la seule écoute, en l’absence de toute représentation visuelle. Freud se pose ici en héritier de Moise. L'exposition bénéficie de prêts exceptionnels des musées Freud de Londres et de Vienne, ainsi que de grands musées français, autrichiens et allemands.
Colloques
- 15 et 16 mars 2018 de 9h30 à 18h / Emmanuel Levinas et les philosophies de l'Histoire. Athènes et Jérusalem, sous la direction de Danielle Cohen-Levinas, université Paris-Sorbonne
Figure majeure de la scène philosophique française au XXe siècle, nourri aux sources du judaïsme et de la philosophie allemande, Emmanuel Levinas (1906-1995) a joué un rôle majeur dans le renouveau de la pensée juive contemporaine. Ce colloque aborde plusieurs aspects de sa pensée, marquée par un face-à-face historique et intellectuel entre Athènes et Jérusalem, philosophie et judaïsme, judaïsme et christianisme, éthique et politique.
- Dimanche 27 mai 2018 de 9h30 a 18h / L’édition du Zohar (Mantoue, 1558) et la diffusion de la cabale
sous la direction de Jean Baumgarten, CNRS-EHESS, et de Michael Sebban, Beit Ha Zohar, Paris, en collaboration avec l’association Beit Ha Zohar, l’Alliance israélite universelle et le CNRS.
Parmi les trésors de la bibliothèque de l’Alliance israélite universelle, à Paris, se trouve un exemplaire unique de la première Edition du Zohar imprime à Mantoue en 1558. Rédigé en araméen médiéval, le Sefer Ha-Zohar (Livre de la Splendeur) est l’œuvre maitresse de la cabale. Ce très rare exemplaire constitue un remarquable témoignage sur l’histoire, la genèse et la postérité de la cabale. Cet ouvrage est devenu le livre de référence sur lequel se fondent les nombreuses éditions du Zohar depuis le XVIe siècle.
- du 13 au 15 juin 2018 / Le sionisme. Réflexions sur l’histoire d’une idée en action
sous la direction d’Elie Barnavi, historien, conseiller scientifique auprès du musée de l’Europe à Bruxelles. L’histoire du sionisme est particulièrement mal connue d’un large public. En partant des prémices de l’idéologie sioniste au milieu du XIXe siècle dans les communautés juives d’Europe centrale et orientale, jusqu’à ses avatars contemporains dans les cercles protestants ≪ messianiques ≫ aux États-Unis, en passant par les premières implantations en Palestine des avant la déclaration Balfour et le foyer national juif sous mandat britannique, ce colloque aborde de manière scientifique l’histoire d’un projet intellectuel et politique qui suscitera la création de l’État d’Israël.
- Décembre 2018
Moses Mendelssohn (1729-1786), sous la direction de Dominique Bourel, CNRS
Penseur de la Haskalah, les "Lumières juives", le philosophe Moses Mendelssohn (1729-1786) est une figure centrale de l’histoire juive. Son œuvre philosophique est à l’origine de la modernité juive européenne, mais certains auteurs considèrent qu’il a posé les bases de la dissolution dans l’assimilation, a l’instar de celle de ses petits-enfants, Felix et Fanny Mendelssohn, compositeurs protestants dont les nazis proscriront pourtant les œuvres en raison de leurs origines juives.
- Automne 2018
Une tache aveugle dans le récit national : le judaïsme
sous la direction de Paul Salmona, directeur du mahJ
Malgré une abondante production historiographique depuis le début du XIXe siècle, le judaïsme reste, en France, une "tache aveugle" tant dans le récit national que dans la mise en valeur de son patrimoine monumental ou muséographique. Très peu de synthèses, de manuels scolaires ou universitaires mentionnent la présence juive de l'Antiquité à nos jours comme un trait significatif de l’histoire de notre pays. Ce colloque analysera les ressorts de cette absence et fera le point sur les moyens de mieux inscrire la présence juive dans l’Histoire de France.
Histoire des collections
Le fonds du mahJ a été constitué, à partir de 1988, en réunissant plusieurs ensembles exceptionnels.
Le fonds du musée d’art juif
Le musée d'Art juif de Paris fut créé en 1948 par une association privée soucieuse de rendre hommage à une culture disparue dans la Shoah. Sa collection est marquée par l’action de sa première conservatrice et co-fondatrice Marie Chabchay, de 1948 à 1974.
Doté en 1951 par l'organisation américaine Jewish Restitution Successor Organization – chargée de la redistribution des biens culturels juifs spolies par les nazis – ce fonds fut enrichi par de nombreux achats et dons d’objets religieux européens et maghrébins, ainsi que d’œuvres graphiques d’artistes russes et allemands, puis d'œuvres d’artistes de l’École de Paris. Il comprenait aussi 2160 photographies de toutes époques, documentant en particulier les communautés de la diaspora et l’architecture synagogale, ainsi que de nombreuses illustrations de presse et des reproductions photographiques a caractère documentaire sur plaques de verre et sur papier. Le mahJ en est l’héritier.
La collection d’Isaac Strauss
Déposée par le musée de Cluny – musée national du Moyen Age, la collection Strauss, constituée au milieu du XIXe siècle, est un des plus beaux ensembles d’objets liturgiques, de mobilier synagogal et de manuscrits hébraïques provenant principalement du monde ashkénaze et d’Italie du nord et du centre. Réunie par le compositeur et chef d’orchestre Isaac Strauss (1806-1888), cette collection sera déterminante au XIXe siècle dans l’émergence de la notion – toujours débattue – d’art juif. L’exposition de la collection au Grand Palais et la publication du catalogue raisonne par Victor Klagsbald en 1981 contribueront de façon essentielle à la genèse du projet du mahJ dans les années 1980, auquel participera activement Alain Erlande-Brandenburg, alors directeur du musée de Cluny, qui rédigera le premier "rapport préliminaire".
Les stèles funéraires médiévales de la rue Pierre-Sarrazin
Au dépôt de la collection Strauss et des autres remarquables pièces de judaica, dont quelques objets de provenance familiale o#erts par Isaac et Moïse de Camondo en 1910 et 1911, s’ajoute un ensemble sans équivalent de soixante-six rares stèles funéraires médiévales, mises au jour en 1849 rue Pierre-Sarrazin et données par Louis Hachette au musée de Cluny, témoignant de la présence d’une importante communauté à Paris avant les expulsions de 1306 et 1394.
Les acquisitions depuis 1988
Le mahJ a entrepris, depuis sa création en 1988, d'enrichir ces fonds en privilégiant le domaine français, l'histoire des juifs, l'art cultuel, l'ethnographie et les œuvres des artistes juifs. Les dépôts du musée d'Art juif et du musée national du Moyen Âge ont été complétés grâce à ceux du musée national d'Art moderne – centre Georges- Pompidou, du musée du Louvre, du musée d’Orsay, du musée du Quai Branly, et du musée national de la Céramique de Sèvres. La collection d’art cultuel a connu un accroissement considérable grâce aux dépôts du trésor des synagogues parisiennes par les Consistoires israélites de Paris et de la Moselle, de textiles liturgiques par le musée juif de Prague, et d’un ensemble d’objets d'art populaire du musée Lorrain de Nancy. La Fondation du judaïsme français a joint aux collections du musée plusieurs œuvres d'art moderne et contemporain.
La collection contemporaine
Depuis 1998, la collection s’est aussi enrichie d’oeuvres d’artistes contemporains : Kader Attia, Judith Bartolani, Carole Benzaken, Jean-Pierre Bertrand, Christian Boltanski, Philippe Boutibonnes, Sophie Calle, Sophie Elbaz, Gérard Garouste, Moshé Gershuni, Anne-Valérie Hash, Edward Hillel, Georges Jeanclos, Mikhaïl Karasik, Moshé Kupferman, Frank Lalou, Mikael Levin, Serge Lask, Agnès Lévy, Arik Levy, Michel Nedjar, Moshe Ninio, Nira Pereg, Cécile Reims, Iris Sara Schiller, Micha Ullman, Max Wechsler, Boris Zaborov.
La photographie
À l’instar des autres musées français, la photographie constitue un axe majeur d’enrichissement de la collection, tant dans le domaine de la photographie ancienne que dans celui de la photographie contemporaine. Le fonds compte 1 798 photographies en collection auxquelles s’ajoutent 5 571 photographies inscrites en archives. Il témoigne du parcours de quelques photographes juifs d’importance, et
comprend des reportages ainsi que des documents évoquant la vie des juifs de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours. Le mahJ a pu acquérir des œuvres de photographes du XXe siècle (dont 400 épreuves originales de Nathan Lerner données par sa veuve) ou contemporains (Pierre Abensur, Alécio de Andrade, Didier Ben Loulou, Edward Hillel…). L’acquisition en 2015 de 435 tirages et plaques de verre sur la Palestine des années 1932 à 1948, dus à Helmar Lerski (1871-1956), constitue un enrichissement majeur.
Informations pratiques
mahJ / Hôtel de Saint-Aignan 71, rue du Temple 75003 Paris T. 01 53 01 86 60
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