La création artistique a été particulièrement affectée par la crise sanitaire. Pour soutenir le secteur, le Gouvernement a souhaité, dans le cadre du volet culture de France Relance, consacrer 30 millions d’euros à un programme de soutien novateur à la conception et à la réalisation de projets artistiques. Dans un format sans précédent, toute créatrice et créateur aura pu soumettre un projet pour être ensuite soutenu dans son élaboration et accompagné dans sa réalisation.
Lancé en juin dernier, cet appel à manifestation d’intérêt, clôturé le 22 août, a suscité un fort engouement. Près de 3 200 projets ont été déposés, recouvrant la plupart des champs de la création contemporaine : arts visuels, musique, écritures, spectacle vivant, design et arts appliqués.
Un comité artistique dédié, présidé par Bernard Blistène, ancien directeur du musée national d’art moderne, a retenu 264 projets. Venues d’horizons artistiques et géographiques les plus divers, les propositions ont été sélectionnées à l’issue d’un long processus de concertation, s’appuyant sur la qualité de chaque projet. Les projets ont été choisis en fonction de leur adéquation à l’appel à manifestation d’intérêt, ainsi que de la capacité à les produire. La pertinence des associations d’artistes, les propositions de collaborations peu communes ont constitué un critère de choix non négligeable, tout comme l’adéquation au lieu patrimonial ou naturel envisagé. Les sites d’implantation proposés par les artistes pourront être confirmés à l’issue de la phase de recherche – préfiguration, après dialogue avec l’ensemble des équipes et partenaires concernés. Le comité a également été attentif à l’équilibre territorial, l’équilibre femmes-hommes et a fait la part belle à la jeune création.
Parmi les dossiers retenus, on soulignera :
- des propositions qui répondent aux préoccupations essentielles de notre temps : une attention particulière est portée aux questions d’identité, aux relations entre humains, aux innovations de tous ordres, au souci écologique, bref, aux nouvelles manières d’habiter notre monde,
- de très nombreuses propositions émanant de la création la plus émergente,
- un nombre important de projets collectifs, rassemblant des collectifs préexistants ainsi que des groupements de créateurs de toutes disciplines constitués pour l’occasion,
- un nombre notable de projets pluridisciplinaires,
- enfin une attention particulière à voir dialoguer patrimoine et création vivante
La localisation des projets réalisés sera précisée pendant la phase de préfiguration. Les sites relevant du Centre des monuments nationaux (CMN) et du Conservatoire du littoral (CDL) abriteront un nombre substantiel des œuvres réalisées. Certaines propositions trouveront leur place dans d’autres espaces appropriés. Enfin, le programme Mondes nouveaux ambitionne de couvrir le territoire métropolitain et ultramarin, contribuant ainsi à ouvrir la création contemporaine à l’ensemble du territoire français.
• AEROCENE FRANCE c/o Cédric CARLES
Site à l’étude : Rivages du Nord, Hauts-de-France et Champ-de-Mars, Paris, Ile-de-France
Initié par l’artiste Tomás Saraceno, Aerocene serait composé d’une communauté internationale artistique interdisciplinaire. À travers Libérez l’air, Aerocene France vise à sensibiliser le public à la pollution atmosphérique et à ses effets sur les humains et les non-humains, par le biais de deux interventions sculpturales d’envergure, dans une Réserve Naturelle Nationale et sur le site urbain du Champ-de-Mars
• Lucas BASSEREAU, Constance DIARD et l’association COGNITIVE OVERLOAD
Sites à l’étude : Villa Cavrois, Villa Savoye, Bibliothèque Carnegie
Installation chorégraphique et sonore cherchant à s’adapter à des monuments et à leurs architectures, la création des danseurs Constance Diard et Lucas Bassereau puise dans l’esthétique des monuments art Déco la matière pour « habiter l’espace autrement ». Jouant des contrastes entre l’abstraction d’une danse ambiante et l’aspect utilitaire des bâtiments, la troupe voudrait inviter le public à déambuler à sa guise pour apprécier sous tous les angles la promenade chorégraphique qui s’y développerait sur fond de musique live
• Déborah BUCCHI et Sacha LÉVY-BRUHL
Site à l’étude : Aigues-Mortes, Occitanie / Villa Cavrois, Hauts-de-France
Déborah Bucchi, doctorante en littérature comparée et en anthropologie, et Sacha Lévy-Bruhl, doctorant en philosophie politique, souhaiteraient s’associer pour proposer Re-présenter le sol. Interrogeant le type de relance dont nous avons besoin, ils envisagent la nécessité d’un geste à la fois philosophique et artistique pour esquisser des mondes nouveaux.
• Florent CARON DARRAS
Sites à l’étude : Marquenterre, Marais Audomarois, Hauts-de-France, Château d’Angers, Pays de la Loire Chapelle des Templiers, Grand Est
Le projet Alter du musicien Florent Caron Darras, a pour objectif de créer un lien sonore entre deux lieux : le parc naturel du Marquenterre et le marais Audomarois. À partir de captations du milieu naturel réalisées sur le terrain, il souhaiterait concevoir des sons, pour tout ou partie synthétiques, diffusés ensuite grâce à des installations sonores dans plusieurs lieux – dont le Château d’Angers et la Chapelle des Templiers – et lors de concerts. De ces deux installations, d’un son capté à un son diffusé, le lien sonore est pluriel.
• Valentin DEVOS
Sites à l’étude : Terrils du Pays à Part à Ruitz, Haillicourt et Maisnil, Hauts-de-France
Valentin Devos a déjà fait parler de lui lors de sa collaboration avec une autrice et un cuisinier japonais pour capturer et déguster des nuages à l’aide de beurre. Avec Pays à part, encore en phase d’élaboration, il s’agirait de donner à voir le terril –
montagne de résidus d’extraction de mines de charbon aujourd’hui fermées dans les Hauts-de- France – dans sa dimension physique, mythologique et culturelle. Au-delà de l’aspect visuel, l’artiste envisagerait aussi des interprétations des consonances du mot « Terri » ou « Terr’île ». Son objectif serait ensuite de mettre en forme et diffuser ce récit, par exemple sous la forme d’un projet d’écriture, pouvant trouver un prolongement en images et en sons.
• Antoine FENOGLIO & Cynthia FLEURY
Sites à l’étude : Commanderie hospitalière de Lavaufranche, Nouvelle Aquitaine, et Etablissement Public de Santé Mentale de Prémontré dans la forêt de S- Gobain dans l’Aisne, Hauts-de-France
Un duo composé de Cynthia Fleury, psychanalyste, autrice, philosophe et d’Antoine Fenoglio, designer, commissaire d’exposition et auteur, portent le projet Ce qui ne peut nous être volé. Il a vocation à porter un projet incarné, territorialisé où la pensée et la création sont possibles, souhaitables et reconnues. L’objectif est de redéfinir la diversité de nos interactions avec le monde, en vue de l’après et de ses incertitudes notamment à travers une cartographie des hot-spots de vulnérabilité sur le territoire Français.
• GERARD & KELLY
Sites à l’étude : Villa E-1027, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Villa Cavrois, Hauts-de-France
Brennan Gerard et Ryan Kelly forment à eux deux Gerard & Kelly et développent une identité artistique à la frontière de la danse et des arts visuels. Pluridisciplinaire, ce projet réunirait deux sites : la villa E-1027- Cap Moderne et la Villa Cavrois afin d’investir le patrimoine architectural moderne avec de nouveaux récits issus du monde contemporain. Chaque étape de ce projet proposera alors une vision subjective, fragmentaire et mobile remettant en question les certitudes admises.
• Loris GRÉAUD
Site à l’étude : Domaine de Frapotel, Hauts-de-France
Pour son projet /d ^ v/, l’artiste plasticien, cinéaste et architecte Loris Gréaud proposerait d’investir une vieille enclave du domaine de Frapotel dans l’Oise pour y installer une sépulture, un monument sous-terrain empruntant les codes d’une dalle funéraire. Performance centrale, la mise en bière d’une colombe naturalisée se voudra le symbole universel des bouleversements géologiques et sociaux accélérés par l’activité humaine ; une image poétique invitant au recueillement et au regard vers un autre monde possible.
• Ingrid LUCHE
Site à l’étude : Hauts-de-France
Ingrid Luche, artiste plasticienne, met en scène deux portes, objets qui nous connecteraient à deux mondes, deux espaces mais qui serait aussi un marqueur spatial ancré dans un point géographique défini. Ainsi, Ingrid Luche proposerait de mettre en place deux portes sur l’étendue d’un parc de la baie de Somme et l’autre à proximité d’un site historique, toutes les deux ouvertes et éloignées de plusieurs mètres qui symboliseraient alors la connexion entre deux espace-temps liés à l’exploitation humaine terrestre et la nature avec l’horizon de la mer.
• Stéphane THIDET
Sites à l’étude : Château de Villers-Cotterêts (Cité Internationale de la langue française), Hauts-de-France
Artiste travaillant de nombreux médiums et matériaux, Stéphane Thidet affectionne particulièrement la fiction du retour au sauvage et la peur du déchainement des éléments. Il souhaiterait ici travailler sur les arbres de la Villa Médicis à Rome ainsi que sur ceux de Villers-Cotterêts, les plus anciens résidents de ces lieux. Ou comment, dans ces lieux de résidence très identifiés, créer un espace de solitude au travers d’une cabane construite au-dessus, habitat humble léger, abri devenant fragile et exposé. Des installations accessibles via un escalier, pour s’y retrouver seul, en vue du monde, avec le monde. Et explorer l’ambivalence entre le sauvage et le domestique.
• Justinien TRIBILLON, Caroline FODOR, Cécile TRÉMOLIÈRES, ALT174 ARCHITECTURE
Sites à l’étude : Friche Saint-Sauveur, Gare de Lille-Doléance, Triangle des Rouges- Barres, Abords du Port de Lille et bords de la Deûle, Friche Kuhlmann, Hauts-de-France
Écrivain et urbaniste, scénographe et costumière, plasticienne et scénographe, urbaniste et architecte… Autant d’expertises multi-disciplinaires au service du projet Jachères, qui tend à explorer les friches industrielles et urbaines, leurs histoires, leurs spécificités, leurs biotopes humains et non-humains – végétal et animal. Ou comment à la place de l’abandon et de la marge peut-on appréhender l’après, la renaissance, une autre organisation du vivant avec des êtres marginalisés par une société normée (migrants, toxicos, plantes exotiques envahissantes…). Le public découvrirait Jachères via une structure temporaire d’exposition et d’échange et un festival à l’été 2023 dans la métropole lilloise.
• Virginie YASSEF, Anatole ABITBOL, Ilanit ILLOUZ, Seulgi LEE, Vincent LAHACHE, Théophile PÉRIS, CHARLES, Edouard de SURVILLE, Pauline PHELOUZAT
Site à l’étude : Dune Dewulf, Hauts-de-France
« Notre monde a besoin d’un monde nouveau », explique l’artiste Virginie Yassef pour définir le projet qu’elle imagine, dans lequel interviendrait une équipe pluridisciplinaire pour former une œuvre totale, tant physique que conceptuelle, mais surtout collective. Imaginée sous la forme de sept anneaux concentriques pénétrables par le public dans un environnement naturel, symbolisant les domaines végétal, sonore, géographique ou encore plastique, l’œuvre collaborative en projet viserait ainsi à amalgamer nombre de thématiques, invitant à une expérience de traversées aux sensations uniques.
Dossier de presse
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