"Il s’agissait pour nous d’enrichir et de valoriser le site du musée par la réalisation d’une œuvre d’art contemporaine et d’ancrer le musée dans une démarche artistique de dialogue entre art contemporain, territoire et préhistoire." Joëlle Arches, directrice du musée
Retenu parmi 110 candidats, le projet L’Homme Lion d’Abraham Poincheval intègre les trois éléments majeurs du programme de la commande, liés à la singularité du site d’Aurignac :
Le thème de l’abri : L’abri est un thème universel qui renvoie aux notions d’habitat, de protection. À la préhistoire, l’abri est un lieu refuge qui permet aux humains de se rassembler et de se protéger des intempéries et des prédateurs. De l’abri refuge de la préhistoire à la cabane d’aujourd’hui, un lien a été tissé par le musée lors d’un premier projet artistique intitulé « Abri, ma cabane ».
Le thème du cheminement, de l’itinérance et du déplacement : Il y a 35 000 ans, les hommes étaient nomades. Cette notion de déplacement est aujourd’hui présente avec le sentier qui relie le musée au site et offre un espace de marche, cette activité primitive d’Homo sapiens, qui redevient prisée par le public, tant la randonnée demeure source de liberté et de contact avec la nature.
Le thème de l’environnement naturel : Le Musée-forum se situe en milieu rural au sud du département de la Haute-Garonne, au sein d’une nature préservée, dans un paysage constitué de collines et de vallées, avec les Pyrénées pour ligne d’horizon. Conçue pour être installée en extérieur, l’oeuvre doit s’implanter dans le périmètre qui se situe entre le musée et l’abri préhistorique.
Pour Aurignac, Abraham Poincheval a pensé son intervention artistique comme un lien, une passerelle entre le récent musée de la préhistoire, à l’architecture contemporaine, et le passé incarné par l’abri sous roche d’Aurignac, occupé par des hommes et des femmes il y a environ 35 000 ans. Il a souhaité créer un repère sur le sentier menant vers l’abri, qui rappellerait aux visiteurs qu’ils marchent dans les pas d’hommes beaucoup plus anciens. Son point d’ancrage a été la première sculpture anthropomorphe connue, un chef d’œuvre sculpté il y a plus de 30 000 ans dans une défense de mammouth, le fameux "homme-lion" découvert en Allemagne dans la grotte de Hohlenstein, dont une copie est présentée au Musée-forum de l’Aurignacien (32 000 BP). Son projet était de reproduire la statuette en bois de mélèze et de l’agrandir 10 fois (de 32 cm à 3,20m de haut), afin de l’habiter lors d’une performance qui durera une semaine, nuit et jour, dans l’obscurité de la pièce, et de vivre ainsi l’expérience de la grotte.
"Habiter l’Homme Lion, c’est à la fois faire l’expérience de la grotte et entrer dans l’imaginaire, dans la singularité d’une société." Abraham Poincheval
Cette nouvelle réplique respecte fidèlement les particularités de l’original, sa forme, ses manques, son nombril, les sept traits horizontaux et parallèles qui ornent son bras gauche. Seule modification, son torse est évidé afin d’aménager une cavité à l’intérieur de laquelle pourra s’installer Abraham Poincheval. Après la performance de l’artiste, l’œuvre sera visible de façon pérenne sur le sentier.
Pour Joëlle Arches, cette "proposition artistique est à la fois une façon originale de mettre en lumière un patrimoine majeur méconnu, cet homme-lion, mi-homme, mi-animal en cours d’études scientifiques, et un moyen de créer des passerelles avec le Musée d’Ulm et le site en cours de fouilles en Allemagne."
Cette commande publique a été réalisée avec le soutien du ministère de la Culture - DRAC Occitanie - et de l'Europe.
Pour faire écho à la performance d’Abraham Poincheval, le thème du lion sera au cœur des événements proposés par le Musée-forum, avec notamment l’exposition "Dans la peau du lion" présentée du 10 avril au 30 novembre, qui transportera le visiteur sur les traces de ce redoutable et emblématique félin disparu de la Préhistoire.
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