C’est dans le cadre d’un projet de restauration du cryptoportique de l’abbaye de Sorde, porté par la Communauté de communes du Pays d’Orthe et Arrigans et réalisé sous le contrôle de la Conservation régionale des Monuments historiques (voir encadré), que le Service régional de l’archéologie a prescrit une fouille archéologique préventive réalisée par la société Eveha.
Des vestiges inspouçonnés…
L’objectif, en amont des travaux, était d’acquérir de nouvelles connaissances sur l’architecture du cryptoportique construit au XVIIIe siècle, en surplomb du Gave d’Oloron, ainsi que sur les bâtiments antérieurs. C’est non sans surprise que l’équipe d’archéologues a mis au jour un insoupçonnable système de toitures complexe. A priori enterré dès l’origine, le dispositif est installé directement sur l’ensemble des voûtes de la galerie du cryptoportique afin d’assurer l’étanchéité de ce dernier via un système de drains chargé d’évacuer les eaux pluviales vers le Gave. La rareté même de ces vestiges, dont on ne connaît pas d’autre exemple sur le territoire national, leur confère un caractère exceptionnel.
… à découvrir jusqu’au 1er avril !
La fouille, encore partielle, doit être poursuivie dans les prochains mois conformément au calendrier des travaux de restauration. Les observations futures permettront d’apporter des informations complémentaires et éventuellement d’affiner les premières conclusions des archéologues. Au terme des travaux, la terrasse sera à nouveau recouverte de terre afin d’assurer la conservation des vestiges. Une exposition prolongée de ces derniers aux aléas climatiques risquerait en effet de menacer leur pérennité ainsi que la structure du cryptoportique. Si des modélisations 3D permettront de conserver et de présenter l’aspect et le fonctionnement des toitures, des visites proposées le 1er avril 2022 conjointement par la Communauté de communes du Pays d’Orthe et Arrigans et la société Eveha constitueront l’unique occasion de découvrir ces vestiges.
Histoire de l'abbaye de Sorde
Fondée au Xe siècle, en partie sur les ruines d’une riche villa antique, l’abbaye de Sorde connaît des évolutions successives au cours des siècles. De ces multiples réaménagements résulte le complexe monumental composite que nous connaissons aujourd’hui. Monument phare du département des Landes, l’abbaye est aujourd’hui classée en intégralité au titre des Monuments historiques et inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco au titre des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle. D’un intérêt patrimonial majeur, le site fait l’objet de toutes les attentions de la part des collectivités propriétaires et gestionnaires du site (département des Landes, mairie de Sorde-l’Abbaye, communauté de communes du Pays d’Orthe et Arrigans), ainsi que du ministère de la Culture par l’intermédiaire de la Conservation régionale des Monuments historiques et du Service régional de l’archéologie de la Direction régionale des affaires culturelles Nouvelle-Aquitaine.
Chantier en cours
Depuis 2007, les bâtiments conventuels ont fait l’objet de campagnes successives de travaux de restauration, en particulier au niveau de l’aile Sud et du cryptoportique sur lequel des travaux sont en cours. Ce dernier, dissimulé sous la terrasse, est constitué d’une galerie de dix-sept travées couvertes de voûtes d’arêtes en briques, éclairée par des baies percées à même le mur de soutènement de la terrasse. La galerie ouvre sur des caves et distribue un escalier qui donne accès au Gave par un embarcadère. Ces aménagements sont postérieurs à la deuxième décennie du XVIIIe siècle.
Les travaux conduits par l’architecte en chef des monuments historiques, Stéphane Thouin, ont pour objectifs de répondre aux principaux désordres : le basculement du mur de soutènement de la terrasse Sud vers le Gave, qui reçoit la poussée des voûtes du cryptoportique et dont les parements sont très altérés par la végétation, et les dégradations des voûtes liées aux infiltrations provenant de la terrasse sous laquelle elles sont bâties.
La solution de consolidation retenue et non remise en cause par les récentes découvertes archéologiques, consiste à maintenir le voûtement du cryptoportique par le dessus et à ancrer le mur extérieur aux maçonneries des caves positionnées perpendiculairement à la façade. Le dispositif associe des massifs en béton armé coulés en place et ancrés dans la maçonnerie de part et d’autre de la voûte de la galerie, et un système de tirants métalliques fonctionnant selon le principe de la « pince ». Toutes les précautions sont prises pour que ces interventions lourdes ne causent aucun préjudice à la conservation du dispositif d’étanchéité d’origine découvert lors des fouilles.
Partager la page