Culture et Solidarité
Au-delà des politiques de droit commun qu’ils mènent et qui participent du pacte républicain, le ministère de la Culture et les associations nationales de solidarité souhaitent amplifier leur action dans certains domaines d’intervention qui favoriseront encore davantage l’exercice de la citoyenneté et le vivre ensemble. Porteurs de valeurs essentielles à la démocratie, comme la liberté de création et la liberté d’expression, fervents défenseurs de la diversité culturelle, ils jouent également un rôle de passeur de ces valeurs, notamment auprès des jeunes générations.
Le ministère de la Culture engage des politiques en matière de démocratie et de démocratisation culturelles. Il favorise l’accès du plus grand nombre aux œuvres et aux pratiques artistiques et culturelles, et reconnaît la pluralité des expressions artistiques portées par toutes les composantes des populations qui vivent sur notre territoire. Il conduit une politique publique de cohésion culturelle et nationale.
Il considère en effet comme prioritaire le droit culturel institué par La Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. Il encourage ainsi particulièrement les actions qui contribuent à la défense de ce droit et au respect de la diversité culturelle.
Les associations nationales de solidarité, en convention pluri-annuelle avec le ministère de la Culture, concourent à la constante transformation de la société et contribuent à l’avènement d’une société plus juste et solidaire, fondée sur la confrontation des points de vue et l’évolution des rapports humains à partir des représentations et des opinions de chacun. Les valeurs fondamentales qu'elles défendent, et qui fondent leur action, sont la citoyenneté, l'émancipation, la coopération, la solidarité, la justice.
Elles ont identifié les problèmes de société émergents et su développer et expérimenter des méthodes et des modes d’action pour y répondre et créer les conditions permettant à chacun de jouir de ses droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux.
À ce titre, les associations nationales de solidarité contribuent aux politiques culturelles :
- en développant la pratique artistique et culturelle, le partage des cultures et le recueil des mémoires afin de renforcer les identités personnelles et collectives et d’œuvrer pour la citoyenneté ;
- en soutenant les artistes et la création par des résidences, des ateliers, et diffusant leurs œuvres à un large public.
Par leurs ancrages territoriaux, la diversité de leurs interventions, l'étendue des populations concernées, les associations nationales de solidarité, présentes sur l’ensemble du territoire, constituent des maillons essentiels du développement culturel.
Aussi, la présente convention souhaite réaffirmer la continuité du partenariat entre le ministère de la Culture et de la Communication et ces associations, et les engagements partagés en faveur de la cohésion sociale et de la reconnaissance de la diversité de notre pays dans le cadre de la lutte contre l’exclusion.
Conformément à la feuille de route fixée par le Premier ministre lors du Comité interministériel pour l’égalité et la citoyenneté (CIEC) du 6 mars 2015, les associations sont encouragées à œuvrer dans les quatre domaines d’intervention précisés à l’article suivant.
Les domaines d’intervention prioritaires
Afin de répondre à ces missions, les associations s’engagent à porter leurs actions suivant quatre domaines d’intervention couvrant 13 objectifs prioritaires :
1-La transmission des savoirs par l’accès à la pratique artistique et culturelle
- Le développement culturel
- L’éducation artistique et culturelle
- La formation des acteurs culturels
- Le développement, l’accompagnement et la qualification des pratiques artistiques des amateurs
2- L’expression et l’apprentissage du sens critique
- L’action culturelle au service de la maîtrise de la langue française
- Le numérique comme levier de découverte et création culturelles
- L’éducation aux médias età l’information
3- La responsabilité citoyenne
- L’exercice de la citoyenneté
- La défense et la reconnaissance des apports culturels des minorités
- L’engagement, le bénévolat et le service civique
4- Le développement territorial
- Le maillage du territoire
- La prise en compte des territoires prioritaires et des populations en situation spécifiques
- La dimension européenne et internationale
1- La transmission des savoirs par l’accès à la pratique artistique et culturelle
La culture ne se réduit pas à sa dimension artistique mais englobe tout ce qui permet, individuellement ou collectivement, d'appréhender le monde et les rapports sociaux, pour se construire et agir. L'accès à l'art et à la culture contribue à la formation du citoyen et constitue un garant pour la démocratie, comme énoncé dans la loi d'orientation de 1998 relative à la lutte contre les exclusions.
- 1/1 Le développement culturel
L'une des missions culturelles des associations nationales de solidarité est de rendre accessibles au plus grand nombre le patrimoine architectural et artistique ainsi que les œuvres de création contemporaine. La solidarité conduit ainsi une politique destinée à mettre la culture au cœur de la vie des populations et agit dans le cadre de l'obligation de l'État d'assurer à chacun l'exercice de son droit à la culture. Le développement culturel prend en compte toutes les disciplines artistiques et culturelles.
- 1/2 L’éducation artistique et culturelle
Les associations nationales de solidarité s’engagent, en cohérence avec les différentes offres d'éducation artistique et culturelle existantes, à prendre en compte les différents temps de l'enfant, du jeune et de leurs familles : temps scolaire, périscolaire et extrascolaire et assurer leur rôle de passerelle entre ces différents temps de la vie. Elles participent activement à soutenir un continuum tout au long de la scolarité, de la maternelle à l'université.
- 1/3 La formation des acteurs culturels
La formation des différents types d’intervenants aux enjeux culturels est une condition préalable à un développement culturel abouti. La sensibilisation, la formation et la professionnalisation des acteurs des champs sociaux et culturels doivent permettre d’intensifier les compétences des relais en matière de médiation culturelle, d’accompagnement des pratiques artistiques des amateurs et de diffusion. Elle permet d’offrir et de partager les outils nécessaires à la construction de projets culturels cohérents, attentifs aux qualités et cadres de vie spécifiques des personnes auxquelles ils s’adressent.
- 1/4 Le développement , l’accompagnement et la qualification des pratiques artistiques des amateurs
Les acteurs de la solidarité souhaitent agir sur les modes d’intervention culturelle dans les territoires et apporter une attention renforcée à la création artistique, qu'elle émane des professionnels ou des amateurs. Ils renforcent la formation des professionnels qui accompagnent la création artistique des amateurs.
Ils rénovent, développent et génèrent de nouveaux types de rencontres entre pratiques amateur et professionnelle : en s'appropriant les pratiques innovantes, en encourageant la rencontre amateurs / artistes, en imaginant et concevant des outils nouveaux de la médiation dans tous les registres de l’expression et de la création. Ce développement passe aussi par le conseil et l’accompagnement d’initiatives et de projets, notamment en direction des jeunes.
2- l’expression et l’apprentissage du sens critique
- 2/1 L’action culturelle au service de la maîtrise de la langue française
Les associations s’efforcent à réduire les inégalités face à la maîtrise de la langue qui contribuent à creuser davantage les écarts dans les trajectoires individuelles, aux plans social, culturel et professionnel.
- 2/2 Le numérique comme levier de découverte et de création culturelles
Si le numérique est rapidement devenu un outil majeur de découverte, d’expression et de création artistique et culturelle, les enjeux de la fracture numérique semblent dépasser les aspects techniques et mettent ainsi en perspective des écarts d'ordre économique, sociale et culturelle. C'est dans ce contexte que les associations nationales de solidarité s’engagent à développer des actions pour que le plus grand nombre puisse s’approprier ses usages, ses pratiques et ses codes en mobilisant, notamment, les acteurs de l'écosystème numérique.
- 2/3 L’éducation aux médias età l’information
Favorisée par la transmission des valeurs et savoirs propres à chaque association, l’éducation aux médias doit développer le sens critique et celui des responsabilités personnelles et collectives.
Depuis l’éducation aux médias jusqu’à la pré-professionnalisation, des actions éditoriales ou de diffusion seront mises en œuvre à destination des jeunes, notamment sur le temps extrascolaire, mais aussi en direction de tous publics. Les fédérations peuvent avoir à participer également à la création et au développement de médias de proximité, et, dans ce cadre, seront amenées à favoriser les passerelles avec d’autres médias, locaux, régionaux ou nationaux.
3- La responsabilité citoyenne
- 3/1 L’exercice de la citoyenneté
La mobilisation associative est mise au cœur de cette action et encourage : l'expression des citoyens, la capacité de débat public, la coopération, le respect de la diversité des croyances, des opinions et des cultures, le civisme, la connaissance des institutions et de l'histoire des idées et des systèmes politiques.
- 3/2 La défense et la reconnaissance des apports culturels des minorités
La reconnaissance des apports des minorités culturelles et leur libre expression doivent participer à lutter contre les discriminations, le racisme, l’antisémitisme et la traite des êtres humains . Il s’agit de modifier les comportements et les représentations sur ce qui nous est étranger, de l’accueil à l’intégration et associer les apports des minorités comme celles des gens du voyage, des populations migrantes, immigrées et issues de l'immigration, dans la construction nationale.
- 3/2 L’engagement, le bénévolat et le service civique
L’engagement est un préalable à toute démarche de solidarité. Les associations nationales de solidarité le promeuvent et accompagnent, dans ce cadre, les bénévoles volontaires de l’encadrement et de l’animation, et les volontaires du service civique.Ils permettent à ces derniers de conforter leur apprentissage de la citoyenneté, en participant à des actions qui favorisent l’accès de tous à la culture et mettent la culture au service des valeurs républicaines.
Les associations contribuent ainsi au programme « Citoyens de la culture » sous diverses formes : formation des tuteurs, formations civiques et citoyennes à destination des jeunes, prise en charge de l’agrément de l’accueil des volontaires.
4- Le développement territorial
- 4/1 Le maillage du territoire
Les associations nationales de solidarité s’engagent à valoriser la diversité, notamment celle des ressources culturelles des territoires et à favoriser la reconnaissance de toutes les cultures et de leurs acteurs. Dans le même temps, elles participent, en partenariat et en complémentarité, à la diffusion des œuvres de création contemporaine avec les structures artistiques du territoire dans le cadre des circuits de création et de diffusion. Elles permettent de mieux conduire des stratégies participatives. Les opérations et dispositifs nationaux mis en place dans les domaines des médias, du patrimoine et de la création peuvent être des leviers déclinés sur le territoire de ce domaine d’intervention. La participation à la valorisation de l’attractivité culturelle des territoires sera également encouragée.
- 4/2 La prise en compte des territoires prioritaires et des populations en situation spécifique
Une attention particulière sera portée aux actions conduites en direction despublics les plus éloignés de la culture pour des raisons géographiques, sociales ou économiques. Les zones isolées ou fragilisées nécessitent des actions volontaires. On favorisera ainsi les interventions en faveur des habitants des territoires prioritaires (quartiers de la politique de la ville ou milieu rural) et des personnes en situation spécifique (placées sous main de justice ou sous protection judiciaire, en situation de handicap ou hospitalisées, etc.). Les conventions interministérielles mises en place pourront servir de cadres à ces interventions.
- 4/3La dimension européenne et internationale
La dimension d'éducation à l'interculturel, la dimension de solidarité internationale dans les domaines de la culture et de l'éducation ; et celle de développement des formes de citoyenneté européennes, voire mondiale sont trois grandes orientations sur lesquelles les associations nationales de solidarité peuvent s’appuyer, pour développer avec de nombreux partenaires, des échanges, des rencontres, des projets croisés.
En conclusion
Pour ce faire, les associations nationales de solidarité s’engagent à animer et qualifier leurs réseaux. Les têtes de réseaux s’appuient sur leurs structures de proximité afin de développer une politique culturelle territoriale qui réponde à l’ensemble des objectifs fixés ci-dessus.
En parallèle, elles assurent la valorisation et la synthèse des actions conduites, notamment en termes de pratiques innovantes et d’identification des publics touchés.
Ainsi, par le renforcement des réseaux et des têtes de réseaux dans leur rôle d’animation et de coordination, le maillage des territoires sera amplifié.
D’autre part le MCC mobilise ses directions des affaires culturelles dans l’application de cette convention au niveau des territoires.
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