Un sarcophage antique en plomb, mis au jour à l’occasion d’un diagnostic archéologique réalisé en juillet 2020 à Arras, a été ouvert mardi 19 janvier sous la surveillance d’un conservateur-restaurateur du métal du Centre de conservation et d’Étude (CCE) de Ribemont-sur-Ancre dans la Somme en présence de Luc Vallin et Laetitia Maggio, conservateurs du patrimoine au Service régional de l’archéologie (SRA) de la Drac Hauts-de-France. Le squelette est actuellement en cours de fouille et fera l’objet d’une étude anthropologique à la Direction de l’archéologie du Pas-de-Calais.
Une découverte rare dans le Pas-de-Calais
Suite à la demande d’extension d’un supermarché rue Auphelle à Arras, le Service régional de l’archéologie de la Drac Hauts-de-France a prescrit un diagnostic archéologique afin de préciser le potentiel du terrain. A ce titre, seule une petite partie du terrain prévue pour l’aménagement a été ouverte, soit ici 6%.
En effet une nécropole antique est partiellement connue dans ce secteur sud de la ville d’Arras par des attestations anciennes. Plusieurs sépultures ont déjà été mises au jour épisodiquement, depuis un siècle, au rythme de l’urbanisation du secteur. Par ailleurs, les nécropoles antiques sont traditionnellement installées en dehors des villes, or nous sommes en périphérie de Nemetacum, la ville d’Arras antique .
Le diagnostic a été réalisé par le service archéologique d’Arras, sous la responsabilité de Mathieu Béghin et sous le contrôle des services de l’État.
Parmi les 43 sépultures à inhumation antiques repérées, seules quelques-unes ont été intégralement fouillées dont une contenait un sarcophage en plomb d’un poids de 400 kg.
Une découverte rare dans le Pas-de-Calais, en effet 3 sarcophages en plomb ont été découverts antérieurement à Arras sans être conservés après leur découverte. A Amiens, une trentaine de sarcophages en plomb ont déjà été mis au jour et plusieurs autres dizaines dans le reste de la Gaule, en particulier dans les grandes villes antiques.
En septembre 2020, le sarcophage a été transféré pour étude à la Maison de l’archéologie du Pas-de-Calais, abritant le CCE financé à part égale par le Conseil départemental du Pas-de-Calais et la Direction régionale des affaires culturelles des Hauts-de-France .
Un sarcophage du IVe siècle après J.-C.
Daté du IVe siècle après J.-C. (Bas-Empire romain), ce sarcophage en plomb témoigne du statut privilégié du défunt, car si le matériau est peu onéreux, la mise en forme et le décor sont plus coûteux. Les clous retrouvés autour du sarcophage prouvent que ce dernier était contenu dans un coffre en bois qui s’est décomposé avec le temps. Le poids des gravats en calcaire reposant sur le coffre après l’inhumation a donc porté à un moment uniquement sur le sarcophage en plomb, provoquant son affaissement et sa déformation. Ce type d’inhumation dans la région se rencontre uniquement entre la fin du IIe siècle et le IVe siècle ap. J.C.
Le décor géométrique composé de 8 motifs de baguettes croisées par deux ou trois est assez courant sur les sarcophages en plomb de cette époque. Aucun matériel funéraire accompagnant le défunt n’a par ailleurs été retrouvé.
D’après les premières observations, le défunt est de sexe masculin, mesure 1,80 m et avait entre 25 et 35 ans. L’étude anthropologique approfondie du défunt permettra de rechercher la cause du décès, les éventuelles pathologies, et son mode d’inhumation.
Le devenir du sarcophage et de la fouille
Le sarcophage va prochainement partir en restauration au CCE de Ribemont-sur-Ancre (EPCC Somme).
Selon les dispositions du Code du patrimoine, le sarcophage et les autres mobiliers archéologiques trouvés lors du diagnostic archéologique sont propriétés de l’État. Ils sont sous la responsabilité du Service régional de l’archéologie de la Drac Hauts-de-France qui veille à leur bonne conservation.
Un transfert de propriété à la ville d’Arras est envisagé dès lors qu’un projet de conservation et d’exposition sera confirmé.
Suite au diagnostic archéologique, le Service régional de l’archéologie de la Drac Hauts-de-France a prescrit une fouille sur l’intégralité du terrain, soit 1300 m². Il sera ouvert et les structures archéologiques présentes seront intégralement fouillées. La fouille promet des découvertes intéressantes, notamment d’autres sarcophages en plomb.
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