Cinq ans après sa première édition, le dispositif conçu par le ministère de la Culture pour soutenir la filière mode, connaît un incontestable succès. Fer de lance d’une politique résolument tournée vers « le soutien à la jeune création et au rayonnement de la mode française », selon Aude Vuillier, chargée de mission design et mode à la direction générale de la création artistique du ministère de la Culture, il apporte un soutien financier au développement économique et créatif des entreprises du secteur par une subvention d’investissement dans des projets « numériques et éthiques ». « Les lauréats, dont la plupart répondent déjà aux critères d’une mode durable, vont pouvoir développer des projets numériques : par exemple, rendre plus performant leur site internet ou caler des séances photos pour avoir des images de qualité optimale ; d’autres vont faire des campagnes vidéos et promouvoir leurs savoir-faire. Parmi eux, nombreux sont ceux qui ont de belles histoires à raconter. Je pense notamment aux entreprises familiales qui sont reprises par la jeune génération », souligne Aude Vuillier.
L'ambition du dispositif ? Soutenir les projets numériques et durables
Le savoir-faire : l’autre maître-mot de l’appel à projets. Il est en effet central dans le choix qui a été fait d’élargir en 2021 le dispositif aux métiers d’art de la mode (plus de 40 métiers de la mode référencés). « A la création du bureau des industries créatives en 2021, des liens plus visibles entre les politiques publiques destinées aux métiers d’art, au design et à la mode ont été noués : d’où l’inclusion récente des métiers d’art dans l’appel à projets, poursuit Aude Vuillier. Ces jeunes marques ont en effet besoin de façonniers et de sous-traitants dont les savoir-faire sont extraordinaires mais qui souvent restent dans les coulisses. Les rendre bénéficiaires de l’appel à projets est une façon de les reconnaître ». Le savoir-faire est, avec la création, au cœur du soutien du ministère de la Culture à la filière mode. « Pour la jeune génération, la mode, ce sont les défilés, c’est être styliste, explique Aude Vuillier, or, la filière mode, c’est aussi une grande variété de métiers ». Le Forum de la mode, que le ministère de la Culture finance chaque année aux côtés du ministère de l’Économie et des Finances est une autre façon de mettre tous les métiers méconnus de la mode sur le devant de la scène. « L’an dernier, dans le cadre d’un format entièrement digital, nous avons réalisé sept vidéos sur les nouveaux métiers de la mode, lesquels ne sont pas seulement des nouveaux métiers mais aussi des métiers qui évoluent. L’objectif est d’essayer de susciter des vocations ».
Notoriété, ventes, relocalisation… les effets du dispositif sont très positifs
A l’issue des cinq premières éditions, le ministère de la Culture a dressé un bilan d’étape du dispositif, réalisé à partir d’un questionnaire envoyé à tous les lauréats. Il en ressort que le soutien – 400 000 € par an au total fléchés par le ministère, soit, 20 000 € pour chaque lauréat, assorti d’un mentorat assuré par un membre du jury – a été jugé « décisif » pour le développement de leur entreprise. A noter : en 2018, 5% des entreprises soutenues étaient situées en région, elles sont aujourd’hui 65%. Ce soutien a eu quatre effets majeurs, selon les bénéficiaires : améliorer la notoriété, augmenter les ventes, augmenter la production et la relocalisation en France, et mettre en place des démarches plus responsables.
Une vraie exigence pour produire localement et sourcer les matériaux
Autre tendance encourageante : 90% des entreprises et marques soutenues par l’appel à projets existent encore aujourd’hui. « Très peu ont fermé, c’est bon signe, surtout après les années que nous venons de connaître. Cela signifie qu’ils ont trouvé des solutions pour rester ouverts malgré la fermeture des boutiques. Vendre sur le e-commerce les a beaucoup aidés, or nous les aidons précisément sur le digital », se réjouit Aude Vuillier. Et 85% fabriquent entièrement leurs produits sur le territoire français. « Certains entament un vrai processus scientifique autour de la matière et la soumettent à une série de tests pour s’assurer de sa conformité. D’autres récupèrent les stocks des grandes maisons et créent des collections à partir de ces stocks. Tous, quoi qu’il en soit, vont chercher les matières au plus près. » Pour les autres, la subvention a principalement été utilisée pour le développement du numérique avec un investissement sur les outils et les contenus – site internet, vidéo, photographie… – qui a permis d’accroître la notoriété des marques et, dans la foulée, les ventes. Autant dire que l’appel à projets mode et métiers d’art de la mode est un dispositif d'avenir. Publication du prochain appel à projets le 6 février.
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