Le réseau des musées de France
Le réseau des 1.216 musées de France (chiffre de novembre 2022) s'est constitué progressivement, depuis la fin du dix-huitième siècle.
Dix-neuvième siècle : naissance des musées
Les premiers musées apparaissent dès la fin du dix-huitième siècle, à Paris et dans la plupart des grandes villes de France (Bordeaux, Caen, Lille, Rennes, Rouen, Toulouse...). Ils ont une vocation éducative. Leurs collections sont constituées notamment à partir de saisies révolutionnaires ou de dépôts de l'Etat. Au cours de la première moitié du dix-neuvième siècle, la plupart des villes significatives ouvrent un musée, généralement à l'initiative des municipalités, et souvent grâce à la générosité de donateurs. Ce mouvement s'accentue dans la seconde moitié du siècle. Les sociétés de type « amis des arts » jouent alors un rôle important pour l'organisation d'expositions et l'enrichissement des collections. La politique de dépôts par l'Etat est également très importante.
Vingtième siècle : trois types d'institutions
Jusqu’en 1945, les musées en région sont placés sous le contrôle mal défini d’une Inspection des musées de province. Les trente musées appartenant à l’Etat sont, eux, gérés par le ministère de l’Éducation nationale, dans une direction générale des Beaux-Arts.
A la libération, l’ordonnance du 13 juillet du gouvernement provisoire de la République française classifia les musées en trois types d’institutions :
- musées nationaux (une trentaine) ;
- musées classés (une douzaine de grands musées de région) ;
- musées contrôlés.
En 1991, l’arrêté du 5 août redéfinit et étendit le champ d’intervention de la Direction des musées de France (DMF), qui se vit alors chargée « de proposer et de mettre en œuvre la politique de l’Etat en matière de patrimoine muséographique » et « d’organiser la coopération des diverses autorités publiques dans ce domaine ».
La réorganisation de la DMF, aujourd’hui Service des musées de France (SMF), entre 1990 et 1994, mit fin à la distinction de traitement entre musées classés et contrôlés et permit ainsi une compétence générale sur tous les musées.
La loi musées de France : un texte décentralisateur
La loi musée de 2002 vint parachever ce mouvement d’émancipation des collectivités. Cette loi est avant tout un texte décentralisateur, qui vise à respecter la liberté d’organisation et la liberté de choix des personnes morales propriétaires des collections de musées. Elle précise pour la première fois la « règle du jeu » applicable aux relations entre l’Etat et les collectivités territoriales et limite, pour l’avenir, le contrôle technique de l’État aux seuls musées que leurs propriétaires auront souhaité soumettre au statut prévu par la loi.
Des conseillers pour les musées, présents dans chaque direction régionale des affaires culturelles (DRAC), sont chargés de mettre en œuvre la politique nationale en matière de musées : instruction des demandes d’appellation musées de France, des dossiers de retrait de l’appellation, des projets de rénovation ou de construction de musées etc.
Formation d'un réseau de musées de France
Il s’est ainsi formé un réseau de musées de France, constitué des musées nationaux, musées placés pour la plupart sous la tutelle administrative du Service des Musées de France et du ministère de la culture, et des musées de collectivités ou de personnes morales.
Musées de collectivités
Les musées de collectivités territoriales sont, et de loin, les plus nombreux puisqu'ils représentent à eux seuls 82% des musées de France.
Des collections remarquables
Créés, pour les premiers, dès la fin du dix-huitième siècle, ils sont aujourd’hui plus d’un millier. Leurs collections sont estimées à près de 41 millions d’objets, dont la variété s’avère étonnante. L’intérêt scientifique de ces collections est extrêmement important, à la fois par la diversité des origines ainsi que par l’originalité ou la rareté de certains objets eux-mêmes. Pas un seul musée de France, même parmi les plus modestes, qui ne conserve sa « Joconde » : Ephèbe d’Agde, Eve d’Autun... ces chefs d’œuvre sont si nombreux qu’il est impossible de les énumérer.
Des musées de stature internationale
Beaucoup de ces musées ont une réputation internationale, notamment quand ils témoignent d’un moment d’histoire (musée de la Compagnie des Indes à Lorient, de la Grande Guerre à Meaux, mémorial de Caen, un musée pour la paix…). La nature même des collections peut justifier cette aura internationale. Ainsi le musée d’Auch est-il connu internationalement pour sa collection d’objets en plumes d’origine précolombienne, celui de Boulogne-sur-Mer pour ses masques Alutiiq d’Alaska…
Des musées monographiques
Les musées consacrés à des personnalités sont nombreux, qu’il s’agisse de gens de lettres, très présents (musées Balzac à Paris, Barbey d'Aurevilly à Saint-Sauveur-le-Vicomte, Corneille et Flaubert à Rouen, Dumas père à Villers-Cotterets, Victor Hugo à Paris et Villequier, La Fontaine à Château-Thierry, Mallarmé à Vulaines-sur-Seine, Rimbaud à Charleville-Mézières, Romain Rolland à Clamecy, Edmond Rostand à Cambo-les-Bains, Rousseau à Montmorency, George Sand à Nohant…), de musiciens (Saint-Saëns à Dieppe, Berlioz à La Côte-Saint-André), d’artistes (Eugène Boudin à Honfleur, Camille Claudel à Nogent-sur-Seine, Ingres à Montauban, Lalique à Wingen-sur-Moder, Matisse au Cateau-Cambrésis et à Nice, Toulouse-Lautrec à Albi…), de figures politiques (Jaurès à Castres, Louis-Philippe à Eu...) ou scientifiques (musées Braille à Coupvray, Champollion à Figeac…).
Des acteurs pour les territoires
Qu’elles jouissent d’une renommée internationale ou nationale, ces institutions jouent également un rôle important auprès des habitants de la collectivité. Notamment pour ceux qui témoignent de l’histoire d’un territoire, souvent largement ouvert sur d’autres horizons (musées alsacien, basque, dauphinois, d’Aquitaine, de Bretagne, de Normandie…). Cette histoire peut être liée à des savoirs faire (cité de la dentelle et de la mode à Calais, musée de la lutherie à Mirecourt, musée de la nacre et de la tabletterie à Méru, musée du vignoble nantais…).
Dotés d’un service des publics, ces institutions organisent ateliers, conférences, visites, concerts. Les expositions temporaires, très nombreuses, sont généralement l’occasion d’élargir le point de vue sur les collections du musée. Scientifiquement remarquables, et parfois extrêmement ambitieuses, ces expositions ont un retentissement qui dépasse souvent les frontières de la collectivité.
Dans plusieurs régions (Centre-Val-de-Loire, Hauts-de-France, Normandie, Nouvelle Aquitaine, Occitanie), les musées ont choisi de se regrouper virtuellement, sous la forme d’un site Internet, pour mieux faire connaître leurs actions et leurs collections.
Au plan purement administratif, on assiste aujourd’hui au développement de l’intercommunalité, laquelle offre aux musées des moyens de développement importants.
Restitution de l'enquête sur les musées de France (musées territoriaux), données 2017
Une enquête transversale a été menée en 2018 auprès des 1214 musées de France. Les institutions ont été sollicitées par le biais d’un questionnaire en ligne. Sept thématiques ont été retenues : 1. Informations générales ; 2. Informations juridiques ; 3. Eléments budgétaires ; 4. Ressources humaines ; 5. Equipements ; 6. Collections et 7. Publics. Ces informations concernaient l’année 2017.
Vous trouverez dans le document ci-dessous les données relatives à une vingtaine d’indicateurs pour les 809 musées territoriaux répondants.
La restitution des données relatives aux publics est disponible dans l’observatoire des publics des patrimoines «Patrimostat 2018».
Musées nationaux
Le réseau des musées nationaux compte 61 musées qui sont caractérisés par la détention, la conservation et la valorisation de collections nationales. Les collections nationales recouvrent les œuvres d’art, les biens culturels, scientifiques ou techniques appartenant à l’Etat.
Autres musées de France
S’ils représentent à peine plus de 10% des musées de France, musées associatifs et de fondations n’en sont pas moins des acteurs importants du paysage culturel de notre territoire. Là encore, leurs collections sont aussi riches que variées.
Musées associatifs
Les musées de France de statut associatifs sont au nombre d’environ 120. Certains sont les héritiers de prestigieuses sociétés savantes, tels les musées de l'académie du Val d'Isère à Moûtiers ou de la Société des antiquaires de Normandie à Caen.
Beaucoup sont :
- des musées de société (musées du protestantisme, de la Réforme à la laïcité à Ferrières, d'art et d'histoire du judaïsme à Paris, de la Franc-Maçonnerie à Paris, Calvin à Noyon) ;
- des musées de territoire (écomusées de la Bresse bourguignonne à Pierre-de-Bresse, de l’Avesnois à Fourmies-Trélon, musées Béarnais à Pau, du vieux Reims…) ;
- des musées techniques ou industriels (musées national de l'automobile - collection Schlumpf et EDF-Electropolis à Mulhouse).
Contrairement à une idée reçue, les musées associatifs ne sont pas tous des petites structures. Ainsi, les musées des arts décoratifs, à Paris, le musée Unterlinden, à Colmar, ou l’Historial de Péronne, sont des musées associatifs.
Musées de fondations
Les musées de fondations sont assez rares en France : moins d’une dizaine. Néanmoins, là encore, les thématiques sont extrêmement variées, de la fondation Arp à Clamart, au musée Yves Saint-Laurent à Paris, en passant par la fondation de Coubertin à Saint-Rémy-les-Chevreuse, en passant par les musées des arts africains et asiatiques à Vichy, de la chasse et de la nature, ou de l’Institut du monde arabe, à Paris.
La Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais (Rmn-GP)
Parfois confondue avec le Service des musées de France, qui assure le contrôle scientifique et technique sur les 1.220 musées de France, la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, exerce une mission de service public auprès de la trentaine de musées nationaux placés sous la tutelle du ministère de la culture.
Missions
Parmi les dons et legs consentis aux musées nationaux, il n'y avait pas uniquement des œuvres ou des objets d'arts. Il pouvait y avoir, par exemple, des biens immobiliers. Or, l'administration n'était pas en mesure d'assurer techniquement la gestion de ces biens, ou celle des recettes de billetterie. Aussi, en 1895, a-t-il été décidé de créer un établissement public destiné à recueillir les dons et legs consentis en faveur des musées nationaux, de gérer leurs recettes de billetterie, de mutualiser les moyens en faveur des acquisitions : la Réunion des musées nationaux (RMN).
Dans la seconde moitié du vingtième siècle, la RMN va développer des savoirs-faire importants, notamment dans le domaine de l'organisation d'expositions, de l'édition de catalogues et de la prise de vue d'objets d'arts. Elle demeure, encore aujourd’hui, le principal opérateur culturel européen en matière de production d’expositions). cette compétence lui a valu d'assurer la programmation du musée du Luxembourg, à Paris, pour le compte du Sénat, depuis 2010.
Alors que se multiplient les boutiques de musées et la demande de produits dérivés inspirés par les collections des musées (cartes postales, moulages...), la Réunion des musées nationaux est transformée en établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), en 1990.
En 2011, la Rmn fusionne avec l’établissement public du Grand-palais et devient alors la Réunion des musées nationaux - Grand Palais (RMN-GP).
L’Agence photo RMN Grand Palais
254-256 Rue de Bercy, 75012 Paris
Tél.: 01 40 13 48 00
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