Ethnologie
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Associée au départ à la volonté de recueillir des traces et des témoignages des cultures dites "populaires", "traditionnelles" ou "régionales" (comme des plus lointaines), l’ethnologie s’est trouvée progressivement impliquée dans la politique de démocratisation de la Culture. Notamment pour prendre en compte la dimension sociale du Patrimoine, pour rendre légitimes des demandes venant de groupes qui n’avaient pas droit de cité auparavant, ainsi que certaines formes de revendication du local dans le contexte historique de la décentralisation.
L’une des missions du conseiller en charge de ce domaine, sans tomber dans un relativisme excessif, est par conséquent de promouvoir des critères d’appréciation quelque peu changeants (1). En référence à d’autres acceptions de la notion de culture, en faisant valoir la richesse et la complexité de significations propres à des genres moins valorisés, en s’attachant à la question de la réception des œuvres, de leur consommation très différenciée selon les milieux ou de leurs modes de partage radicalement transformés dans les dernières décennies (2).
Le développement de l’intérêt porté au patrimoine ethnologique a pu être considérable, à travers, pêle-mêle :
- la sauvegarde et la restauration du patrimoine bâti rural ou celle du patrimoine industriel ;
- la multiplication des écomusées et des "musées de société" ;
- l’édition régionaliste (ou bien à vocation plus largement anthropologique) ;
- le succès des musiques traditionnelles et autres "musiques du monde" ;
- le renouveau du conte traditionnel et l’attention désormais portée aux sources orales, notamment par le recueil de la mémoire dans de nombreuses communautés ;
- la redécouverte des anciens savoir-faire, tant pour les artisanats traditionnels que pour certaines fabrications alimentaires, ou bien pour l’entretien des paysages ;
- la place faite aux cultures immigrées ou à certains aspects des cultures urbaines ;
- enfin, ce qu’il est convenu d’appeler, au terme d’une récente convention de l’Unesco, le Patrimoine culturel immatériel.
On comprendra qu’un champ d’initiatives aussi diffus, qui rassemble les marges des anciens domaines académiques, sans légitimité vraiment acquise, ne soit pas régi par des procédures de reconnaissance et de soutien, voire des règlements comme il en existe dans beaucoup d’autres secteurs de la Culture. Ce genre de choses ou de pratiques "ordinaires" ne justifie au fond d’une attention qu’en fonction des recommandations ou des revendications des communautés qui en demeurent dépositaires, et par l’effet d’une "demande sociale" qui continue à les faire vivre.
Le corollaire est naturellement que de semblables manifestations ne peuvent être figées, qu’elles sont amenées à se recréer en permanence. Au point que d’autres prenant forme sous nos yeux justifient un égal intérêt. (Situation évidement très différente de ce qui vaut pour le monument, la trace enfouie ou le trésor artistique). Aussi la démarche consiste-t-elle avant tout ici en un effort d’étude, c'est-à-dire de description et de compréhension, d’analyse des significations elles-mêmes changeantes qui peuvent se nouer autour d’un élément (3).
La tâche du conseiller, dans ces conditions, est de relier les initiatives des chercheurs (universitaires, doctorants, érudits ou parfois simples amateurs) et celles d’institutions culturelles très variées : musées, centres d’archives, associations plus ou moins spécialisées, outre les collectivités locales, bien entendu, et notamment les parcs naturels régionaux.
La célébration de ce patrimoine au contact d’un public très large consiste pour l’essentiel en publications, conférences, documents audio-visuels et expositions.
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1 - L’influence de l’ethnologie a d’ailleurs été souvent critiquée comme une espèce de dévoiement au regard des exigences de "L’exception culturelle" (selon une interprétation des Lumières en vérité un peu tronquée).
2 - Soit en gros le parti que l’anthropologue Michel de Certeau avait intitulé en son temps La culture au pluriel, dans un essai assez célèbre qui avait lui-même fait suite à une commande du ministère Duhamel en vue d’une redéfinition des objectifs de la politique culturelle.
3 - Sa "patrimonialisation" pour recourir à un néologisme que les ethnologues ont largement contribué à répandre.
Contact
Nathalie Poux
Chargée de la valorisation du patrimoine et de l’architecture
Tél. 05 67 73 20 46
nathalie.poux[@]culture.gouv.fr
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