Langue française et Francophonie dans le monde
Le modèle français de diplomatie culturelle et d’influence est historiquement indexé sur notre langue. Mais il est aujourd’hui évident que la France peut faire entendre sa voix de multiples façons, au nom de la diversité culturelle et du plurilinguisme : en Europe, en francophonie, et dans l’écosystème de toutes les autres langues.
1. La promotion du français, priorité du réseau diplomatique français
Chargé de promouvoir les idées, la langue et la culture françaises et de défendre la Francophonie et la diversité culturelle, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères agit dans des domaines variés, par son réseau et avec ses partenaires à travers le monde.
Les coopérations éducatives et linguistiques
L’action du MEAE passe par un soutien renforcé aux systèmes éducatifs locaux (formation des cadres et enseignants – plus de 50 000 par an), un recours à l’instrument Fonds de solidarité pour les projets innovants (FSPI) en doublant son financement entre 2019 et 2021 (à 9 millions d’euros), comme par le déploiement du Label FrancEducation dans les filières bilingues francophones (587 établissements dans 62 pays).
Le réseau de l’enseignement français, un enjeu majeur de coopération
Ce réseau, animé par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), opérateur public sous tutelle MEAE, scolarise en 2022 près de 390 000 élèves (40 000 de plus qu’en 2018), dans 567 établissements homologués par le MENJ dans 138 pays. Il inclut la Mission laïque française (MLF), association à but non lucratif liée à l’État par convention, responsable ou partenaire de 108 établissements homologués.
Un réseau culturel dynamique
Le réseau culturel se compose notamment de 137 services de coopération et d’action culturelle (SCAC), 96 Instituts français et 6 centres culturels franco-étrangers, et de plus de 830 Alliances françaises dans 134 pays, dont 424 conventionnées.
L’Institut français
Acteur essentiel de cette politique, l'Institut français est placé sous la tutelle du MEAE et du ministère de la Culture, avec trois missions fondamentales : promouvoir la culture et la langue françaises, œuvrer à la diversité culturelle, amplifier l’action du réseau culturel.
La fondation Alliance française
L’Alliance Française, avec près de 500 000 apprenants, apporte sa contribution à l’enseignement du français, portée par la société civile dans un cadre associatif de droit local. Depuis 140 ans, elle associe langue, culture et promotion du plurilinguisme.
L’audiovisuel extérieur de la France
L’audiovisuel extérieur de la France contribue à promouvoir le français, la francophonie et le plurilinguisme. Composé du groupe France Médias Monde (France 24, RFI et Monte Carlo Doualiya) et d’une participation à TV5MONDE, chaîne multilatérale francophone, incarne la diversité et la fiabilité de l’information.
2. La langue française au cœur de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)
L’OIF réunit 88 Etats et Gouvernements ayant le « français en partage ». Elle affirme l’importance de défendre le français pour son identité comme pour la coopération multilatérale entre ses membres.
Lors du XVIII° Sommet de la Francophonie, réuni en novembre 2022 à Djerba (Tunisie), les participants ont adopté à l’unanimité une Déclaration sur la langue française dans la diversité linguistique de la Francophonie. Elle comporte un mécanisme de suivi fondé sur les travaux de l’Observatoire de la langue française, assorti d’une offre de coopération adaptée au terrain. À travers le nouveau Cadre stratégique 2023-2030, la priorité est de renforcer l’influence des francophones dans le monde ainsi que l’usage et l’enseignement de la langue française. Pour cela, l’OIF mène des actions significatives :
- Enseigner plus et mieux le français et en français : programme de mobilité des enseignants volontaires pour un enseignement de qualité du ou en français ; dispositif des Centres régionaux pour l’enseignement du français (CREF) consolidé (3 continents, 18 États, 50 000 enseignants) ; Initiative francophone pour la formation des maîtres (IFADEM) et bi-plurilinguisme porté par École et langues nationales (ELAN).
- Promouvoir la langue française à l’international : dans les instances multilatérales pour « faire reculer le recul du français » ; ressources numériques pour les formateurs (partenariat TV5MONDE).
- Appuyer les industries culturelles et créatives (ICC) en français : recommandations des États généraux du livre en langue française et réseau numérique des acteurs du livre ; valorisation des écrivains (prix des Cinq continents) et traducteurs (prix Ibn-Khaldoun Senghor) ; 320 Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) dans 21 pays.
- Mettre le numérique au service de la langue française : plateforme collaborative « Parlons français » pour l’offre de formation de l’OIF ; valorisation des contenus en ligne, éducatifs, culturels, cinématographiques (fonds Francophonie TV5MONDEplus) ; sensibilisation aux enjeux économiques de cette « découvrabilité » des contenus.
3. Des politiques linguistiques internationales : coopérations et réseaux
Le ministère de la Culture contribue à la dimension internationale de nos politiques linguistiques. Dans ce cadre, la DGLFLF mène notamment des coopérations bilatérales spécifiques en faveur de la langue française et du plurilinguisme.
Outre un dialogue privilégié avec le Québec, comme avec d’autres partenaires francophones, c’est avec une grande diversité d’interlocuteurs que collabore la DGLFLF. Cela permet d’une part un échange d’expertise sur les politiques publiques des langues, et l’élaboration de projets innovants très opérationnels d’autre part.
Trois exemples d’actions bilatérales
En Chine et en Corée : le projet CINE-FLE associe la diffusion du cinéma ou des séries en langue française et l’enseignement/apprentissage du français langue étrangère (FLE). La DGLFLF et le Centre national de la cinématographie et de l’image animée (CNC) ont développé ces dispositifs contextualisés, incluant traduction, sous-titrage et équipement pédagogique des films, en partenariat avec les Instituts français de Chine (2019) et de Corée (2021), et le CAVILAM – Alliance française de Vichy.
Au Portugal : en décembre 2022 à Lisbonne, dans le fil de la Saison France-Portugal, un séminaire sur « Les langues française et portugaise dans la mondialisation » a questionné nos politiques linguistiques, au défi de l’innovation et pour des réponses européennes multilingues (DGLFLF, ambassade de France, Institut français au Portugal, Institut Camões).
En Islande : le dictionnaire islandais-français LEXIA (numérique et libre d’accès) a été lancé à Reykjavik, en juin 2021. Ce projet ambitieux, emblématique de la coopération culturelle et scientifique entre les deux pays depuis de nombreuses années, a été accompagné avec constance par le ministère de la Culture (DGLFLF et Centre national du livre, CNL). LEXIA concrétise les potentialités du numérique pour le plurilinguisme et illustre l’engagement de la France en faveur de la diversité culturelle en Europe et dans le monde.
S’appuyer sur les réseaux internationaux
Le ministère de la Culture inscrit son action linguistique au sein de réseaux internationaux de solidarité à différentes échelles. En Francophonie, le réseau francophone OPALE réunit les Organismes de politique et d’aménagement linguistiques (France/DGLFLF, Québec, Suisse romande, Wallonie-Bruxelles et OIF) pour un partage d’expertise et de projets.
En Europe, la Fédération européenne des institutions linguistiques nationales (FEILIN) réunit les représentants et experts d’une trentaine de pays européens pour travailler sur nos politiques des langues. Interlocuteur de référence des institutions européennes, elle y développe des projets pluriannuels.
Dans le monde, les ministères de l’Europe et des Affaires étrangères, de l’Éducation nationale et de la Culture, comme l’OIF, soutiennent la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF), en faveur des 900 000 professeurs de français dans le monde (dont la Journée internationale du prof de français).
Pour aller plus loin
Entretien avec Leila Slimani, représentante personnelle du Président de la République pour la Francophonie, à retrouver dans le Rapport au Parlement sur la langue française 2023.
Le français est présent sur tous les continents, qu’il soit langue officielle, langue d’enseignement ou langue étrangère. Il faut tenir compte de l’extrême variété de ses formes et de ses pratiques, rappelle ici Leila Slimani.
Depuis longtemps, il fallait prendre acte que la Francophonie devait être repensée comme une réalité ouverte, plurielle et décentrée. Et constater que le français est aujourd’hui davantage parlé hors de France que sur notre territoire ; la France, si elle a un rôle majeur à jouer, n’est plus le centre de la Francophonie !
Le plan présidentiel pour la langue française a fait bouger les lignes : il a permis la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts comme le Dictionnaire des francophones, deux projets neufs qui incarnent cette Francophonie pour laquelle je me suis engagée, au service de tous les francophones. Ils montrent le français « langue monde », épanoui sur tous les continents, avec ses tournures, ses métaphores, propres à chaque paysage, à chaque histoire. On voit que le français est une langue extraordinairement plastique, en transformation, en créolisation constante. Une éponge qui absorbe tout ce qu’il y a autour d’elle. On y entend de l’espagnol, de l’arabe, du wolof... Aucune langue n’est pure ! Pour moi, le plurilinguisme est une évidence : la Francophonie est une composante de cette polyphonie universelle. Car plus un être humain parle de langues, plus il gagne en humanité.
Le français est une langue vivante, moderne, pour penser et créer le monde de demain. La langue française est langue de désir : elle n’appartient à personne, qu’à ceux qui la parlent et à ceux qui l’aiment.
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