RETOUR DU HAUT CONSEIL SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE
Cette séance revêtait une importance particulière en remettant sur le devant de la scène tous les acteurs concernés par l’ambitieuse politique présidentielle du « 100% EAC ». Jeanne Moreau, célébrée dans une superbe exposition à la Maison Jean Vilar, haut lieu symbolique de la culture pour tous qui a accueilli les membres toute la matinée, aimait dire : « On ne recommence jamais sa vie. On la continue ». Tel est, pour résumer, le destin de cette assemblée qui, pour répondre aux desseins d’une grande politique culturelle à destination de tous les jeunes, se voit reprendre, dans un nouvel élan, ses réflexions qui devront mener à des propositions concrètes pour la généralisation de l’éducation artistique et culturelle.
UNE JOURNÉE DE TRAVAIL EN 3 ACTES
Françoise NYSSEN a ouvert cette journée de travail en rappelant les grandes actions menées avec l’ensemble des partenaires pour atteindre ce « 100% EAC », la genèse du Haut Conseil, ainsi que ses grandes orientations pour l’année à venir. La séance s’est poursuivie autour des thématiques prioritaires à traiter. L’après-midi, en séance publique, les membres ont été invités à participer à une table ronde sur « La question des droits culturels au cœur de l’EAC », qui se déroulait dans le cadre des « Ateliers de la Pensée », sur le site de l’Université d’Avignon.
Avant son départ pour l’inauguration de la réouverture du musée de Lodève, Françoise NYSSEN a tenu à remercier le vice-président du Haut Conseil, Emmanuel ETHIS, renouvelé dans ses fonctions pour une période de 5 ans avec une nouvelle lettre de mission, pour son : « engagement constant, déterminé et passionné ». Engagement, détermination et passion pourraient aussi être les 3 maîtres-mots à l’aune desquels les membres du Haut Conseil porteront leurs réflexions.
ENGAGEMENT
Remerciant les membres pour leur présence, Emmanuel ETHIS a souligné la symbolique du lieu de cette séance, et le cadre dans laquelle elle s’est déroulée, le Festival d’Avignon « lieu d’EAC, lieu d’expérimentation par le théâtre, par l’art et par la rencontre », lieu précurseur donc des 3 grands piliers de l’EAC, rappelés dans la charte élaborée par la Haut Conseil en 2016 et pour laquelle s’engagent l’Etat et tous les membres du Haut Conseil.
L’engagement de l’État pour la relance du Haut Conseil s’est concrétisé par une nouvelle lettre de mission à Emmanuel ETHIS et la création d’un secrétariat général comprenant une secrétaire générale et une chargée de mission qui auront bientôt leur bureau au sein de l’Institut national d’histoire de l’art. Françoise NYSSEN s’est réjouie de cette « vraie structuration ancrée dans le réel ». Le Haut Conseil a ainsi franchi des étapes d’organisation importantes et aura pour mission, au travers d’un calendrier de réunions plus systématiques avec 4 séances plénières par an et des groupes de travail, de proposer des mesures concrètes et visibles et de mieux valoriser les projets EAC les plus innovants.
Enfin, les 2 dernières priorités, pour cette année, sont le développement des conventions régionales et la création de deux nouveaux collèges au sein du HCEAC : un « Collège jeunes », afin que les principaux concernés puissent faire entendre leurs voix et un « Collège des territoires 100% EAC », véritables catalyseurs de cette politique. A cet égard, Françoise NYSSEN a tenu à saluer le travail de David LISNARD, maire de Cannes, qui a réussi à faire adhérer tous les établissements publics et privés de la ville à une politique « 100% EAC », avec, à la clé, une attestation remise aux élèves valorisant leur parcours d’éducation artistique et culturelle. Château-Thierry et Château-Arnoux-Saint-Auban vont être accompagnées par le ministère de la Culture pour être de véritables laboratoires de l’EAC.
L’engagement des membres
L’éducation artistique et culturelle étant une politique de « vaste écosystème », pour reprendre l’expression de la ministre, l’élargissement du Haut Conseil à 30 membres est aussi un signe d’une volonté de dialogue et d’échanges entre des représentants venant d’horizons variés, mais tous engagés au même titre pour que tous les jeunes bénéficient d’un vrai parcours d’éducation artistique et culturelle, de la maternelle à l’université, sans oublier les jeunes en situation de handicap, les mineurs isolés étrangers ou encore les mineurs sous main de justice. Comme l’a souligné Eléonore LADREIT DE LACHARRIÈRE, déléguée générale de la Fondation Culture et Diversité, « le futur de l’EAC est l’accès à la culture pour les jeunes les plus éloignés ».
Chaque membre partage la même force de conviction et l’idée, vantée jadis par Victor Hugo, que « chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne. » Thierry MARTY, adjoint au maire de Libourne, en a donné un bel exemple, en montrant qu’au terme d’un an de travail avec un musicien se déplaçant dans les écoles, les inscriptions au conservatoire de musique des jeunes issus des familles les plus modestes, étaient passées de 0 à 50.
Cet idéal partagé d’accès à la culture pour tous a pu être rappelé par les membres présents à travers l’évocation d’actions concrètes : « Les Journées des arts et de la culture dans l’enseignement supérieur » (JACES), les « Journées citoyennes » organisées par les FRANCAS du Rhône, l’intervention, partout en France, des Tréteaux de France ou encore le « Prix de l’audace artistique et culturelle ».
DETERMINATION
La détermination des membres s’est bien perçue dans la discussion menée à bâtons rompus autour des thématiques de travail proposées pour l’année 2018 / 2019. Chacun a pu donner son avis sur les choix proposés, compléter les propositions et les illustrer par des exemples concrets.
6 thématiques ont donc été proposées :
- Les Villes ou collectivités 100 % EAC
- L’EAC dès la petite enfance
- L’EAC dans les territoires isolés
- L’évaluation de l’EAC
- Les ressources territoriales
- La formation à l’EAC
Chaque membre s’inscrira dans des groupes de travail qui se réuniront entre les séances plénières. L’idée n’étant pas, comme l’a souligné Emmanuel ETHIS, « de faire des rapports supplémentaires mais d’avancer sur des propositions concrètes, repérer des manques, des faiblesses, des dispositifs remarquables. »
PASSION
Si l’EAC est une politique, c’est aussi et surtout un univers qui touche l’émotion, le sensible, l’âme, c’est donc un univers qui invite à des débats animés et engagés : Robin RENUCCI, directeur des Tréteaux de France, militant de l’éducation populaire, a demandé que l’EAC figure dans les programmes scolaires et que se multiplient les formations croisées entre enseignants et acteurs culturels. De nombreux témoignages émouvants ont été rapportés sur les actions EAC dans le milieu de la protection judiciaire de la jeunesse, de l’univers carcéral ou dans les quartiers politique de la ville, ce qui montre combien les terrains de pratiques artistiques sont des terrains de mixité sociale.
Échanges passionnés et passionnants également autour du sujet des droits culturels, au centre de la table ronde organisée aux « Ateliers de la pensée », l’après-midi, en séance plénière et animée par Emmanuel ETHIS et Béatrice MACÉ, co-directrice des Rencontres Trans Musicales de Rennes.
Après une introduction de Philippe ELLERKAMP, président de l’université d’Avignon, Olivier PY est intervenu pour défendre sa vision des arts et de la culture, derniers remparts contre le populisme et vanter les richesses de l’EAC permettant aux jeunes « d’être soi-même, de se rencontrer, de s’accomplir, de s’ouvrir, de rencontrer les autres et de se rencontrer soi-même en rencontrant les autres. Si c’est ça que fait l’éducation artistique, elle n’est pas périphérique, elle est centrale ! »
Luc CARTON, grand témoin de cette table ronde, philosophe, membre du Conseil scientifique de l’Observatoire des droits culturels et de la diversité culturelle de Fribourg, directeur à l’Inspection générale de la Culture, FWB (Belgique francophone) a présenté les fondamentaux des droits culturels en exposant comment ils s’articulent avec l’éducation artistique et culturelle.
POUR CONCLURE….
Cette séance de relance du Haut Conseil sous les auspices de Jean Vilar, chantre d’un art qui ne voulait exclure personne, augure de riches heures de dialogue et de réflexion pour que l’EAC soit, pour tous les jeunes, la base d’une vie de citoyen épanouie, ouverte à autrui et à l’écoute de ses propres choix.
« Le TNP est au premier chef un service public, tout comme le gaz, l’eau, l’électricité » …Puissent ces paroles de Jean Vilar, rappelées par Françoise NYSSEN résonner encore aujourd’hui afin que tous soient convaincus que l’EAC est indispensable et vitale à l’épanouissement de tous les jeunes.
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