Un peu d’histoire…
La reconstruction de la cathédrale de Strasbourg, lancée vers 1180 par l’évêque Henri de Hasenbourg, a débuté par l’est, depuis le chevet. Faisant partie de la première campagne de travaux, la croisée du transept a alors été couverte d’une vaste coupole octogonale, portée sur quatre trompes au-dessus des piliers d’angle. La voûte, bâtie en briques avec des nervures en grès, est percée de huit petites fenêtres cintrées éclairant le chœur. Bien qu’elle ait subi au moins trois incendies majeurs au cours des siècles, et un bombardement en 1944, la structure est parvenue jusqu’à nous dans un état de grande intégrité, mais elle n’a jamais été étudiée de manière approfondie.
La campagne de restauration 2022-2024, un chantier 100 % État
La présente campagne de restauration, sous maîtrise d’œuvre de l’architecte en chef des monuments historiques Pierre-Yves Caillault, vise principalement à supprimer le ciment qui avait été appliqué sur l’extrados à la fin du XIXe siècle et à purger la maçonnerie médiévale des sels qui l’avaient contaminée. Bénéficiant d’un échafaudage suspendu à plus de trente mètres au-dessus du chœur, ce chantier permet, pour la première fois, un examen rapproché de tous les parements, avant leur nettoyage et la restitution de leurs enduits. Les travaux, dont le service de la conservation régionale des monuments historiques (CRMH) assure la maîtrise d’ouvrage et, en lien avec le service régional de l’archéologie (SRA), le contrôle scientifique et technique, intègrent donc une étude d’archéologie du bâti.
L’archéologie du bâti, une discipline récente en France
Cette discipline, qui s’est développée en France et en Europe depuis les années 1980, vise à étudier les bâtiments anciens conservés en élévation :
- en appliquant les méthodes de l’archéologie : principalement l’analyse stratigraphique, par la lecture des continuités et des changements d’appareil, des reprises de maçonneries ou des coutures, etc.
- et en recourant aussi systématiquement que possible aux méthodes de datation archéométriques : notamment la dendrochronologie, mais aussi, par exemple le radiocarbone ou la thermoluminescence.
L’archéologie du bâti sur le chantier de la coupole de Notre-Dame de Strasbourg
Concernant la coupole de la cathédrale, l’étude d’archéologie du bâti est menée, depuis octobre 2022, sur les échafaudages et avant tous travaux de restauration, par une équipe dirigée par Heike Hansen, chercheuse spécialisée en architecture religieuse médiévale.
OUTILS - L’étude s’appuie, en particulier, sur des relevés lasergrammétriques (scan laser 3D) et orthophotographiques extrêmement précis.
CONTENUS – L’étude permet :
- d’identifier les vestiges relevant de l’état primitif de la coupole,
- de reconstituer son histoire architecturale et les phases de son évolution, depuis son origine (vers 1200) jusqu’à nos jours,
- et, pour chaque phase identifiée, d’étudier les matériaux et les techniques de construction (dispositifs d’échafaudage, de construction, de levage des pierres, signes lapidaires, etc.), les dispositifs d’éclairage et d’aération, les traces d’enduits et de décors peints, les dispositifs fonctionnels, etc.
RÉSULTATS, UTILITÉ ET VALORISATION - Les informations livrées par l’étude archéologique du bâti seront consignées dans un rapport d’étude et, à termes, dans une publication. Ils serviront, in fine, à étayer les choix de la restauration.
Restauration de la coupole de la croisée 2022-2024 : un chantier État
Maîtrise d’œuvre : Pierre-Yves CAILLAUT architecte en chef des monuments historiques (ACMH)
Maîtrise d’ouvrage : Direction régionale des affaires culturelles du Grand Est – service de la conservation régionale des monuments historiques (CRMH).
Contrôle scientifique et technique (CST) : DRAC Grand Est – CRMH, en lien avec le service régional de l’archéologie (SRA).
Coût global : environ 2 millions d'euros (100% ministère de la Culture - DRAC Grand Est).
A visionner un reportage sur France 3 (début à 23:00)
En savoir plus sur la restauration de la coupole de Notre-Dame de Strasbourg
Le lancement du chantier
Le chantier en images
Partager la page