Les tombes à char
Dans les tombes à char, le défunt est enterré avec ou sur un char, et est souvent accompagné d'un riche mobilier funéraire (céramiques, métaux précieux, etc.). Le char représente le pouvoir et le rang social de la personne (homme ou femme) inhumée.
Cette pratique funéraire se développe depuis le Premier Age du Fer (VIIe siècle avant notre ère), jusqu’à la fin de la période gauloise, au début de notre ère.
Les plus anciennes structures de ce type contiennent des chars à 4 roues comme celle de Vix.
Au Second Age du Fer, il s’agit de chars à 2 roues. La région Champagne-Ardenne est connue pour les tombes à char du début du Second Age du Fer (entre le Ve et le IVe siècle avant notre ère), par exemple celles de Bourcq ou de Semide.
A Warcq, les éléments mis au jour se sont révélés exceptionnels. Outre la localisation, aucune autre structure de ce genre n’était connue dans les crêtes pré ardennaises, les dimensions (5,5 m x 2,8m) et les volumes (1,1 m de profondeur conservées) sont également atypiques. De même, le milieu humide a permis la conservation du coffrage et du plafond en bois. Ce dernier s’est effondré sur le sol de la chambre, sur lequel reposaient les objets et animaux qui accompagnaient le défunt.
Le mobilier funéraire découvert
Le mobilier funéraire est composé d’un char d’apparat à deux roues, décoré à l’aide d’objets en bronze placés sur la caisse, les moyeux et le joug et d’objets en bois recouverts d’une fine feuille d’or ; de trois vases en céramiques entiers écrasés lors de l’effondrement du toit de la chambre ; d’un probable fourreau, de forces, d’une fibule et d’un rasoir en fer ; d’objets en bronze sertis de pâte de verre rouge et de perles de verre bleu, sans doute liées au vêtement du mort. Le défunt, probablement un homme au vu du mobilier qui l’accompagne, portait au cou un collier en or et reposait sur la caisse du char. La présence d’un cochon est interprétée comme une offrande alimentaire.
Quatre chevaux inhumés avec le défunt
L’élément le plus spectaculaire, et surtout inédit, réside dans la présence de quatre chevaux inhumés avec le défunt, deux dans les angles sud-ouest et nord-ouest et deux à l’avant du char, sous le joug. Tout semble indiquer une mise en scène funéraire extrêmement recherchée et dont certains aspects ne sont pas habituellement présents dans les tombes à char fouillées jusqu’alors en Champagne. Le fourreau, en particulier, est plié en deux, ce qui est une pratique courante dans les tombes celtiques d’Italie du nord, mais qui est peu attestée en Gaule. De même, l’un des vases comportent une décoration géométrique, probablement à l’étain, dont aucun équivalent n’a été trouvé, pour l’heure, dans nos contrées.
Enfin, même s’il est encore trop tôt pour avoir une chronologie précise, les indices disponibles permettent de proposer une datation à la Tène D1, c'est-à-dire à la fin du IIe-début du Ier siècle avant notre ère, période où ce mode d’inhumation a pratiquement disparu.
Texte de Bertrand Roseau
cellule départementale d’Archéologie des Ardennes (Conseil général des Ardennes)
La cellule archéologie du Conseil général des Ardennes
Dotée de 6 agents permanents, la cellule archéologie a été agréée le 22 juin 2009 par le ministère de la Culture et de la Communication pour la réalisation des diagnostics sur le territoire départemental, et de fouilles gallo-romaines et médiévales. L'agrément a été renouvelé pour 5 ans, à compter du 22 juin 2014. En cinq ans, elle a réalisé 84 opérations de diagnostic pour une superficie de 458 hectares.
Aménagement
Dreal Champagne-Ardenne
Contrôle scientifique
Drac Champagne-Ardenne (Service régional de l’Archéologie)
Recherche archéologique
Cellule départementale d’Archéologie des Ardennes / Institut national de recherches archéologiques (INRAP)
Responsable scientifique : Bertrand Roseau, cellule départementale d’Archéologie des Ardennes (Conseil général des Ardennes)
Spécialistes objets métalliques gaulois, anthropologie, archéozoologie
Émilie Millet, Sandrine Thiol, Alessio Bandelli, Inrap
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