De Jean-Michel Jarre, précurseur en matière de musiques électroniques, qui a donné une série de concerts accessibles dans le métavers à l’occasion de la sortie de son album « Oxymore », au faux duo Drake et The Weeknd généré par une intelligence artificielle, il ne se passe pas une semaine sans que les innovations dans le secteur musical ne fassent la « une » des journaux.
Le forum Entreprendre dans la culture, qui se tiendra du 4 au 6 juillet à l’école nationale supérieure d’architecture Paris-Belleville, à Paris, ne pouvait pas passer à côté d’un tel phénomène. D’autant que les innovations dans le secteur musical participent du dynamisme d’une sphère entrepreneuriale en pleine ébullition. Tour d'horizon.
Mettre l’intelligence artificielle au service de la musique
Dans l’industrie musicale, le recours à l’intelligence artificielle existe depuis bien longtemps. « Dans une certaine mesure, relève Romain Laleix, directeur général délégué du Centre national de la musique, l’usage que l’on fait des algorithmes dans les outils de streaming peut être considéré comme une forme d’intelligence artificielle, puisqu’il s’agit de l’automatisation de propositions d’écoute à partir de données qui sont analysées. Mais, avec l’arrivée de l’intelligence artificielle générative, c’est-à-dire susceptible de produire des contenus musicaux, on est entré dans une nouvelle dimension. Auparavant, on avait une intelligence artificielle qui permettait de diffuser, repérer et mettre en avant les offres musicales, maintenant on a une intelligence artificielle capable de créer de la musique. C’est un changement de paradigme complet ».
Un changement de paradigme qui peut également modifier les usages. Illustration avec Ontbo, la start-up fondée il y a deux ans par Athénaïs Olslati. Grâce à l’intelligence artificielle, Ontbo détecte l’état émotionnel d’une personne pour lui proposer la musique adéquate. « Nous avons développé une brique technologique que nous appelons : la psyché numérique d’un utilisateur. Celle-ci nous permet de déterminer son état psycho-cognitif qui, plus que sa personnalité ou ses goûts musicaux, permettra de lui délivrer le contenu adéquat pour pouvoir, par exemple, le faire passer d’un état de stress à un état de relaxation », explique la jeune cheffe d’entreprise, en ajoutant que « l’objectif ultime est de pouvoir déclencher une émotion ». Tirant sa force de « l’hyper-personnalisation », l’entreprise travaille aujourd’hui en lien étroit avec un large éventail de sociétés, dans le secteur de la musique, mais aussi dans le gaming (segment du jeu vidéo) ou de l’automobile. « L’application est transverse », résume Athénaïs Oslati.
A l’instar d’Ontbo, l’intelligence artificielle peut proposer des opportunités étonnantes à l’industrie musicale. Elle peut aussi, selon l’expression de Romain Laleix, « faire entrer la création dans une zone de risque ». La meilleure illustration réside sans doute dans le faux duo Drake et The Weeknd qui a été mis en ligne pendant quelques semaines sur les plateformes. « Ni Drake ni The Weeknd n’avait donné le moindre accord, commente Romain Laleix. En réalité, tout avait été composé et même interprété par l’intelligence artificielle qui a recomposé la voix des artistes concernés ». Plutôt que l'intelligence artificielle elle-même, ce sont ses usages qui appellent à une attention particulière. « L’intelligence humaine est en capacité de produire des IA incroyables qui peuvent contribuer à la création et au rayonnement musical mais il faut être vigilant et entourer ces innovations de tous les soins notamment en matière de régulation et de concertation pour que ce soit un progrès pour l’humanité et non un danger pour les créateurs », résume Romain Laleix.
Du Web 3.0 pour la musique aux métavers
Créer un web décentralisé qui redonne du pouvoir à ses utilisateurs, en supprimant les intermédiaires que sont les grandes entreprises de la Tech, telle est l’ambition du Web3. Autant dire que cela ouvre le champ des possibles. En témoigne la formation lancée par le Centre national de la musique dont la prochaine session aura lieu en novembre et décembre prochains : « Découvrir et se lancer dans le Web3 pour la musique ». Au menu : « Connaître les bases du Web3 : concepts clés, lexique et fonctionnement de l’écosystème. Obtenir son premier NFT. Comprendre les enjeux du Web3 pour la musique. Se lancer dans le Web3 ».
La formation, animée par Emily Gonneau, fondatrice de l’agence Nüagency – agence de communication spécialisée dans les domaines de la mise en place de stratégies digitales, du community management, de l’optimisation des réseaux sociaux et des nouvelles technologies dans l’industrie musicale et le secteur culturel – s’adresse à un large public : porteurs de projets artistiques (chanteurs, musiciens, managers d’artistes), labels, artistes auto-produits, éditeurs, auteurs, compositeurs, lieux, producteurs de spectacles.
Lié à la science-fiction et plus récemment au jeu vidéo, le métavers, contraction de « meta » et « universe », prend aujourd’hui de plus en plus d’importance dans le secteur musical, adoubé notamment par Jean-Michel Jarre, qui a récemment imaginé un univers virtuel pour accompagner la sortie de son album « Oxymore ». S’il aiguise les appétits de nombreuses entreprises, sa sécurisation au plan juridique reste cependant encore un enjeu prioritaire – compte tenu de la grande continuité entre monde réel et monde virtuel, le métavers, est en effet susceptible de mettre en jeu des droits de propriété intellectuelle. Un enjeu au cœur de la mission confiée par le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA) à Maître Jean Martin. Celle-ci a pour but de « réaliser une synthèse de l’état de l’art et à analyser l’impact de cette technologie sur la propriété littéraire et artistique afin, notamment, d’identifier d’éventuelles difficultés d’application et de préconiser les adaptations qui pourraient se révéler nécessaires ». Conclusions attendues en juillet.
Cinq entrepreneurs récompensés par le prix IFCIC - Entreprendre dans la Culture 2023
Ce prix, co-financé par l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC) et le ministère de la Culture, offre à ses lauréats un accompagnement et un suivi personnalisés pendant une année.
La ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak vient de le remettre, dans le cadre du Forum Entreprendre dans la Culture, à 5 entrepreneurs, qui ont été distingués parmi les 157 entreprises ou associations qui développent un modèle économique remarquable dans le domaine culturel.
Sécurisation de la revente de billets entre particuliers afin d'optimiser la commercialisation des événements culturels (soicété REELAX TICKETS), accompagnement des professionnels du cinéma et de l'audiovisuel dans la transition écologique (association ECOPROD), accompagnement des créatifs de l'animation dans la production (studio FOLIASCOPE), ressourcerie dédiée au réemploi auprès des acteurs culturels et événementiels (LA RESSOURCERIE CULTURELLE), atelier pour la recréation d'une trompette traditionnelle (A.J. - ATELIER DES CUIVRES) : des thématiques professionnelles et sociétales traversées de l'inventivité et de l'énergie d'entrepreneurs conscients des enjeux culturels et économiques de leur époque.
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