Selon une enquête publiée en janvier 2025 par la Fondation Jean-Jaurès avec l’Ifop à l’occasion des dix ans de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, 76 % des Français considèrent la liberté d’expression comme « un droit fondamental ». Un résultat dont la progression significative (+ 18 points par rapport à 2012 !) est un signe de vitalité démocratique, mais qu’il faut tempérer au regard des (nombreux) dangers qui entravent aujourd’hui la liberté de la presse, à commencer par les campagnes de désinformation qui font chaque semaine la une de nos médias.
De fait, la liberté de la presse – et, plus généralement, la liberté d’expression et la liberté de création, qui a été sanctuarisée par un plan spécifique – nécessite un véritable engagement collectif, dont le ministère de la Culture est partie prenante. Plusieurs initiatives ambitieuses, dont un projet de Maison du dessin de presse qui doit ouvrir en 2027, témoignent ces derniers mois de cette mobilisation. Leur but ? Donner toute sa place à cette forme d’expression singulière, entre art et journalisme, illustration et caricature, qui apporte un recul salutaire vis-à-vis de l'actualité immédiate.
Vers une Maison du dessin de presse
C’était l’un des souhaits de Georges et Maryse Wolinski, avant la disparition tragique du génial dessinateur lors de l’attentat contre Charlie Hebdo : offrir au public un lieu pérenne consacré à la (re)connaissance du dessin de presse. Annoncé en 2020 par le Président de la République, le projet de Maison du dessin de presse piloté par le ministère de la Culture, en partenariat avec la Ville de Paris et la région Ile-de-France, aura pour ambition, selon la ministre de la Culture, de « valoriser la place centrale qu’occupe le dessin de presse dans la vie démocratique et dans la défense de la liberté d’expression ».
Pour cela, ce projet, qui ouvrira au public en 2027, s’articulera autour d’une triple mission : mission patrimoniale (le parcours de visite retracera, en partenariat avec la BnF, plus de deux siècles d’histoire du dessin de presse), mission de soutien à la création (elle accueillera en résidence des dessinateurs de presse) et enfin une importante mission de transmission (offrir aux visiteurs, notamment aux plus jeunes, les clés de compréhension pour aborder une caricature). Outre ce parcours de visite permanent, la Maison du dessin de presse sera aussi un lieu de programmation culturelle ouvert à tous les débats liés au dessin de presse, qu’ils soient politiques, philosophiques ou esthétiques.
Gébé, un génie du dessin de presse exposé à la BnF
Véritable touche-à-tout du dessin de presse, il aura expérimenté tous les formats, tous les thèmes, tous les angles et, bien sûr, tous les tons. Gébé (1929-2004), c’était ce génie du dessin de presse doublé d’un bourreau de travail à l’insatiable curiosité, qui a révolutionné, sans jamais se départir de son rire communicatif, tous les codes du dessin satirique et de la caricature. À l’instar de ses complices Cavanna, Topor, Reiser, Wolinski, Cabu, Fournier et Willem, il a inventé, en participant notamment à la création de Hara-Kiri et Charlie Hebdo, un nouveau « journalisme artistique », qui a contribué à donner sa couleur et son ton – hautement irrévérencieux ! – à la seconde moitié du XXe siècle.
Une exposition, inédite et gratuite, présentée du 6 mai au 19 octobre par la Bibliothèque nationale de France – site François-Mitterrand, restitue, grâce au don d’un vaste ensemble de dessins originaux fait par sa famille au département des Estampes et de la photographie de la BnF, les différentes étapes à l’œuvre sur l’ensemble de la carrière du dessinateur : de ses années de formation à ses ultimes publications dans Charlie Hebdo, en passant par l’exploration du roman-photo avec le Professeur Choron ou ses productions avant-gardistes, comme L’An 01. « Qu’est-ce que je fous là ? », demandait-il dans un dessin de 1976 qui sert d’emblème à l’exposition. Aujourd’hui, on a la réponse.
Le futur pôle de conservation de la presse à Amiens
273 054 titres publiés sur le territoire français en français, 43 180 titres publiés dans d’autres langues, environ 500 000 feuillets de dépêches de l’agence Havas puis de l’AFP… Ces quelques chiffres donnent la mesure de l’étendue des collections patrimoniales de presse conservées à la Bibliothèque nationale de France (BnF), soit l’une des premières collections de presse au monde. Avec ce fonds unique, c’est toute l’histoire de la presse en France, et à travers elle l’histoire du pays lui-même, celle du lien entre pouvoir et information, formation et éducation des citoyens, qui est en jeu ici.
C’est pourquoi la BnF va installer à l’horizon 2029 un nouveau pôle de conservation de la presse à Amiens, en prévision de l’accroissement de ses collections à l’horizon de trente ans et afin de donner des conditions optimales de conservation et de numérisation à ces fonds. Au sein de ce pôle, la BnF a décidé d’installer un Conservatoire national de la Presse (CNP), qui rassemblera une « collection de référence de la presse », riche de 2800 titres et formant un ensemble représentatif de l’histoire de la presse en France. Un signe de plus que la presse, son patrimoine, son histoire, sont reconnus comme un véritable bien public qu'il faut protéger.
Le pluralisme de la presse, une prérogative essentielle du ministère de la Culture
L’une des prérogatives du ministère de la Culture, en charge des médias, est d’assurer un soutien à la diffusion de la presse, garantissant de fait la liberté de la presse, le pluralisme des expressions, l'information du citoyen et les conditions du débat démocratique. « La liberté d’expression est une liberté fondamentale reconnue par la Constitution, que le ministère de la Culture a la responsabilité de protéger », expliquait le 7 février dernier Rachida Dati, ministre de la Culture.
Avec 365,7 M€, le soutien de l’État au secteur de la presse se situe à un haut niveau. Cette dotation permet de préserver les crédits alloués aux aides au pluralisme (26 M€) ainsi que ceux du Fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité, au service d’une information fiable, de qualité, pluraliste et au plus près des citoyens.
Avec 3 M€ consacré à l'éducation aux médias et à l'information, le ministère de la Culture soutient des réseaux professionnels (journalistes, acteurs du numérique, de l’éducation populaire, bibliothèques) pour déployer des outils, ressources, projets permettant à tous, en priorité aux plus jeunes, de se repérer dans les écosystèmes de plus en plus complexes de fabrique de l’information.
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