Cinquante ans après sa mort, Pablo Picasso est plus actuel que jamais. Exposée sans discontinuer à travers le monde, son œuvre, d’une richesse rarement atteinte, tant d’un point de vue formel que thématique, occupe une place inégalée dans l’actualité culturelle et n'en finit pas de fasciner plusieurs générations de visiteurs.
A l’occasion du cinquantième anniversaire de sa disparition, survenue le 8 avril 1973, la ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak, et le ministre espagnol de la Culture et des Sports, Miquel Iceta, ont donné le coup d’envoi, lundi 12 septembre 2022, à Madrid, de la « Célébration Picasso 1973-2023 ». « C’est devant Guernica, tableau universel, manifeste pour la paix, qu’avec mon homologue espagnol, Miquel Iceta, nous avons lancé l’année Picasso pour le cinquantenaire de sa mort. Dans sept pays nous allons explorer, interroger et partager son œuvre avec les nouvelles générations. »
Explorer et transmettre
Quoi de mieux, pour célébrer un artiste, que de donner à voir son travail ? C’est précisément le parti retenu par la Commission binationale entre la France et l’Espagne, qui a élaboré la riche programmation de l’événement. Une programmation qui s’annonce passionnante, avec pas moins d’une quarantaine d’expositions majeures – quarante-deux à l'heure actuelle, très précisément. A noter : le caractère international de cette célébration, avec en premier chef l’Espagne (16 expositions), la France (12 expositions) et les États-Unis (7 expositions), mais aussi des pays européens, dont l’Allemagne et la Suisse.
Parmi ces propositions, plusieurs vont aborder les grands thèmes de Picasso (« Cubisme et la tradition en trompe-l’œil », au MuMA, à New York, « Picasso et la préhistoire », aux musées de l’Homme et d’histoire naturelle, à Paris, « Picasso, le sacré et le profane », au musée Thyssen, à Madrid), ses techniques (« Formes et métamorphoses, la création céramique chez Picasso », au musée de Vallauris, « Picasso, 2023 dessins », au Centre Pompidou, à Paris), sa relecture de l’histoire de l’art (« Picasso – Le Gréco », à Bâle, « Picasso/Poussin/Bacchanales », au musée des Beaux-Arts de Lyon, « Goya dans l’œil de Picasso » au musée Goya, à Castres, « Picasso versus Velazquez », à Madrid), sa vie privée (« Fernande et Françoise », à Münster, « Fernande Olivier et Picasso dans l’intimité du Bateau-Lavoir », au musée de Montmartre, à Paris) ou ses relations avec la création contemporaine (« A toi de faire ma Mignonne, Sophie Calle au musée Picasso », à Paris, « Picasso et l’abstraction », à Bruxelles)…
Connaître et documenter
L’autre volet de la proposition de la « Célébration Picasso 1973-2023 » est tourné vers les connaissances scientifiques du maître espagnol. A commencer par deux colloques, organisés en ouverture et en clôture de cette célébration, qui permettront de revisiter les enjeux de l’œuvre du créateur des Demoiselles d'Avignon. Le premier se tiendra fin 2022 au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, à Madrid, tandis que le second aura lieu les 6, 7 et 8 décembre 2023 à l’Unesco, à Paris.
Autre innovation importante : l’ouverture du Centre d’études Picasso au musée national Picasso-Paris dans les espaces rénovés du prestigieux Hôtel de Rohan. La documentation, la bibliothèque et les archives du musée seront réunies dans un pôle de référence unique autour de l’artiste. Véritable lieu de transmission et de partage auprès d’un large public, il servira de cadre privilégié pour les échanges scientifiques et le travail des chercheurs du monde entier.
Une célébration sous le signe d’une œuvre « vivante » et « foisonnante »
Cinquante ans après sa mort, Picasso laisse un héritage artistique incomparable. « S’il existe un artiste définissant le XXe siècle, ce qu’il représente en toute sa cruauté, sa violence, sa passion, ses excès et ses contradictions, il n’y a pas de doute, c’est bien Pablo Picasso », a souligné le ministre de la Culture et des Sports espagnol, Miquel Iceta. Dans la salle du musée Reina Sofía qui abrite Guernica, le ministre a insisté sur les ambitions de cette célébration de l'année Picasso : « je suis sûr qu'elle nous permettra de profiter à nouveau, ou peut-être pour la première fois, d'un art qui est toujours vivant. Cette célébration nous permettra également de le regarder d'un point de vue contemporain, en nous aidant à comprendre à travers les yeux d'aujourd'hui un artiste qui est toujours vivant 50 ans après sa mort »
« Foisonnante, inventive, souvent radicale, l’œuvre de Picasso exerce encore une véritable fascination dans le monde entier. Pour sa force artistique bien sûr. Mais aussi pour sa force politique. Elle ne cesse d’être relue, revisitée, réinterprétée », assure la ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak. Elle ajoute : « c’est cette formidable postérité, cette culture double, et cette œuvre encore si actuelle que la Célébration Picasso 1973-2023 entend explorer, interroger et partager avec une nouvelle génération née au XXIe siècle, et lui permettre de le découvrir et de l’appréhender à la lumière de notre époque. »
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