Cette année, 14 expositions sont à découvrir, consacrées notamment à l'Amérique Latine. L'équipe du festival s'est vivement émue cette année des multiples feux qui ont embrasé ces derniers mois les forêts amazoniennes, de l'abattage des arbres de plus en plus conséquent sur cet immense territoire, mais aussi du chaos politique, économique et social propagé sur le continent latin, des plaines de Patagonie jusqu'aux plus hauts sommets des Andes, au Brésil, en Bolivie, au Venezuela, au Chili ou en Argentine. Le festival met en lumière une Amérique latine photographiquement engagée, où les artistes demeurent les porte-paroles des soubresauts de leur monde. Viva Latina ! expose une photographie fortement imprégnée par la complexité de son histoire, traversée de révolutions et d'espoirs, par des sociétés fougueuses aux coutumes enchevêtrées entre rêve occidental et croyances chamaniques.
Sebastiao Salgado, Gold
Un hommage marqué est rendu à l'artiste équatorien Emmanuel Honorato Vásquez qui a immortalisé dans les années 1920 une société marquée par les inégalités, où les Indiens d'Amazonie côtoyaient des paysans miséreux et une bourgeoisie aisée, ainsi qu'à Sebastião Salgado, perpétuel militant décrivant au fil du temps un monde à la dérive qui détruit ses liens avec la nature. D'autres regards sont portés sur l'Amérique latine par Marcos López, Cássio Vasconcellos ou Luisa Dörr.
La conscience environnementale portée par le festival se retrouve dans les clichés de la Cordillère des Andes pris par Pablo Corral, emprunts de poésie. Tomás Munita a suivi le quotidien des gauchos du Chili dans la sauvagerie d'une nature indomptée. Carolina Arantes s'est rendue en été 2019 dans la région d'Altamira, épicentre de tous les feux qui ont ravagé la forêt amazonienne, faisant le constat d'un combat perdu par les défenseurs de l'environnement face aux partisans de la déforestation encouragés par le président brésilien. Un tout nouveau partenariat avec l'Agence France Presse a permis la présentation de trois de leurs photographes : Carl de Souza en Amérique du Sud avec les Indiens d'Amazonie engageant une lutte sans merci contre les envahisseurs, Pedro Pardo posant son objectif sur la société mexicaine gangrenée par les cartels de la drogue, traversée par les migrants et où les villageois prennent les armes pour protéger leurs cultures. Enfin une note positive avec le reportage de Martin Bernetti au Chili, longtemps défiguré par son industrie minière et la pollution, qui s'engage à devenir le nouvel Eldorado des énergies vertes.
Cassio Vasconcellos, Un voyage pittoresque au travers du Brésil
Le travail au long cours de la photographe américaine Nadia Shira Cohen, lauréate 2019 du Prix Photo Fondation Yves Rocher en partenariat avec Visa pour l'Image, s'est penchée sur deux communautés du Yucatán que tout oppose : les agriculteurs mayas prônant le respect des traditions et les familles mennonites utilisant les OGM pour accroître leurs productions, modifiant à jamais les paysages ruraux.
Dans la culture Maya, les apiculteurs pensent que les abeilles sont un cadeau du dieu Ah Muzen Cab et agissent comme un lien vers le monde des esprits. Pendant des siècles, ces insectes ont fait de la péninsule du Yucatán la première région mondiale productrice de miel. En 2011, le gouvernement mexicain a commencé à offrir des subventions pour permettre aux fermiers d'utiliser des OGM afin d'augmenter la production de soja. En conséquence, depuis plusieurs années, les ruches disparaissent ou sont contaminées par les pesticides utilisés à outrance par certains agriculteurs, principalement des familles mennonites, ces chrétiens anabaptistes pourtant réfractaires au progrès technologique. Deux mondes s'opposent dans deux conceptions de la tradition et de la ruralité.
Nadia Shira Cohen, Le miel des dieux
Le festival se tourne aussi ailleurs vers les photographes qui ont le souci de l'écologie du sensible, tel le Français Greg Lecoeur observant la ronde silencieuse des baleines australes. Emmanuel Berthier a sillonné quant à lui les territoires du département où se déroule le festival, pour observer la nature préservée dans les cinq réserves naturelles du Morbihan. Sont également présentés les travaux de trois jeunes talents : David Bart, Coline Jourdan et Sébastien Leban.
Depuis 2018, le festival est également sur la scène européenne avec la création d'une seconde manifestation fondée sur le même concept à Baden, en Autriche. Sa 3e édition prend pour thème « A l'Est du nouveau » (dates encore non connues).
Festival Photo La Gacilly, du 1er juillet au 31 octobre 2020. Parcours à ciel ouvert dans les rues de La Gacilly (56200). Camion Point infos, place de la Ferronnerie, ouvert tous les jours de 10h à 18h. Tél. 02 99 08 68 00.
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