Plus d’un demi-siècle à défendre une haute idée de ce que pouvait et devait être le théâtre : Claude Régy est décédé à l’âge de 96 ans. Il demeurera un artiste immense, radical, singulier.
Un artiste à part, par la place et le rôle qu’il accordait au théâtre. Il s’agissait pour lui d’un lieu de méditation, d’incertitude, un lieu qui loin de succomber aux sirènes du temps présent et du spectaculaire, permettait à chacun, acteurs et spectateurs, de vivre une expérience solennelle, intense, contemplative. Son inimitable travail sur l’espace, sur l’ombre et la lumière, sur les corps des acteurs, sur le silence était mis au service des plus grands auteurs de Maeterlinck à Duras, de Pessoa à Trakl. Et Claude Régy de les saisir et de les sublimer au plateau parce qu’ils étaient, eux aussi, d’immenses explorateurs de l’âme humaine dans toute sa complexité, parce qu’ils s’attaquaient à des thèmes inépuisables, la folie, la mort, l’absolu… qui obsédèrent Régy sa vie d’artiste durant.
Pour servir ce théâtre à nul autre pareil, où la lenteur de la parole était faite nécessité, de grands acteurs accompagnèrent Claude Régy : Gérard Depardieu, Isabelle Huppert, Jean-Quentin Chatelain, Delphine Seyrig.
Claude Régy était un modèle d’absolu qui incarnait l’absence de compromission à l’air du temps et à la facilité. Son travail humaniste fut plébiscité et ses spectacles joués partout dans le monde.
Franck Riester, ministre de la Culture, adresse à sa famille, ses amis et à ses proches ses plus sincères condoléances.