Que de chemin parcouru depuis ce Funambule qui, pour Jean Genet, nous maintenait en éveil contre la mort.
Aujourd’hui le cirque contemporain a une école nationale, des pôles de production et de diffusion et des théâtres qui partout en France accueillent ces spectacles. Il y a quarante ans, des figures majeures du spectacle vivant, une militante du théâtre populaire comme Silvia Monfort, des hommes de cirque comme Alexis Grüss - qui nous offre d’ailleurs un très beau spectacle équestre pour le Noël des enfants du personnel de mon ministère - ont oeuvré pour que le cirque puisse rejoindre les terres du ministère de la Culture, et que celui-ci puisse lui donner la reconnaissance qu’il méritait. C’est quelque chose qui nous paraît relativement évident aujourd’hui : cela ne l’était pas il n’y a pas si longtemps.
Le magnifique spectacle que nous avons vu ce soir nous montre combien le cirque contemporain est toujours l’héritier, au même titre que d’autres formes plus classiques des arts du cirque, de cette ligne fragile, à la frontière du divertissement et de l’art, du pur spectaculaire et des plus belles introversions oniriques, entre intérieur et extérieur, du chapiteau à la rue, de l’éphémère au toujours provisoire, de la fête et de la nuit, comme chez Chagall que vous mentionniez tout à l’heure, de l’enfant et de l’adulte. C’est précisément cette frontière, cette ligne fragile sur laquelle danse le cirque qui fait sa magie.
De scène conventionnée depuis 2005, le Théâtre Firmin Gémier d’Antony et l’Espace cirque qu’il abrite deviennent donc le premier Pôle national des arts du cirque en Ile-de-France, parmi les dix qui existent déjà en France. L’Espace cirque d’Antony partage en effet pleinement l’exigence qui est celles de ces pôles nationaux, en matière de partenariats et de coproductions, pour la création comme pour la diffusion des spectacles créés, en matière également de démocratisation culturelle, avec le chapiteau autoporté dont vous parliez plus tôt - une contribution importante, je crois, qui s’inscrira certainement dans le paysage culturel à venir du Grand Paris. Cela, on le doit au travail remarquable de son directeur Marc Jeancourt et de son équipe, auquel l’Etat apporte une reconnaissance méritée, des soutiens financiers renforcés et de nouvelles perspectives.
Dans la vaste entreprise de clarification des labels et des missions des établissements de spectacle vivant labellisés par mon ministère que j’ai lancée depuis 2009, je me réjouis que nous ayons pris soin de créer d’en créer deux nouveau - celui de Centre national des arts de la rue, et celui des pôles nationaux des arts du cirque. Tout comme les arts de la rue, le cirque de création bénéficie en France d’une vitalité exceptionnelle. Il développe de nouvelles écritures artistiques, il ouvre des champs souvent totalement inédits aux expérimentations esthétiques – la géométrie de caoutchouc, par exemple… Il fallait pouvoir se donner les moyens de mieux accompagner ce cirque de création : c’est le sens des mesures qui lui sont destinées, que j’ai eu l’occasion d’annoncer en Avignon en lançant le plan d’action pour le spectacle vivant, en juillet dernier. Il s’agit pour moi, aussi, de conforter un secteur qui est confronté à une certaine crise de croissance - alors même que le public est au rendez-vous et que les audiences ont même le vent en poupe.
En créant ce label de Pôle national des arts du cirque, mon ministère a voulu renforcer la place des artistes et leur mobilité, ainsi que celle de leurs créations, dans les réseaux soutenus par le ministère. Il a voulu
poursuivre la structuration de l’emploi ; et également développer leur visibilité européenne et internationale, dans un domaine où la France est particulièrement attendue. Cet effort de l’Etat n’a de sens que s’il s’accompagne d’une concertation étroite avec les collectivités, et je me réjouis qu’à Antony, la convergence de vues soit clairement au rendez-vous.
Je vous remercie.