S’il y a une institution culturelle populaire aujourd’hui en France, et bien connue des jeunes, c’est la médiathèque. Vous vivez sans doute, comme 91% des Français, à moins de 20 minutes d’un des 16 500 établissements répartis sur le territoire national, et si vous n’avez pas encore eu l’occasion de découvrir toutes ses richesses, vous avez, depuis la réouverture du réseau des bibliothèques et médiathèques de l’Hexagone, toute latitude pour l’explorer.
A compter du 19 mai, une jauge d'accueil de 8 m2 par personne reste en vigueur tandis que les espaces de travail ne devront proposer aux usagers qu'un siège sur deux. À compter du 9 juin, la jauge descend à 4 m2 par personne, mais la règle du « un siège pour deux » demeure. Enfin, dès le 30 juin, toutes les limitations disparaissent.
La Bibliothèque Nationale de France (BnF) : remettre nos sens artistiques en éveil
Quatre expositions prestigieuses ouvrent leurs portes à la BnF. De quoi se remettre aux plaisirs sans mélange de regarder, d’écouter, de plonger au cœur des processus de création, avec :
Une expo Cinéma : Yitzhak Rabin / Amos Gitai, démarche documentaire et artistique, où le cinéaste explore les archives de son travail, données à la BnF en 2018 : une création visuelle inédite qui traverse, à nouveaux frais, les circonstances et les enjeux intimes et politiques de l’assassinat d’Y. Rabin.
Deux expos Photo : Henri Cartier-Bresson. Le Grand Jeu, la collection best of de Cartier-Bresson, réorchestrée, « au long d’une déambulation architecturale unique », par cinq commissaires invités : François Pinault, collectionneur, la photographe Annie Leibovitz, l’écrivain Javier Cercas, le réalisateur Wim Wenders et Sylvie Aubenas, conservatrice du patrimoine à la BnF. Et En transit : photographies de Paul Ickovic, photographe passionnant d’origine tchécoslovaque, qui pratique, depuis les années 60, « l’instantané de rue » et le voyage.
Une expo littéraire exceptionnelle : L’Invention du Surréalisme : des Champs magnétiques à Nadja. Costumes, tableaux, collages, photographies, films, dessins hypnotiques et cadavres exquis viennent restituer le bouillonnement créatif de ces années d’éclosion du mouvement surréaliste : un groupe de jeunes gens qui, traumatisés par la Première Guerre mondiale, jugent que la société, comme la littérature officielle, est responsable du massacre et crée une littérature qui ne sera plus – leur exigence croise notre actualité – comme avant.
La Bibliothèque Publique d’Information (BPI) du Centre Pompidou : les Ateliers reprennent leur activité
A partir du 19 mai, sous réserve de respecter les mesures sanitaires, l’accueil des groupes, scolaires ou non, et l’action culturelle reprennent leur activité. Et quelle activité !
De plus, l’accès aux ressources en ligne, qui sont repérées par les bibliothécaires et valorisées auprès des publics, va pouvoir reprendre. Citons par exemple, parmi toutes ces ressources, le portail, soutenu par le ministère de la Culture, de RFI sur l’enseignement du Français Langue Etrangère, d’une richesse incomparable.
A cet égard, la BPI est une véritable vitrine pour ces services socio-culturels. Les ateliers, après plusieurs semaines d’interruption, ont repris dès le 17 mai, dans l’enceinte de la bibliothèque.
D’une durée d’1h30, chaque atelier est animé par deux bibliothécaires dans une salle équipée de postes informatiques à la disposition de chacun des participants. L’offre est particulièrement riche, nécessaire, utile et intéressante. Citons entre autres :
- Les ateliers numériques, qui vont du « Je détecte les emails frauduleux » à « je lis la presse en ligne » en passant par « j’effectue mes démarches administratives en ligne », « je découvre le traitement de texte word » ou « je découvre Cairn.info »…
- Les ateliers de Français langue étrangère (FLE) : « Premiers pas », « Conversation », complétés par un atelier en autoformation d’écriture en français.
- Les ateliers Emploi et vie professionnelle, que la BPI propose en association avec la Cité des métiers.
- Enfin, en partenariat avec l’Association pour la promotion de la traduction littéraire (ATLAS), des ateliers de traduction. Au programme : « traduction de hiéroglyphes », « traduction intuitive »…
A Rouen, coup d’envoi d’une série de manifestations sur Gustave Flaubert
L’ensemble des festivités organisées en Normandie pour célébrer le bicentenaire de la naissance à Rouen de Gustave Flaubert, « FLAUBERT 21 » va enfin pouvoir prendre son essor.
S’il faudra attendre le mois de décembre pour voir le manuscrit autographe de Madame Bovary et celui de Bouvard et Pécuchet, qui furent donnés par la nièce de l’auteur à la bibliothèque de Rouen en 1914 (Gustave Flaubert : la fabrique de l’œuvre, Bibliothèque patrimoniale Villon), on se rattrapera dès le 19 mai en allant voir les deux expositions du musée des Beaux-Arts de Rouen : Albert Fourié et Madame Bovary, qui rassemble plus de 200 croquis, maquettes et dessins originaux du premier illustrateur de Flaubert, et Salammbô : fureur ! passion ! éléphants !, une invitation exceptionnelle, en association avec le MUCEM qui accueillera à Marseille l’exposition à l’automne 2021, à plonger dans l’univers extravagant, fantastique, excessif du roman « monstre » de Flaubert, et d’explorer son immense héritage dans la création plastique, musicale, cinématographique, ainsi que dans l’histoire et l’actualité des fouilles archéologiques du site de Carthage.
Toute la Normandie s’est mobilisée pour fêter son écrivain fétiche ! Expositions, parcours urbains, parcours à la campagne, visites, conférences, festival « Terre de paroles », gastronomie, plus de 150 projets labellisés et plus de 200 rendez-vous organisés !
Archives en régions : l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) et les Archives nationales du monde du travail (ANMT) rouvrent expositions, rencontres, résidences…
Située en Normandie à proximité de Caen, dans l’abbaye d’Ardenne, l’IMEC s’enrichit régulièrement de fonds d’archives extraordinaires d’écrivains et d’éditeurs. A titre d’illustration, on peut rappeler le don spectaculaire fait à l’IMEC par Roland Dumas en 2019 : trois valises remplies de manuscrits confiées par Jean Genet à son avocat, dix jours avant sa mort. Sont arrivées, la même année, les archives de Maurice Clavel, Jean-Edern Hallier, Alfredo Arias…
Un événement attendu s’ouvrira finalement le 11 juin : Le Fleuve, une exposition de l’artiste plasticien Jean-Michel Alberola. Peintre et cinéaste nourri d’érudition littéraire, il s’est installé dans les souterrains, la bibliothèque et les réserves de l’IMEC, n’en a presque plus bougé, jusqu’à faire prendre forme à sa propre recherche, centrée autour de la présence de Kafka, qui « est partout dans les collections de l’IMEC, comme un absolu littéraire auquel toute la pensée du XXème siècle s’est confrontée. » Jean-Michel Alberola a fait remonter du cours parfois tumultueux des archives, fragment par fragment, « les pièces inédites d’un laboratoire-Kafka qui a la forme même de l’IMEC. » A ne manquer sous aucun prétexte !
Avec l’historien Philippe Artières, le 27 mai, l’IMEC renoue avec les rencontres (« Réservation indispensable »), dans sa forme Diaporama : un écrivain invité projette ses meilleures images, celles qui le hantent, celles qui l’enchantent, pour se raconter et parler de littérature autrement. Philippe Artières a choisi de s’identifier à la figure du ghostwriter, « qui défie le pouvoir par la force de l’inscription ». De quoi piquer la curiosité du public…
A Roubaix, les Archives nationales du monde du travail rouvrent dès le 19 mai l’exposition Les Gens du rail, qui revient sur ces cent dernières années (1920-2020) de l’histoire ferroviaire en France. Un regard centré sur le quotidien de ceux qui ont travaillé dans les trains, sur les voies, dans les ateliers et les bureaux : statuts, valeurs, luttes, grands enjeux des professions du rail, d’hier à aujourd’hui.
Les médiathèques aujourd’hui
On ne le sait pas toujours : premier réseau culturel de proximité, les médiathèques et les bibliothèques, grâce notamment au « Plan Bibliothèque » du ministère de la Culture, ne cessent de rénover leurs espaces, de se moderniser, de mieux se connecter, de moduler leurs horaires. Partout sur les territoires, elles sont partenaires des politiques départementales et des services publics. Elles favorisent l’inclusion numérique et les actions menées dans le champ social. Elles organisent des expositions passionnantes, des conférences et rendez-vous avec des personnalités de tous les milieux et horizons, des performances artistiques, des lectures publiques… à Paris comme en régions.
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