A l’occasion de Paris Photo, le ministère de la Culture met l'accent sur les femmes photographes à travers plusieurs parcours et le dévoilement d'une plateforme de services.
C’est l’un des rendez-vous les plus attendus de la saison photographique. Paris Photo, dont l’édition 2021 s’ouvre le 11 novembre au Grand Palais Éphémère, à Paris, va mettre en lumière, après une année blanche due à la crise sanitaire, un secteur dont la vitalité – et l’attractivité, notamment auprès des jeunes – ne se dément pas. Une étude du ministère de la Culture sur les pratiques culturelles pendant le confinement a d'ailleurs révélé sa place de premier plan dans les activités préférées des Français.
A l’occasion de Paris Photo, le ministère de la Culture poursuit son engagement résolu en faveur de la visibilité des femmes photographes. Lancé en 2018, cet effort inédit commence à porter ses fruits, puisque la présence des femmes photographes à Paris Photo est passée de 20% en 2018 à 32% en 2021.
Cette année, outre deux parcours qui s’annoncent passionnants – celui de la 3e édition de « Elles x Paris Photo » et celui de « Corpus », un regard subtil porté par le Centre national des arts plastiques sur ses acquisitions récentes – l’événement sera le lancement le 10 novembre de « Elles font la culture », une plateforme conçue pour répondre aux besoins des femmes photographes.
Elles x Paris Photo : un autre regard sur le monde
« Les femmes photographes ont une façon différente de regarder le monde ». Cette conviction, Nathalie Herschdorfer, historienne de l'art et directrice du Musée des Beaux-Arts du Locle, en Suisse, qui assure cette année, à l’invitation du ministère de la Culture et du groupe Kering, le commissariat du parcours « Elles x Paris Photo », se l’est forgée en tant que praticienne de l’histoire de la photographie, dont elle propose, à partir d'une sélection de trente œuvres marquantes, une traversée particulièrement éclairante.
De la botaniste Anna Atkins, qui réalise, en 1851, un travail documentaire précurseur, à Mame-Diarra Diang, qui poursuit aujourd’hui une œuvre passionnante entre la France et l’Afrique, en passant par Dora Maar, Mary Ellen Mark, Sally Mann ou Orlan, la commissaire nous invite à « ouvrir grand les yeux » pour (re)découvrir la richesse – et le foisonnement, notamment dans l’usage souvent novateur des techniques photographiques – de cet univers longtemps méconnu. « Mettre en lumière les artistes femmes, c’est remettre en perspective leur art et s’ouvrir à d’autres imaginaires », conclut-elle dans un entretien avec Fannie Escoulen, déléguée à la photographie du ministère de la Culture.
« Corpus » : le Centre national des arts plastiques mise sur ses acquisitions d’œuvres de femmes photographes
Autre démarche, tout aussi passionnante, avec le Centre national des arts plastiques. Opérateur du ministère de la Culture, celui-ci est un acteur de premier plan de l’écosystème de la création photographique. A Paris Photo, l’institution présentera ses acquisitions récentes à travers deux parcours mettant en lumière les femmes photographes.
Le premier, qui participe pleinement de sa mission, concerne les œuvres achetées aux galeries à l’occasion de la foire. Celles-ci, qui concernent treize femmes artistes, seront signalées par un cartel particulier. Le second parcours, proposé par Pascal Beausse, responsable des collections photographiques du Cnap, revisite avec subtilité les acquisitions récentes (2017-2021) de l’institution à travers le prisme de la représentation du corps comme « vecteur d’émancipation et de résistance à l’aliénation ». A voir en suivant « Corpus », le parcours inspiré de sept femmes photographes.
« Elles font la culture » : une plateforme inédite pour informer les femmes photographes
Tout est parti d’un constat. Bien qu’elles soient nombreuses à s’intéresser aux métiers de la photographie (elles représentent 58% des étudiants des écoles enseignant la photographie), les femmes sont davantage freinées une fois en activité : elles sont moins souvent programmées, moins rémunérées et moins primées que leurs homologues masculins. Cette situation tient à toute une série d’explications, dont le fait qu’elles sont moins bien informées que leurs homologues masculins.
Pour remédier à cela, le ministère de la Culture (mission égalité et atelier numérique) a conçu, avec le soutien de beta.gouv, l’incubateur des startups d’État, « Elles font la culture », une plateforme destinée à offrir aux femmes photographes une information fiable et accessible répondant à leurs besoins. La première version de la plateforme donne accès à une liste d’aides financières existantes, à des fiches pratiques (droits d’auteurs, statut d’artiste, aide aux appels à projet, etc.) et à des témoignages de professionnelles. Le service évoluera régulièrement pour s’adapter aux besoins des utilisatrices et intégrer leurs réactions et demandes.
Paris Photo, c’est aussi un lieu de débat
Paris Photo a dédié une section entière, qu’il a baptisée « Conversations », pour faire entendre d’autres voix – celles des artistes, en premier lieu, dont la parole est souvent rare, mais aussi celles des débats suscités par le monde de la photographie. Le ministère de la Culture participera à deux de ces rendez-vous :
> Le 11 novembre, de 18h30 à 19h30, Pascal Beausse, responsable de la collection photographie du Cnap s’entretiendra avec les photographes Aurore Bagarry et Karim Kal, qui ont participé au programme de commandes Regards du Grand Paris porté par le Cnap et les Ateliers Médicis. Au programme : leurs projets, alors qu’une grande rétrospective de Regards du Grand Paris doit être organisée au deuxième semestre 2022 ;
> Le 12 novembre, de 13h45 à 19h30, une journée de rencontre, suscitée à l’initiative de Nathalie Herschdorfer, commissaire du Parcours Elles x Paris Photo et du ministère de la Culture, reviendra sur la visibilité des femmes photographes. Au programme : pourquoi le genre est important ? Le futur de la photographie de mode passe-t-il par les femmes photographes ? Est-ce aux femmes d’assurer une meilleure reconnaissance aux femmes photographes ?