Le Cirque
Le Cirque
Une scène de cirque de précisément 13,5 mètres de diamètre, entourée d’estrades : voilà la définition du cirque, classique et formelle, héritée du cirque antique mais aussi du cirque barnum et de la tradition anglo-saxonne de ce spectacle vivant si particulier. Néanmoins, sous ce chapiteau, on trouve bien plus qu’une forme de scène particulière. Au-delà de son histoire et de son patrimoine, le cirque est au cœur de l’action : à travers ses métiers, mais aussi les innovations et les évolutions contemporaines des troupes de cirque. Si de nombreux arts traditionnels du cirque classique sont toujours représentés, comme les acrobates, les spectacles de clowns, de jonglerie ou encore tours de magie, d’autres ont muté au fil des pratiques : du personnage de Monsieur Loyal, repère de l’histoire du cirque et présentateur fameux jusqu’à la question du bien-être animal. Comme tout art, et en particulier issu du spectacle vivant, le cirque se transforme sous l’impulsion des écoles de cirque, des grands noms de la tradition circassienne française, de pôles nationaux dédiés à la création et au soutien ou encore des festivals de cirque.
Sous le chapiteau du cirque, des arts en constante évolution
A travers toute la France, les troupes de cirque sillonnent les routes à la rencontre d’un public toujours friand de performances acrobatiques, de magie et de danses. Une tradition nomade et devenue foraine qui perdure depuis des centaines d’années et qui a su aussi évoluer et changer ses pratiques.
Histoire du cirque, origines équestres et arrivée en France
Lorsque de retour d'Amérique, il ouvre les portes de son école de numéros équestres et de jeux d’adresse, Philip Astley savait-il qu’il posait les premières pierres d’une tradition artistique désormais centenaire ? C’est en effet proche de Londres, en 1768, que l’on voit apparaître au sein de son école une piste circulaire. Cette forme permettait de faire tourner des chevaux depuis le centre de la piste à l’aide d’une chambrière de long. Une dimension restée depuis le diamètre officiel d’une piste de cirque.
Fort de son succès et d’une invitation du roi Louis XV, Philip Astley s’installe à Paris en 1782 où il ouvre le premier cirque de France, sans qu’il n’en ait encore le nom. Alors principalement tourné vers le monde équestre, le spectacle de l'époque inclut néanmoins déjà des démonstrations d’acrobaties et de voltige ainsi que la figure tutélaire de Monsieur Loyal.
Histoire du cirque, de la piste aux étoiles au nouveau cirque
Le nom “cirque” est finalement donné à la pratique par le concurrent de l’anglais, Richard Hugues, fondateur du Royal Circus en 1782. Les numéros de cirque n’ont depuis cessé de se développer tant dans la richesse des arts du cirque que dans la finesse de ses codes , tant dans la multiplicité des personnages de cirque que l’entrée de nouveaux types de spectacles.
Le cirque-ménagerie succède ainsi au cirque équestre lorsqu’au XIXe siècle, lors des vagues de colonisations, sont introduits en Europe les premiers animaux sauvages. Les numéros de dressage inspirés de la tradition foraine, menés par Henri Martin, l’un des premiers dompteurs de fauves, plaisent tant à l’aristocratie qu’au peuple et deviennent un élément central du cirque à l’ancienne.
La “piste aux étoiles”, telle que l’appelait l’émission de télévision française du même nom dans les années 50 à 70, a participé encore à populariser ces formes d’art en intégrant la pratique de l’humour autour d’une figure centrale : le clown. Plus encore qu’un “clown nouveau”, des prestations inédites apparaissent dans ce “nouveau cirque” aussi appelé “cirque de création” à la fin du siècle. En s'inspirant de performances artistiques diverses, notamment de la danse contemporaine ou encore de “shows” sensationnels à l’américaine, le cirque évolue avec son temps jusque dans les années 2000.
Aujourd’hui en 2022, le territoire français compte autour de 500 compagnies et près de 2000 artistes de cirque.
La diversité des arts circassiens, du cirque trapèze à la fin des animaux de cirque
Ce qui fait la force du cirque, c’est la diversité de ses propositions. Tant dans la forme qu’il peut prendre que dans la pluralité des numéros de cirque. Cirque de ville ou cirque itinérant, cirque traditionnel ou cirque contemporain, la scène de cirque est un lieu où l’artiste de cirque peut explorer sans limites.
Être circassien c’est souvent pouvoir à la fois être clown, trapéziste, jongleur, funambule, dresseur, magicien ou contorsionniste, mais aussi équilibriste sur une échelle, une bicyclette ou encore acrobate au sol, en l’air ou équestre, accroché à un tissu ou agrippé à un mât chinois. Le spectacle de cirque n’a de limite que l’imagination des circassiens à travers le monde. Les disciplines interagissent entre elles aux sein des troupes et se nourrissent pour créer toujours de nouveaux numéros.
Depuis 2020, cependant, et dans un souci de protection des animaux de cirque, la ministre de la Transition Écologique Barbara Pompili a annoncé la fin progressive de la présence d’animaux sauvages tels que les tigres, éléphants ou ours, dans les cirques itinérants. L’interdiction est progressive afin de trouver des solutions pour chaque animal déjà présent dans les cirques français et qui ne peuvent être remis en liberté. Une mesure en faveur de la défense des droits des animaux déjà appliquée pour certains cirques européens puisqu’une vingtaine de pays en Europe ont déjà pris des mesures pour interdire la présence de ces animaux sauvages.
En plus d’un quart de siècle, la définition du cirque s’est transformée et élargie en ce qu’elle a créé nombre d’émules si bien chez les spectateurs et spectatrices qu’auprès de la scène artistique qui s’est emparée de ses codes pour développer écoles, festival et nouveaux projets.
Un territoire propice au développement de tous les types de cirque
Si les prémices de l’histoire du cirque ont eu lieu en Angleterre, en France et très vite à travers l’Europe, la discipline a continué à s’épanouir. L’accès aux arts du cirque en est facilité par l’existence de nombreux festivals, écoles et centres de formation ainsi qu’un soutien national à la création.
Des écoles de cirque partout en France pour se former aux arts du cirque
L’une des premières écoles de cirque existe encore. Il s’agit de l'École Nationale Fratellini, fondée en 1974 par Annie Fratellini et Pierre Etaix. Renommée en 2003 Académie Fratellini, elle forme avec son Centre de Formation d’Apprentis (C.F.A) de Saint-Denis de nombreux jeunes circassiens, venus du monde entier. Deux autres cursus proposent une formation diplômante en France :
- Le Centre National des Arts du Cirque (CNAC) à Chalons-en-Champagne
- L'Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny-sous-bois
Ces trois écoles de cirque sont les seules reconnues par l'éducation nationale; toutefois, il existe des établissements partout en France pour se former de manière professionnelle ou amateure aux arts du cirque. Ces dernières sont répertoriées par la Fédération Française des Ecoles de Cirque. Basée à Montreuil en Seine-Saint-Denis, la FFEC est un réseau de 150 écoles de cirque réparties sur le territoire et enseignant toutes les disciplines du cirque contemporain.
Soutenir la création pour un spectacle de cirque toujours plus riche et innovant
Afin de soutenir la création artistique présente sur les scènes de cirque, le ministère de la culture, les Directions Régionales des Affaires Culturelles (DRAC) et les communes proposent de multiples aides en soutien aux différents acteurs des métiers du cirque.
- L'aide nationale à la création pour les arts du cirque
- Les aides à la production dramatique sur crédits déconcentrés
- L'aide à l'itinérance des cirques de création
- L'aide à l'itinérance des cirques de famille
- Création ouvertes aux arts de la rue et arts du cirque
- Les aides déconcentrées au spectacle vivant
Le détail de ces différentes aides et subventions est à retrouver dans cet article : "Quelles sont les aides apportés par l'Etat aux arts du cirque".
Cependant, le soutien à la création circassienne ne pas seulement par ces différentes aides financières. Elle s'organise aussi grâce à la présence d'organismes, de pôles et de dispositifs qui œuvrent à son rayonnement. Né en 2016 de l'alliance de Hors les murs et du Centre national du Théâtre, ARTCENA, Centre National des Arts du Cirque, "aide les professionnels à mettre en œuvre leurs projets et à construire l'avenir des arts du cirque, de la rue et du théâtre". Son support se concrétise dans l'aide à la diffusion des œuvres, la constitution d'archives fiables, l'accompagnement des professionnels du secteur ou encore le développement à l'international des arts du cirque de la rue et du théâtre.
Depuis 2010, le ministère de la Culture a également lancé la création de Pôles Nationaux des Arts du Cirques
Réseau de 14 établissements répartis sur tout le territoire, ils ont pour but de soutenir la création comme la diffusion des arts du cirque.
Retrouvez le pôle le plus près de chez vous grâce à la carte des PNAC ci-dessous :
Enfin, autre dispositif crée à l'initiative de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) en partenariat avec l'Académie Fratellini : "Processus Cirque". Né en 2015, le projet "vise à accompagner le processus de recherche et de création d'œuvres portées par des auteurs de cirque". Le but de ce processus est ainsi d'offrir aux artistes un temps de recherche durant lequel ils pourront innover, se mettre en relation avec des auteurs d'autres disciplines et ainsi penser le renouveau du cirque. Ce temps est financé par une bourse d'un montant de 8 000 €. Sept projets sont ainsi sélectionnés chaque année pour en bénéficier.
France, terre de festivals circassiens à l'international
La France est un pays de cirque mais aussi une terre de festivals. On retrouve donc très logiquement de nombreux festivals de cirque sur notre territoire et durant toutes les périodes de l'année :
- Festival Circa à Auch
- La nuit du cirque, en France mais aussi à l'international
- Festival International du Cirque de Lyon
- Festival Mondial du Cirque de Demain à Paris
- Festival International du Cirque de Massy
- Festival International du Cirque de Monte-Carlo
Une liste est loin d'être exhaustive mettent en lumière l'intérêt des citoyens français pour cette discipline artistique. Partout en France, à Bayeux, à Saint-Paul, à Domont, à Marseille, à Cherbourg, à Basse-Terre, il existe des festivals de cirque, chaque année ou au gré des passages des troupes d'une ville ou d'un village à l'autre. La France est en effet le pays européen où le plus grand nombre de festivals et manifestions circassiennes sont organisés.
Ces festivals ont par ailleurs une portée internationale importante. Le Festival international du cirque de Monte-Carlo prend par exemple place sur le rocher monégasque chaque année depuis 1974 sous la forme d'une cérémonie de récompenses pour les divers métiers du cirque.
Quant à lui, le Festival Mondial du Cirque de Demain à Paris permet à des jeunes artistes de présenter leur art devant un jury international et un public curieux.
Très largement représentée et grâce à ses nombreuses familles, la France brille dans le monde entier par l'inventivité de son cirque, de ses cirques. Si la discipline évolue au contact de son temps et de son public, de très nombreux cirques et artistes de cirques, si bien sédentaires que nomades, sont des références internationales, au même titre que le Cirque du Soleil québécois et son rayonnement planétaire.
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