estampe

Judith tenant la tête de Holopherne

BEHAM Hans Sebald (dessinateur, graveur)

BEHAM : Nuremberg, 1500 ; Francfort-sur-le-Main, 1550

Allemagne

2e quart 16e siècle

1535

A l'instar de son frère Barthel, Sebald dédie trois compositions gravées à Judith, personnage éponyme du livre deutérocanonique de l'Ancien Testament. Ses représentations s'en distinguent toutefois, puisque chacune met en scène Judith dans toute sa nudité. La première (B. 10) place Judith et sa servante côte à côte et face au spectateur ; Judith s'apprête à laisser tomber la tête de Holopherne dans le sac tenu par la servante. L'oeuvre tardive de 1547 (B. 12) offre une version inversée de la gravure de 1523 de Barthel, et montre Judith assise sur le rebord d'une fenêtre, regardant songeusement la tête du général assyrien. Dans l'estampe traitée ici, Judith marchant, exhibe sous le nez de la servante la tête de Holopherne tel un trophée. Le regard des femmes dirigé vers la droite, semble s'attarder sur le corps décapité de Holopherne, placé hors du plan de la gravure. L'épée qui servit à la décapitation est bien mise en évidence ainsi que le laurier ornant les cheveux de Judith. Les visages similaires des femmes viennent en contrepoint de la figure nue et en mouvement de Judith et de celle statique de la servante drapée à l'antique. Le sujet tiré d'un livre apocryphe de l'Ancien Testament connaît au début du XVIe siècle un grand succès en Italie comme au nord des Alpes. Judith imagine un plan perfide pour sauver la ville de Béthulie du siège de l'armée assyrienne. Parfumée et revêtue de ses plus beaux atours, elle quitte Béthulie accompagnée de sa servante, et prétend déserter sa propre ville. Elle accède ainsi au camp des Assyriens et expose à leur chef Holopherne le stratagème qu'elle a conçu en vue de lui faciliter la prise de Béthulie. Comme espéré, Holopherne tombe amoureux d'elle, l'invite à un banquet afin de la séduire, mais fatigué par l'excès de boisson, sombre dans le sommeil. Restée seule dans la tente, Judith en profite pour décapiter Holopherne. Elle enveloppe ensuite la tête dans la besace à vivres de sa servante, et repart pour Béthulie. La tête de Holopherne suspendue au-dessus des remparts de la ville, provoquera la fuite des Assyriens Sebald Beham, par l'interprétation qu'il donne de l'épisode biblique, se distingue de ses contemporains. Ne gardant de l'iconographie traditionnelle que les détails propres à l'histoire de Judith -la tête, l'épée et le sac où sera placée la tête de Holopherne-, et qui permettent de la différencier de celle de Samson et Dalilah, Sebald Beham donne à la protagoniste l'allure d'une figure classique (Levy, Janey L., Lawrence, 1988, cat. n° 28). Plus que l'héroïne biblique dévouée à son peuple ou la femme intrigante, exerçant un pouvoir tyrannique sur l'homme amoureux, thème de la Weibermacht largement développé dans l'iconographie de la fin du Moyen Age, c'est l'expression érotique de la femme nue que va souligner Sebald. Judith, plantureuse certes, incarne un idéal de beauté féminine évoquant celui des maîtres italiens, notamment de Marcantonio Raimondi. Sebald a pu s'inspirer en effet du dessin de 1533 où Georg Pencz représente une allégorie de La Justice (Angleterre, collection privée), proche de l'estampe La statue de Bacchus de Marco Dente da Ravenna (Landau, 1978, p. 30, ill. n° 14). Aussi la gravure de Sebald Beham pourrait-elle se situer vers 1535. (Anny-Claire Haus)

papier vergé, burin

Gravure sur bois sur papier vergé

Hauteur hors tout en cm 11.7 ; Largeur hors tout en cm 7.2 ; Hauteur en cm 11.6 ; Largeur en cm 7.1

monogramme

monogramme, devant, en haut à gauche

scène biblique (Judith, femme, nu, épée, debout, Holopherne, décollation, tête)

Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins

Musée de France
au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002

propriété de la commune ; ancien fonds ; Strasbourg ; cabinet des estampes et des dessins

date d'acquisition inconnue

77.002.0.29 ; 77.R.2011.0245 (N° récolement)

STRASBOURG, Les dieux comme les hommes, 2003

Cat expo STRASBOURG Les Dieux comme les ho. 2003 (p. 138 B. 11 ; P. 12 I. LEVY, Janey L., dans cat .de l'exposition " The World in Miniature : Engravings by the German Little Masters, 1500-1550 ", Lawrence, Spencer Museum of Art, 1988, pp. 119-120. LANDAU, David, Catalogo completo dell'opera grafica di Georg Pencz, Milan, 1978, Salamon e Agustoni editori, p. 30 )
The world in miniature, engravings by the German little masters, 1500-1550 : catalogue d'exposition University of Kansas, 4 septembre- 23 octobre 1988, Yale University art gallery, 20 november1988- 8 janvier 1989, Minneapolis Institute of arts, 4 fevrier - 26 mars 1989, Grunwald center for the graphic arts, University of California at Los Angeles, 23 avril-11 juin 1989, Spencer Museum of Art, 1988 (p.119-120)
LANDAU, David, Catalogo completo dell'opera grafica di Georg Pencz, Milan, Salamon e Agustoni editori, 1978 (p. 30)
PAULI, Gustav, Hans Sebald Beham; ein kritisches verzeichniss seiner kupferstiche, radirungen und holzschnitte, Strasbourg, Heitz, 1901. (12 I.)
Adam BARTSCH, Le Peintre graveur, Leipzig, 1866-1876 20, in 12° (B. 11)

SIFFER Florian

© Strasbourg, cabinet des estampes et des dessins, © Service des musées de France, 2014

© Mathieu Bertola, Service photographique des Musées de Strasbourg

Renseignements sur le musée

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