Pour la première fois depuis 14 ans, l’industrie musicale, en dépit d’un chiffre d’affaires en baisse en 2015 semble entrevoir les signes d’une embellie, notamment à travers le développement du streaming (écoute des flux musicaux en ligne) qui a été multiplié par cinq en cinq ans. Si ce résultat est encourageant, d’autres « défis » attendent, selon Audrey Azoulay, les acteurs de la filière. Pour y faire face, la ministre de la Culture et de la Communication a défendu le 4 juin devant les acteurs de l’industrie musicale réunis lors du Midem, une politique « globale » en faveur de la filière de la musique enregistrée.
Un fonds de soutien à l’innovation numérique
Le lancement d’un fonds destiné à l’innovation numérique complète le dispositif de soutien de l’État à la filière musicale. « Un nouveau fonds de soutien à l’innovation et à la transition numérique du secteur de la musique enregistrée va être créé cette année, a-t-elle précisé. Il sera doté de 2 millions d’euros pour aider les entreprises de production indépendante, de distribution physique et numérique, ainsi que les intermédiaires qui concourent au développement de l’offre légale. La consultation sur le projet de décret sera lancée dès la semaine prochaine. Dès la rentrée, le premier comité d’experts chargé de donner un avis sur l’attribution des aides pourra se réunir ».
La ministre a rappelé que l’État avait déjà mis en place plusieurs dispositifs destinés à soutenir les entreprises du secteur de la musique enregistrée (plus de 100 en 2015), à encourager la prise de risque des producteurs (le crédit d’impôt en faveur de la musique enregistrée a été prolongé jusqu’en 2018) et à soutenir les producteurs de spectacle vivant (crédit d’impôt spécifique).
Favoriser la diversité musicale dans les médias grâce aux quotas
Autre volet de cette politique « globale » : la diversité musicale dans les médias. Destiné à « favoriser la diversité de l’offre musicale tout en poursuivant une ambition forte pour la francophonie », un dispositif ambitieux a été élaboré dans le cadre de l’examen parlementaire du projet de loi sur la liberté de création, a souligné la ministre de la Culture et de la Communication. Il prévoit deux volets : un plafonnement des rotations à la radio pour éviter la concentration sur un nombre limité de titres ; une incitation pour les radios à prendre des engagements précis en faveur de la diversité musicale. « Je suis convaincue que ce dispositif peut faire l’objet d’un consensus dans le cadre de la commission mixte paritaire entre députés et sénateurs ».
Création du médiateur de la musique
Le projet de loi sur la liberté de création comprend une autre mesure qui concerne la filière musicale : l’instauration prochaine du médiateur de la musique. « Le médiateur contribuera à la résolution des conflits au sein de la filière, car je crois aux vertus de la conciliation », a expliqué la ministre. « L’amélioration de la transparence dans les relations contractuelles, doit aussi faire l’objet d’un travail commun aux auteurs et aux éditeurs de la musique. Dans le cadre de la médiation que je confie à Serge Kancel et Isabelle Maréchal, inspecteurs généraux des affaires culturelles, je suis convaincue qu’ils aboutiront à la signature d’un code des usages, susceptible d’améliorer leurs relations contractuelles », a-t-elle poursuivi.
Lancement d’un Observatoire de l’économie de la musique
Mettre en place un « espace de réflexion et de dialogue pour appréhender les enjeux de la musique dans sa globalité » : tel sera, selon Audrey Azoulay, l’objectif de l’Observatoire de l’économie de la musique. Avec cet « outil indispensable » issu du projet de loi liberté de création et approuvé par les deux assemblées, la filière disposera d’un lieu où elle pourra débattre des principaux enjeux de l’industrie musicale. « Les contours de cet observatoire seront définis dans le cadre d’un comité d’orientation associant l’ensemble des parties prenantes de la filière », a précisé la ministre.
Un acteur fort pour l’exportation de musique
En 2015, la filière musicale a appelé de ses vœux la mise en œuvre d’une politique ambitieuse permettant de « relever le défi de l’international ». Le ministère de la Culture et de la Communication a donc engagé, en plein accord avec les professionnels, la « fusion du Bureau export et de Francophonie diffusion » pour mettre en place un « opérateur fort » à l’international. La loi de finances pour 2016 a prévu un accroissement de 500 000 euros de notre soutien au Bureau export.
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