Après la réussite de la rénovation du musée d'Unterlinden, à Colmar, ou de la conception du Centre national du Graphisme, à Chaumont, deux nouveaux édifices régionaux emblématiques vont être l'objet d'ambitieux programmes architecturaux : : la Cathédrale d’Angers et l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Toulouse (ENSAT). Ce double événement met en lumière le dynamisme du secteur architectural et démontre, une fois de plus, la fécondité du dialogue entre création architecturale et patrimoine. Retour sur les propositions innovantes faites par Kengo Kuma et Pierre Louis Faloci.
Cathédrale d'Angers : une galerie contemporaine signée Kengo Kuma
Figure majeure de l'architecture contemporaine, le Japonais Kengo Kuma s’inspire de la nature pour concevoir des édifices qui se fondent dans leurs environnements. Empreintes de poésie, ses œuvres sont composées de matériaux naturels, souvent locaux, en lien avec des techniques d’architecture ancestrales. « [L’architecture japonaise traditionnelle me] fournit des pistes qui sont surtout des principes de design durables : grands toits qui protègent du soleil, systèmes de ventilation naturelle… », explique l'architecte dans un entretien accordé au journal Le Monde. Une démarche écologique avant-gardiste, qui a valu à Kengo Kuma l’obtention du prestigieux Global Award for Sustainable Architecture en 2016.
Chargé de construire le nouveau stade olympique de Tokyo, l’architecte n’a pas dérogé à ses principes face au plus grand projet de sa carrière. Composée de bois issus de toutes les forêts du pays, cet imposant édifice est subtilement intégré au parc qui l’entoure. Kengo Kuma compte également parmi ses réalisations les plus emblématiques le Fonds régional d’art contemporain de Marseille, doté d’une lumineuse façade d’écailles de verre, ou encore le Victoria & Albert Museum, à Dundee en Ecosse, véritable vaisseau rétro-futuriste qui surplombe le plus grand fleuve du pays - comme le rappelle son sol en pierre noire, incrusté de coquillages fossilisés.
En parallèle de son intervention sur la Gare de Saint-Denis Pleyel, toujours en cours, le prolifique architecte s’apprête à donner à la Cathédrale d’Angers de nouveaux contours. L’objectif de cette commande du ministère de la Culture ? Protéger le portail occidental du monument, orné de rares polychromies médiévales qui, suite à leur découverte en 2009, ont fait l’objet d'une ambitieuse restauration. Après plusieurs études historiques et archéologiques, les données recueillies n’ont pas été jugées suffisantes pour envisager une reconstitution à l’identique de la galerie ancienne, ouvrant ainsi la voie à une création contemporaine. Constituée d’arches et d’ouvertures, la galerie imaginée par Kengo Kuma sera dotée d’une esthétique sobre et épurée. Elle s’intégrera harmonieusement au reste de la cathédrale, tout en préservant durablement les décors sculptés de son portail.
ENSAT : Pierre-Louis Faloci rénove l'école et redessine son quartier
Auteur de l'architecture de nombreux lieux de mémoires – tels que le musée de la bataille de Valmy dans la Marne, le musée de la Guerre 14-18 à Lens ou encore le centre européen du résistant déporté – Pierre-Louis Faloci a toujours veillé à composer avec le paysage et l’histoire des lieux. « Il y a une énorme responsabilité dans l’acte de construire et de transformer », écrit-il sur son site. L’architecte conçoit, dans chacun de ses projets, les bâtiments et les aménagements extérieurs comme un tout. Son rapport à l’environnement procède d’un « idéal social, territorial et paysager », qui le pousse à appeler de ses vœux « une génération de projets très différente et inventive pour le patrimoine de demain » dans laquelle le développement durable et l’analyse du lieu d’intervention occuperaient une place déterminante.
Les nombreuses réalisations de Pierre-Louis Faloci témoignent de sa capacité à construire avec l’existant et à le transformer. On lui doit notamment la conception de l’église Notre-Dame de la Sagesse - désormais labellisée « Architecture contemporaine remarquable » - au cœur d’une ZAC parisienne, la rénovation de la chapelle du musée Rodin, et la réhabilitation de l’ancienne Halle au sucre de Dunkerque. Lauréat de l’Equerre d’Argent (1996) et du Grand Prix national de l’Architecture (2018), Pierre-Louis Faloci est reconnu pour les valeurs esthétiques, éthiques et constructives de ses œuvres, mais aussi pour son engagement au service des enjeux de société – dont témoigne notamment son souci des questions environnementales.
Son projet de réhabilitation de l’ENSAT permettra de répondre aux besoins de développement de l’établissement et de ses activités de recherche. Il inclura la réhabilitation des bâtiments existants ainsi que la création de près de 2 500 m² supplémentaires, tout en assurant un renouvellement du paysage urbain. Fidèle à ses convictions, l’architecte souhaite en effet renforcer l’ENSAT dans son inscription dans le quartier en créant un large parvis et une traversée piétonne qui connectera le quartier haut des Pradettes avec le parc du château de l’Université Toulouse – Jean Jaurès en contrebas. En remodelant l’environnement de l’école, l’intervention de Pierre-Louis Faloci devrait donc profite, au-delà des étudiants de l’école, à l’ensemble des toulousains.
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