Christine Richier, responsable du département lumière de l’Ensatt et conceptrice lumière
Elle fut l’assistante de l’illustre scénographe Josef Svoboda et transmet toujours aujourd’hui avec passion l’œuvre de l’artiste.
Depuis quarante ans, sa passion pour la lumière ne l’a jamais quittée. Christine Richier démarre très jeune sa carrière d’éclairagiste, et fait ses premières régies dès la fin des années 70, comptabilisant aujourd’hui près de deux cents conceptions lumière que ce soit pour le théâtre, la danse ou les marionnettes. Dès ses débuts professionnels, elle mène une vraie réflexion sur la lumière, avec pour objectif de retracer son histoire, expliquer son évolution. Titulaire d’un master en philosophie et esthétique en 2008, elle devient docteur en 2019. Ses activités de chercheuse interrogent la fabrication de la lumière sur scène avec l’ensemble des outils scéniques. Son travail de recherche sur l’œuvre précurseur de Svoboda (il est le premier par exemple à avoir utilisé le laser sur scène) est précieux afin de comprendre plus globalement comment une scène se transforme et absorbe une technologie.
Pendant longtemps, Christine Richier a pu suivre le travail de l’illustre scénographe tchèque Josef Svoboda, car elle fut son assistante entre 1986 et 1996. Son nom est aujourd’hui immortalisé sur les scènes du monde entier par les rampes à basse tension et faisceaux très serrés qu'il a inventées, appelées par les éclairagistes des « svobodas ».
De ces dix années à côtoyer le grand maître de la scène, Christine Richier a gardé ce besoin de transmission, cette envie inaltérable de comprendre toujours davantage ce médium incroyable qu’est la lumière. Elle décide alors de mener un projet de recherche spécifique sur l’œuvre de l’artiste tchèque, qu’elle baptise « Svobodays », projet qui a d’ailleurs été sélectionné par la mission Recherche de la direction générale de la Création artistique du ministère de la Culture en 2019 dans le cadre de son appel à projets recherche en théâtre et arts associés.
A partir de certaines recherches et créations spécifiques de Svoboda, l’idée de Christine Richier est d’interroger la place de la lumière et des technologies numériques dans les pratiques contemporaines de la création scénique. Son projet est mené en collaboration avec différentes écoles européennes, et plusieurs travaux et temps d’échanges sont organisés avec la communauté pédagogique et les étudiants (journées d’étude, tables rondes, ateliers maquettes, workshops lumière). Ce projet se conclue chaque année par l’organisation de journées-évènement ouvertes au public, baptisées Svobodays, au cours desquelles les étudiants sont amenés à présenter leur travail et échanger avec les artistes et professionnels invités.
Si Christine Richier a été un témoin privilégié des révolutions apportées par les nouvelles technologies dans les arts de la scène, conservant un regard critique sur ces outils, elle mesure leur formidable apport pour la création artistique. Son statut d’enseignante depuis 24 ans puis de responsable du département lumière à l’école nationale supérieure des arts et techniques du Théâtre, lui offre les conditions optimales pour les recherches qu’elle mène. Un « luxe » comme elle le qualifie elle-même.
Pour Christine Richier, la recherche doit rester invisible, par contre, la transmission et le partage sont au cœur de ses projets comme pour les Svobodays. Bonne nouvelle, la conception lumière, en tant que discipline autonome des arts de la scène, commence enfin à émerger dans la recherche.
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