« Théâtre d’essai(s) », « lieu d’échange et de rencontres », « laboratoire à cœur ouvert »… Les mots d’Alain Fourneau, directeur du Théâtre des Bernardines de 1987 à 2015, ne manquent pas pour caractériser ce lieu unique du fourmillement artistique de Marseille.
Situé au cœur de la ville, au sein de la chapelle du même nom, le projet s’incarnait dans une dynamique de collaboration totale entre, les metteurs les comédiens, les créateurs lumière et son, les techniciens et les publics, pour faire des Bernardines un espace de création singulier. C’est précisément cette notion de rencontre et d’échange qui a fait la force de ce lieu, alliant la possibilité de faire se côtoyer des formes et des esthétiques diverses, mais toujours exigeantes tout en faisant participer les publics à cette émulation artistique.
Un lieu d’expérimentations partagées loin des conventions
« On pouvait tenter des expériences aux Bernardines », se souvient Alain Fourneau - citant de mémoire, parmi les nombreux dramaturges, metteurs en scène, danseurs et acteurs fréquemment invités à collaborer sur des projets aux Bernardines - Angela Konrad, aujourd’hui directrice artistique de l’Usine C, centre de création et de diffusion artistique à Montréal, Marie José Malis qui a dirigé le Théâtre de la Commune à Aubervilliers, Olivier Saccomano, dramaturge et désormais co-directeur du Théâtre des 13 Vents, CDN de Montpellier, Raffaella Giordano de la compagnie Sosta Palmizi, Maria Munoz et Pepe Ramis du centre de création L’Animal à l’Esquena, la Sociéta Raffaello Sanzio, le Théâtre du Radeau… et tant d’autres ayant fréquenté la coupole de la chapelle des Bernardines à un moment de leur carrière.
Cette démarche de « théâtre d’essai(s) », revendiqué par Alain Fourneau et tous les artistes qu’il a invité à collaborer sur ses projets, a permis de créer un espace où l’expérimentation, propre à la pratique artistique est devenue motrice et constitutive du lieu lui-même. Dès lors, « on ne savait pas où nous caser [dans les politiques culturelles] », témoigne Alain Fourneau qui refusera le conventionnement du théâtre, évitant ainsi, selon lui, la contrainte d’adhérer à un cahier des charges trop rigide.
Retranscrire l’essence d’un lieu d’exception
Comment rendre compte des multiples facettes et apports de celles et ceux qui ont participé de ce projet ? Comment, et par quels processus ce lieu a-t-il pu devenir un outil au service de l’expérimentation théâtrale ?
Le projet de recherche vise à capturer la singularité du Théâtre des Bernardines en tant qu'espace d'échanges et de création. Pour ce faire, les trois auteurs déploient une méthode de recherche reprenant les codes ayant façonné cette identité unique. C’est donc au travers de rencontres, d’entretiens et de textes sollicités auprès de certains, en réunissant celles et ceux qui ont un jour contribué à cette aventure collective, qu’ils entendent décrypter et restituer les singularités de ce laboratoire du théâtre contemporain. De plus, le projet accorde une place fondamentalement structurante au dialogue entre Alain Fourneau et Marie Vayssière, qui fait office de fil rouge tout au long du récit.
Sous la forme d’un ouvrage, Marie Vayssière, Alain Fourneau et Samuel Wahl souhaitent construire un récit-choral qui, au-delà de la mise à l’écrit de l’histoire du Théâtre des Bernardines, pourrait constituer selon leurs mots « un livre-outil à l’usage de ceux et celles qui œuvrent pour un théâtre favorisant un dialogue continu entre les générations d'artistes et les publics ».
La publication du livre Des Bernardines de papier est prévue pour l’automne 2025 et sera augmentée par une plateforme numérique « Les Bernardines Virtuelles ». Cette dernière permettra de donner à voir la continuation de l'esprit novateur et de la dynamique collaborative qui ont caractérisé le Théâtre des Bernardines, pour que la richesse et l’impact de cette aventure collective continuent de nourrir les esprits et les pratiques théâtrales contemporaines.
Recherche en théâtre et en arts associés
L’appel à projets Recherche en théâtre et en arts associés a été conçu par la Direction générale de la création artistique (DGCA) pour soutenir les recherches menées par des acteurs de la création en dehors de tout objectif immédiat de création ou de production de spectacle. Ce programme d’aide répond à des enjeux de trois ordres :
- favoriser un renouvellement des formes et des esthétiques de la création ;
- permettre aux artistes en formation d’accéder aux méthodes et acquis récents de la recherche ;
- diversifier les ressources sur un plan patrimonial et en faciliter l’accès.
Il a pour objectif de créer et de consolider une communauté de chercheurs en théâtre et en arts associés qui partagent des concepts, des méthodologies et des pratiques. Ce programme d’aide s’inscrit dans le cadre de la stratégie de recherche du ministère de la Culture qui a fixé dans ses mesures prioritaires le soutien à des programmes de recherche dans les champs de la création.
Partager la page