Critique et historien de l’art, commissaire d’exposition et responsable d’institution culturelle, Daniel SOUTIF s’est éteint le 31 octobre à l’âge de 79 ans.
Né à Paris en 1946, agrégé de philosophie, il avait commencé sa carrière dans l’enseignement avant de se tourner vers le journalisme. Grand passionné de musique, il avait très tôt consacré une part essentielle de son travail au jazz, dont il fut l’un des meilleurs connaisseurs. Il avait collaboré à Jazz Magazine dès 1973, puis à Libération à partir de 1981, où il avait tenu des chroniques régulières avant de rejoindre l’équipe en charge de l’art contemporain.
Esprit curieux et généreux, il s’était lié à de nombreux artistes, notamment aux figures italiennes de l’Arte Povera et à plusieurs créateurs français de sa génération, auxquels il avait consacré de nombreux textes et ouvrages.
En 1990, il avait été nommé rédacteur en chef des Cahiers du Musée national d’art moderne du Centre Pompidou, puis, en 1993, Dominique Bozo lui avait confié la direction du nouveau Département du Développement culturel. À ce poste, qu’il avait occupé pendant huit ans, il avait œuvré à faire dialoguer les arts entre eux, développant les colloques, les conférences, le spectacle vivant, la production audiovisuelle et les expositions pluridisciplinaires.
C’est ainsi qu’il avait assuré, en 2000, le commissariat de l’exposition de réouverture du Centre Pompidou, Le Temps, vite, qui explorait les mutations de notre rapport au temps à travers les arts, les sciences et la vie quotidienne.
De retour en France après une parenthèse italienne, il s’était consacré à un vaste travail d’écriture et de transmission. Son ouvrage L’Art du XXe siècle, 1939-2022 : de l’art moderne à l’art contemporain avait fait date. Il y avait poursuivi cette même exigence intellectuelle et cette volonté d’unir les disciplines qui avaient toujours guidé son parcours. Il avait également réuni ses deux passions, l’art contemporain et le jazz, dans deux expositions majeures au musée du Quai Branly – Jacques Chirac : Le Siècle du jazz (2008) et The Color Line (2016), où il avait montré, une fois encore, combien la culture pouvait être un lieu de mémoire, de lutte et de dialogue.
J’adresse à sa compagne, à sa famille et à ses proches mes plus sincères condoléances.
Rachida DATI
Ministre de la Culture