Un départ en vacances en voiture, une tartine de crème solaire sur la plage, un plongeon dans la mer... Tous nos souvenirs et sensations liés aux vacances sont réunis dans Été POP ! un adorable imagier aux couleurs détonantes conçu pour célébrer la saison estivale. Six dessins ont été imaginés par Aurore Petit selon le principe du pop-up, ces pliages qui se déploient à l’ouverture de la page.
Ce livre a remporté le premier Prix du livre pour les bébés, décerné depuis cette année par le ministère de la Culture. « Son album, conçu pour les mains d’un enfant, promet de jolis moments de lecture partagée. Je souhaite que ce prix popularise l’idée qu’il n’y a pas d’âge pour commencer à regarder des albums en famille : ils sont un formidable vecteur de lien, d’émotion, d’éveil et de transmission », a déclaré Rachida Dati, la ministre de la Culture lors de la remise du prix, mercredi 5 novembre. Il a été choisi par un jury présidé par Soledad Bravi, illustratrice et autrice d’ouvrages pour la jeunesse, parmi une sélection de vingt ouvrages destinés aux enfants de moins de trois ans sélectionnés par le Centre national de la littérature pour la jeunesse de la Bibliothèque nationale de France. Doté de 4 000 euros, il distingue un ouvrage qui favorise l’interaction entre le tout-petit et l’adulte par le texte, les images ou encore la fabrication.
Ce tout nouveau prix vise surtout à réaffirmer la volonté du ministère d’encourager le partage de moments de lecture dès la petite enfance et de valoriser la créativité des auteurs et des éditeurs de littérature pour les tout-petits. Il s’agit d’une nouvelle pierre dans la politique de développement de la lecture auprès des jeunes enfants après le lancement, en mai dernier, de « ma première carte de bibliothèque » destinée à inviter tous les parents à inscrire leur nouveau-né dans la bibliothèque de leur choix. Autant de mesures pour remettre la lecture au cœur des pratiques culturelles des jeunes, objectif des États généraux de la lecture pour la jeunesse, lancés en juillet dernier.
Quel a été votre parcours et qu’est-ce qui vous a poussé à vous diriger vers la littérature jeunesse ?
J'ai fait les arts décoratifs de Strasbourg, entrecoupé par un séjour à l'université du Québec à Montréal, une formation qui m'a amenée à faire de l'illustration narrative mais aussi de l'illustration de presse. Dès ma sortie de l'école en 2006, le cœur de mon travail était déjà d’imaginer des albums pour la jeunesse et d’illustrer des livres.
J’ai longtemps travaillé pour la presse avant de développer petit à petit mon travail en littérature jeunesse. J'ai beaucoup travaillé avec des auteurs et autrices dont j'aimais les histoires et avec des éditeurs et éditrices qui me proposaient directement des textes. Au fil des collaborations, je me suis rendu compte que j'avais envie de penser vraiment le texte et l'image en même temps et cela fait désormais une dizaine d'années que je crée essentiellement des livres seule, en tant qu'autrice et illustratrice.
Votre livre Été POP est un pop-up, c’est-à-dire un livre avec des pliages qui se déploient lorsque l’on ouvre les pages. Quel est l’intérêt de ce procédé ?
Le pop-up est davantage un art du mouvement qu'un art de la sculpture. J’aime aborder le pop-up de manière assez simple. Je n’utilise que peu de plis. Avec seulement 5 ou 6 plis, j’essaie d’amener une diversité de mouvements, d'images et de scènes. J’ai utilisé la technique japonaise du kirigami qui consiste à plier et couper une seule feuille de papier sans point de colle. Quand on ouvre le livre à 180 degrés, la feuille redevient plate. C’est une technique simple et ludique qui permet vraiment de jouer sur la surprise.
Cet ouvrage s’inscrit dans une série sur les saisons, qui elle-même fait suite à une série sur les couleurs. Pourquoi avoir choisi ce thème et comment avez-vous imaginé ce livre ?
Été POP s'inscrit dans une collection de livres sur les couleurs qui sont des imagiers pour tout-petits, à partir d’un an environ. Dans chacun de ces livres, je montre six éléments variés (un animal, un objet, un véhicule, un végétal…) accompagnés du mot qui les définit. L'intérêt pour le lecteur est de découvrir des illustrations qui s’animent au fil de la lecture. Avec les saisons, je voulais proposer quelque chose de plus référencé, destiné aux enfants un peu plus grands qui ont déjà des souvenirs.
Ce livre est composé de six tableaux en relief et en mouvement qui racontent l'été : l’abeille qui butine, le départ en vacances, la tartine de crème solaire, l'air entre les orteils, la baignade au coucher du soleil et la nuit sous les étoiles. L’idée était de convoquer des souvenirs, de raconter l’été à hauteur d’enfant, en choisissant des scènes qui peuvent évoquer une sensation. J’ai bien sûr plongé dans mes propres souvenirs d'été mais aussi dans ceux que je vis avec mes enfants. Car quand on devient parent, certains éléments de notre propre enfance ressurgissent. Il est vrai que depuis quelques années, le fait de vivre avec des enfants au quotidien nourrit mon travail.
Vous avez imaginé des livres pour différentes tranches d'âge. Comment, en tant qu'adulte, arrive-t-on à se mettre à hauteur d’enfant pour éveiller sa curiosité ?
C’est un travail passionnant. Quand on dessine et qu’on écrit pour les tout-petits, on revisite en quelque sorte les fondamentaux de l'apprentissage et de la découverte du monde. Dans la série sur les couleurs, je montre les choses de manière très littérale. Un mot juxtaposé à une image peut déjà avoir énormément de sens pour cette tranche d’âge. Pour les plus grands, je vais mettre de la distance entre le texte et l'image. Dans ces livres pour les tout-petits, j’essaie de trouver comment montrer l'essence des choses avec simplicité : une fleur qui s’ouvre, un papillon qui bat des ailes, un avion dans le ciel. J’essaie de rester dans une approche intuitive, comme si je m’adressais directement aux enfants.
Et puis, il faut quand même qu'il se passe quelque chose et c'est là que le pop-up est intéressant parce qu’il va amener du mouvement, une découverte et une surprise de lecture. Par exemple, montrer un crabe statique pourrait être pauvre et simpliste. Mais grâce à cette technique, je peux montrer un crabe qui bouge ses pinces. On est presque dans le mime et au théâtre. C’est comme un petit spectacle de poche à jouer en privé.
Ce nouveau Prix du livre pour les bébés a pour objectif de valoriser la littérature jeunesse et de montrer l'importance de la découverte de la lecture et de l'objet livre. Pour vous, est-ce important de contribuer à cet éveil ?
C’est pour moi fondamental ! Le livre est l'objet le plus parfait du monde : on peut y mettre très peu de choses comme tout un univers. C’est quelque chose de très précieux : une fois qu'on sait que l’on peut trouver des réponses dans les livres, que l'on peut plonger dans un univers infini, c'est pour la vie ! En littérature jeunesse, c'est un peu ça le défi : dire aux bébés et aux enfants que dans les livres, il y a des réponses à leurs angoisses, à leurs questions. Que les livres vont les aider à grandir mieux. Le plaisir de lire s'éveille très tôt. Le fait de jubiler dans un livre, de rire et de ressentir énormément d'émotions en lisant est fondamental pour l’éveil, l’imagination, la capacité d’abstraction des tout-petits.
Un autre aspect central, c'est l'interaction entre l’enfant et l'adulte qui lit le livre. Comment prenez-vous cet élément en compte quand vous réfléchissez à une histoire ?
En effet, dans la petite enfance, la lecture est une expérience collective. On lit à 2, à 3, même parfois à 20, et presque toujours avec un adulte. Une fois acquise, la lecture devient le plus souvent une expérience individuelle et intime. Cette lecture interactive est spécifique à la littérature jeunesse et rentre complètement dans mon processus de création. Quand je fais un livre, mon premier public, c'est moi. Donc il faut que ça m'amuse. Je lis mon album et je le teste sur les enfants avant même de le finir pour voir à quel moment ils décrochent, si je sens qu'ils ont des questions ou qu’il y a des ambiguïtés.
J'aime aussi beaucoup glisser des clins d'œil au quotidien des parents que les enfants ne voient pas forcément. J'aime créer une complicité avec le lecteur en leur disant : « vous lisez un livre pour enfants mais c’est une adulte qui a fait ce livre et nous sommes dans la même équipe. »
Été POP, Aurore Petit, La Martinière jeunesse
L'oie et le chat : histoires d'ombres, Ianna Andréadis, Les Grandes personnes ;
Le bébé, Jeanne Ashbé, L'École des loisirs ;
Jour d'été en musique, Anaïs Brunet, Didier Jeunesse ;
Couleur, David A. Carter, Gallimard jeunesse ;
Fruits insolites, Clara Corman, Amaterra ;
Imagier des formes, Claire Dé, Les Grandes personnes ;
Là-bas dans la forêt, Malika Doray, Éditions Memo ;
Au gré du vent, Mélie Giusiano, Éditions Thierry Magnier ;
Les petites bêtes, Raphaele Glaux et Marguerite Courtieu, Albin Michel jeunesse ;
Balade au fil de l'eau, Charlotte Molas, Amaterra ;
L'heure d'aller au lit, Eva Montanari, Éditions Thierry Magnier ;
Et si on jouait ?, Ana Pessoa et Madalena Matoso, Éditions MeMo ;
Bonjour, bonne nuit, Hubert Poirot-Bourdain, Éditions Sarbacane ;
Ma Doudoue, Claude Ponti, L'École des loisirs ;
Triangle, Christine Roussey, La Martinière jeunesse ;
Bonsoir Hibou, Grégoire Solotareff, L'École des loisirs ;
Ours, Arianna Tamburini, Éditions Thierry Magnier ;
Le vent est ma couleur préférée, Fred Theys, Zébulo éditions ;
Le grand livre des petites choses, Sophie Vissière, Hélium.
Des États généraux pour redonner le goût de la lecture à la jeunesse
Le temps de lecture des Français se fait de plus en plus rare et près d’un jeune de 7 à 19 ans ne lisent pas du tout dans le cadre de leurs loisirs. Pour remettre la lecture au cœur des pratiques culturelles des jeunes, le ministère de la Culture et le ministère de de l'Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ont lancé les États généraux de la lecture pour la jeunesse (EGLJ) jusqu’à la fin de l’année.
Ils se déroulent autour de quatre temps. Après un lancement en juillet et un premier point d’étape en octobre à l’occasion de de la deuxième édition de « Biblis en folie », les travaux des EGLJ seront présentés le 26 novembre lors du Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Fin janvier, un rapport final sera remis pour dresser un diagnostic et faire des préconisations pour renouveler l’action publique en faveur de la lecture des jeunes.
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