Grâce à la générosité de la donatrice Barbara Duthuit, la Nature morte à la statuette africaine d’Henri Matisse (1869-1954), datée de 1907 et issue des collections du peintre, a rejoint la semaine dernière les cimaises du musée éponyme de Nice qui s’enrichit ainsi d’une toile majeure du maître.
Particulièrement atypique, cette œuvre se distingue par la prédominance du fond blanc, héritage cézannien, qui est à considérer comme une expérimentation sans précédent, libérant l’emploi audacieux de la couleur et par l’originalité du traitement du motif, la statuette vili du Congo, appréhendée comme objet familier intégré à l’espace et non comme une curiosité.
Cette donation d’une œuvre insigne n’est pas un acte isolé et s’inscrit dans la relation étroite qui lie la famille Matisse au musée niçois depuis sa création. Marguerite Duthuit, la fille de Matisse, a, en effet, largement contribué par ses actions et ses libéralités au développement et au rayonnement du musée ; Barbara Duthuit, veuve du petit fils du peintre, Claude Duthuit, quant à elle, insuffle un nouveau souffle avec ce geste qu’espèrent tous les conservateurs : consolider leurs collections par le don d’œuvres emblématiques pour l’histoire de l’art.
Sur le sol français depuis 2019, la Nature morte à la statuette africaine aurait dû, au terme d’un prêt longue durée, regagner les côtes américaines, mais la volonté de la donatrice, la réactivité des Douanes françaises et de la commission scientifique régionale pour les acquisitions de la Direction régionale des affaires culturelles de Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi que l’enthousiasme et le professionnalisme du directeur du musée Matisse, Aymeric Jeudy, soutenu par la ville, ont permis d’écrire une autre histoire : l’entrée dans les collections publiques d’un trésor d’envergure nationale.
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