La piscine Pierre-de-Coubertin de Château-Gontier-sur-Mayenne telle qu’on la connaît aujourd’hui est le résultat d’une restructuration de la piscine d’origine, par Jacques Kalisz, achevée en 1988. Cette réhabilitation est le résultat d’un concours visant à la construction d’une couverture au-dessus d’une piscine extérieure déjà existante.
Aujourd’hui appelée Espace aquatique Pierre-de-Coubertin, la piscine fait partie du complexe Auguste-Doisneau qui comprend également un stade, une salle omnisports et divers terrains de sports.
La piscine
En 1967, deux bassins découverts sont construits par François Parroco au Nord de la commune, afin de remplacer une piscine fluviale existante. L’emplacement est idéal : le terrain est orienté Est-Ouest, situé en bord de Mayenne, et offre une vue imprenable sur le château de la ville situé sur l’autre rive.
Pour cette raison et la volonté d’améliorer cet équipement, le District de Château-Gontier ouvre un concours d’architecture pour la construction d’une toiture mobile et de locaux techniques autour des bassins existants. Les critères de jugement des projets soumis sont les suivants : l’adéquation au programme, l’intérêt architectural, l’insertion dans le site, ainsi que les délais d’études et d’exécution.
Parmi les quatre candidats en lice, Jacques Kalisz (accompagné du Bureau d’Etudes Techniques Trouvin) est retenu pour la maîtrise d’œuvre. Il est choisi par le jury en avril 1986 pour les raisons suivantes :
- une conception des volumes axée sur une transparence, une volonté de « voir »,
- un ensemble bâti à partir d’un axe sur lequel s’articulent les éléments,
- un éclairage maximum,
- et des hauteurs réduites au minimum pour permettre de chauffer la piscine plus facilement.
La première pierre de la restructuration est posée en janvier 1987, et la nouvelle piscine Pierre-de-Coubertin est inaugurée en juillet 1988. L’opération coûte au total 16 millions de francs. Le District de Château-Gontier en est la maîtrise d’ouvrage.
Comme mentionné précédemment, le terrain est très bien situé mais est assez étroit, donc les possibilités pour la réhabilitation sont peu nombreuses. D’autant que la piscine est située dans le périmètre d’un édifice classé Monument historique, et qu’elle est perçue de toute part depuis les hauteurs de la ville. En conséquence, Jacques Kalisz profite de la qualité paysagère de l’environnement et conçoit un bâtiment très transparent, et donc aussi très lumineux. Tout est fait pour avoir le plus d’ouverture sur le paysage extérieur, et un maximum d’éclairage naturel. Dès l’entrée, matérialisée par une rotonde vitrée, la transparence vers l’extérieur mais aussi entre les espaces intérieurs est frappante. La rotonde largement vitrée permet également de révéler l’équipement lorsqu’il est éclairé la nuit.
Jacques Kalisz écrit : « Le bâtiment est conçu comme un corps dont la structure d’organisation est constituée par une sorte de « Colonne vertébrale » sur laquelle s’articulent les différents éléments du programme »[1]. Cette colonne, ou axe principal du projet, réunit bassins, vestiaires, gradins, foyer-club et hall. Les bassins sont au centre du programme, toutes les fonctions convergent vers eux. Il s’agit donc des deux bassins déjà existants, désormais couverts. L’un est qualifié de sportif (25 x 15m) et l’autre d’apprentissage (12,50 x 15m). Seul le pédiluve a été reconstruit à l’occasion du nouveau projet. Un sauna trouve aussi sa place dans l’alignement avec les deux bassins. Entre les bassins sont prévues de grandes plages couvertes, étudiées pour y implanter des jeux exigés dans le programme du concours, type toboggans ou glissades.
Avant la réhabilitation, les annexes étaient structurées en trois parties, dans un bâtiment linéaire. Dans le projet de Kalisz, toutes les annexes sont intégrées au programme et contenues dans l’aile nord : services techniques et fonctionnels (infirmerie, bureaux, locaux d’entretien), vestiaires et douches, et sont toutes liées au hall d’entrée. La conception de cet espace est basée sur une différenciation des parcours pieds secs/pieds mouillés, qui facilite l’entretien et offre un meilleur confort aux usagers. Au-dessus des locaux techniques sont situés les gradins, sous la forme d’un linéaire de 75 m le long des bassins. Est aussi intégrée une salle de musculation. Enfin, un foyer-club est créé : sorte de cafétéria, il est ouvert aux baigneurs et aux visiteurs et sert de lieu de détente, d’attente ou de réunion. Cet espace dispose de terrasses extérieures avec vues sur la Mayenne, et sur les bassins. La surface totale du projet atteint 1 200 m².
Kalsz écrit : « Une piscine n’est pas un établissement sanitaire ». Ainsi, il explique vouloir créer une ambiance chaude dans tous les espaces de la piscine grâce aux lignes modernes et harmonieuses d’une architecture faite d’acier et de verre. L’élément le plus remarquable de l’édifice est sa charpente métallique, une « impressionnante couverture mobile de fer et de verre » décomposée en six modules couverts de tôle ondulée et vitrés en façade. Ces six portiques, d’une hauteur progressive, s’imbriquent les uns dans les autres pour permettre à l’ensemble de se replier pour découvrir entièrement le bassin. En seulement quatre minutes, la piscine peut se découvrir à nouveau. Ce nouveau procédé a été mis en place seulement quelques années auparavant, en 1985, par l’entreprise locale Serru. L’utilisation de cette nouvelle technologie offre une vitrine promotionnelle fantastique au fabriquant. Pour la remercier d’avoir choisi son procédé constructif, la société offre en 1989 à la municipalité une sculpture réalisée par Philippe Thill, « Les Mains », installée devant l’entrée de la piscine en 1995.
Entre 2012 et 2014, le groupement Soja-Octant mène une rénovation pour un budget total de 4 millions d’euros. Cette rénovation prévoit une réfection des systèmes de traitement de l’air et de l’eau, le renouvellement de l’appareillage et des moteurs du toit, ainsi que des améliorations pour l’accueil et le confort des nageurs par l’extension des vestiaires, la création d’un hammam et la rénovation du sauna.
Le concepteur
Jacques Kalisz (1926-2002) est un architecte français d’origine polonaise. Il fait partie de l’AUA entre 1962 et 1972 avant de s’installer à son compte. Le centre administratif de la ville de Pantin (1972) est sans doute sa réalisation la plus célèbre. Tout au long de sa carrière, il construit des programmes variés : logements, bureaux, équipements publics. On peut qualifier son architecture de brutaliste, basée sur une mise en œuvre spectaculaire du béton armé et des structures en acier
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