│ Le contexte
Les verrières de la nef de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors (monument appartenant à l'État et inscrit sur la liste du patrimoine mondial au titre des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle), constituées jusqu’alors de verre clair losangé et en mauvais état de conservation, laissaient pénétrer une lumière crue, en brutal contraste avec le chœur, provoquant une perception fragmentée des volumes ainsi qu'une sensation de « pauvreté » malgré le caractère exceptionnel de ce bâtiment.
│ La commande
En 2007, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) a engagé un programme de création de vitraux contemporains et, en relation avec le clergé affectataire, a lancé une consultation auprès d'artistes et de maîtres-verriers sur la base d’un programme iconographique défini par la commission diocésaine d'art sacré. Parmi les trente-et-un artistes qui ont posé leur candidature, Gérard Collin-Thiébaut, artiste français vivant en Franche-Comté, et le maître-verrier Pierre-Alain Parot, dont l'atelier est installé en Bourgogne, ont été choisis.
│ Le programme
Le projet concerne 90 m2 de vitraux, répartis dans les deux travées de la nef, soit onze baies organisées en quatre groupes représentant chaque Évangéliste : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Trois sont composés de trois baies, le quatrième est composé d'une rosace et d'une baie simple.
│ La réponse de l'artiste
La proposition de Gérard Collin-Thiébaut affirme un parti pris figuratif afin de retrouver le mécanisme primitif de la lecture permettant de renouer avec la fonction pédagogique des vitraux et de communiquer avec le plus grand nombre.
L’originalité de ce projet réside dans les emprunts iconographiques utilisés l'artiste pour répondre au programme. Des images tirées de tableaux, de fresques, de photogrammes et de photographies ont été superposées, juxtaposées sur chacune des baies. Jouant avec le chevauchement des images, les décalages des lignes et les strates de couleurs, ces images, parfois nettes ou pixelisées, appellent à être décryptées par le spectateur.
│ La réalisation des vitraux
La réalisation des vitraux de Cahors a nécessité de longues recherches techniques afin de restituer le projet de l'artiste, le maître-verrier ne pouvant traduire ni avec les outils traditionnels de la peinture sur verre ni en sérigraphie les juxtapositions d'images en transparence et en translucidité sur le verre. Seule la technique de l’imprimerie a permis le résultat attendu : chaque maquette a été agrandie informatiquement à taille réelle puis découpée précisément à la forme et à la taille des panneaux. Les vues informatiques de chaque panneau ont ensuite été décomposées dans les couleurs primaires puis recomposées par une imprimante qui déposait sur le verre les émaux vitrifiables. Cette imprimante très complexe a été mise au point par un industriel pour le projet, et les impressions ont été réalisées dans une unité de Saint-Gobain en Allemagne, près de Munich. Préalablement, un étalonnage des valeurs et des intensités s'est avéré nécessaire pour chaque baie et chaque panneau. Les verres ainsi décorés ont été recuits à 760° C puis refroidis. Un réseau de plombs, défini par l’artiste, souligne les formes ou les plages de couleur. Cette seconde strate est un vitrail traditionnel qui vient se superposer à la feuille de verre préalablement imprimée.
│ Le financement
D'un coût de 580 000 €, ce projet a été financé par l'État avec le concours de la Fondation d'entreprise GDF Suez pour un mécénat de 80 000 €, dans le cadre d'une convention pluriannuelle signée avec le ministère de la Culture et de la Communication.
Inauguration des nouveaux vitraux de la cathédrale de Cahors
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